Hier soir je suis passée à la télé, au "vinvinteur", l'émission chouettement décalée du célèbre Vinvin, blogueur de la première heure et devenu depuis animateur et producteur télé entre autres. Le truc c'est qu'en bonne Bridget du personal branling, je n'ai non seulement pas pensé à prévenir qui que ce soit de ce passage et encore moins à le regarder. C'est bien, je pense que je suis vraiment destinée à la célébrité et toutes ces choses. En réalité ça n'est pas très grave, surtout que c'est déjà disponible en replay. Ma première impression: je m'y déteste, bien sûr, d'autant que si l'image est très belle, le filtre utilisé ne me sied pas au teint (euphémisme). Vinvin, dans sa présentation, dit que je suis paisible, personnellement en m'écoutant je me suis surtout dit que je semble sous tranxène (même mes ongles semblent crier "no future").
En même temps la séquence, appelée "auto-portrait" dure une minute, donc ça va, le supplice de me voir a été de courte durée. Surtout, le personnage central de ce passage télévisé, ce n'est finalement pas moi mais mon bureau-canapé. Il mérite la reconnaissance, le brave. Si vous voulez regarder c'est par ici. Je vous conseille de voir l'émission en entier mais si vraiment vous brûlez de regarder mon canapé, c'est à la minute 20. (je précise qu'en revanche je trouve le format drôlement chouette, j'aime bien l'idée de la voix off et j'adore par exemple la séquence consacrée à Pénélope Bagieu)
Voilà, sinon cette semaine s'annonce chargée et je ne serai peut-être pas très présente, je vous prie de m'en excuser.
A part ça, plus d'une centaine de milliers de gens ont pris la peine ce week-end de sortir de chez eux pour aller manifester contre le mariage gay. C'est vraiment quelque chose qui me dépasse. Pas qu'il y ait des gens contre, je suis bien consciente qu'il y a de vraies poches de résistance un peu partout. Même dans mon bocal bobo parisien, je ne vis pas complètement au pays des bisounours. Mais que ces gens qui pour la plupart j'en suis certaine ne descendraient jamais dans la rue pour défendre, je ne sais pas, les enseignants, le service public, tel ou tel droit les concernant vraiment, passent leur week-end à battre le pavé pour protester contre une loi QUI NE LES CONCERNE PAS, ouais, ça me dépasse.
Je veux dire, que le mariage gay soit autorisé ne signifie pas qu'on va les forcer à épouser contre leur gré leur voisin de palier, si ? ALORS QU'EST CE QUE ÇA PEUT LEUR FAIRE ? (bordel).
Il va sans dire toutefois que tous ces anti "mariage pour tous" le font "sans homophobie".
Ça me fait penser aux commentaires qui commencent parfois ici par un "ne le prends pas mal mais..." (mais tu es vraiment une quiche, mais tu es vendue à la pub, mais tu fais trop puputte dans ton cuir, mais tu fais rien que des fautes de grammaire, etc).
Là c'est un peu pareil: "le prenez pas mal les pédés, hein, mais vous êtes tout de même des dégénérés".
Genre, on défile avec des gens qui ne cachent pas leur appartenance aux tendances les plus intégristes du catholicisme, avec des gars qui n'hésitent pas à comparer homosexualité et zoophilie, mais ON N'EST PAS HOMOPHOBES.
Il se trouve que le sujet me touche d'autant plus que ces derniers jours je prépare donc un article sur la façon dont les grands-parents trouvent leur place auprès des enfants élevés par des couples gays. Et que j'ai du coup l'occasion d'échanger avec des personnes bluffantes. Des grand-pères et des grand-mères qui, du fait de leur âge, de leur éloignement d'un certain milieu bobo parisien, d'une éducation qui ne les a pas préparés à vivre d'autres shémas que ceux considérés comme "acceptables", auraient pu se replier sur eux mêmes et refuser ce rôle de grands-parents atypiques. Et qui au contraire, montent au créneau pour défendre leurs enfants, imposent le silence à leur entourage quand ce dernier n'est pas vraiment gay-friendly, décident que cet enfant, qui n'est pas biologiquement le leur est quand même un membre de leur famille. Je vous assure, j'ai parfois du mal à retenir mes larmes d'émotion à la fin de certaines conversations, parce que d'une certaine manière, ils ont bien plus de mérite que moi, avec mes grandes convictions brandies en étendard, mais qui n'ont jamais été confrontées à la réalité.
La réalité, c'est, comme me l'expliquait ce grand-père hier, la peur de voir sa fille se faire agresser avec sa compagne et leur enfant. La réalité, ce sont des insultes taguées sur la porte de ce couple, justement. La réalité, c'est l'oncle qui demande à table, devant tout le monde, "quand même, tu n'as pas envie de te faire vraiment mettre ?".
Je ne sais pas quelle serait ma réaction si un de mes enfants m'annonçait son homosexualité. Mais j'espère qu'elle serait aussi digne que celle de ces gens. Et j'adorerais qu'il y ait, le week-end prochain, plus de 100 000 personnes dans la rue pour protester contre le fait qu'il y ait tant de personnes dehors à l'approche du froid. Mais je n'y crois pas trop à vrai dire.
Edit: Trois textes à lire absolument. Celui de Christophe Conte qui renvoie l'autre zinzin de Frigide Barjot dans son missel, celui de Virginie Despentes (même si je trouve que son propos flirte avec l'anti-hétéro et que ça nuit un peu au discours mais bon, c'est de bonne guerre), qui répond à ce tromblon de Jospin dont on aimerait bien qu'enfin il se retire DEFINITIVEMENT et enfin celui de ma copine Lily qui donne "son point de vue de femme stérile" sur le sujet. Indispensable.
Edit2: La photo ? Rien à voir, c'est juste que je suis allée dans un bureau de presse la semaine dernière où étaient exposées les collections printemps été 2013 pour adultes et enfants, ainsi que certains objets de déco. Et j'ai adoré ces animaux tricotés. Bien sûr j'ai complètement zappé la marque, dès que je la retrouve je la mets, franchement c'est trop chouette, il y a de gros fruits également, des gâteaux d'anniversaire, etc. Ça m'a fait penser au Delit Mail, toute cette maille (à moins que ce soit du crochet ?). Edit: C'est Anne-Claire Petit, qui fait ces merveilles.