Aujourd'hui, une nouvelle chronique de Marje, que je remercie à nouveau pour ce boulot dont je sais qu'il vous plait, ainsi qu'aux éditeurs qui sont de plus en plus nombreux à lire ces billets. Bientôt ils vont se battre pour y figurer. Bientôt, on va les faire payer (je déconne). Bientôt, on va mettre des liens d'affiliation derrière chaque livre et on se partagera les commissions avec Marje (je déconne) (quoique).
Plus sérieusement, cela fait un an désormais que Marje vient ici avec ses conseils géniaux et je crois que si elle devait s'arrêter j'en serais vraiment triste, tant elle donne un supplément d'âme à ce blog (ça compense mes moodboard et mes histoires de caca) (à ce sujet je vous en reparle très vite, il y a de quoi se gondoler, croyez-moi). Ah et sinon cette semaine j'étais contente parce que j'avais des articles dans le Nouvel Obs, dans le Monde et dans Psycho. Je me la raconte un peu mais comme j'ai l'impression d'avoir débité des papiers comme d'autre des bouteilles de bière, je ne résiste pas à l'envie de venir rapporter mon jouet avec fierté comme le chiot son nonosse à sa maman.
Bonne lecture...
PS: à la toute fin de la chronique vous pouvez télécharger un fichier PDF adapté aux tablettes et un fichier intégral de la chronique bien mieux mis en page que sur le blog. Elle pense à tout. Si elle n'existait pas, bla bla bla.
5h du matin ! Enfin le grand jour … Le cœur battant la chamade, j’enfile ma tenue de combat jean, doc martens, sac à dos. Je réveille les enfants, bib’, bisous, câlins et beaucoup de dépêche-toi plus tard, je suis partie. 45 minutes de trajet en voiture dans une nuit noire et pluvieuse pour présenter mon billet de train au composteur qui n’en a pas voulu d’ailleurs ! 1 heure de TGV bercée par les ronflements de mon voisin de la place 55 auquel j’ai imaginé mille sévices pour le faire dormir en silence. Sincèrement je plains sa femme ! Montparnasse, au petit matin, avec un café à la main. Mon cœur ralentit car je sais que quoi qu’il arrive même si je dois y aller à pied, j’irai ! Je suis heureuse de prendre le métro. Je vérifie soigneusement que j’ai pris la rame dans le bons sens et comme les enfants je compte les stations. Je suis gauche. Je dérange tout le monde avec mon sac à dos et mon incapacité à m’éloigner de la porte. J’ai peur de ne pas avoir assez de temps pour descendre à l’arrêt Robespierre. 10h, le vigile scanne mon pass. J’y suis enfin …
J’ai minuté ma journée à la demi-heure près. J’ai huit heures pour rencontrer François Place, Susie Morgenstern, Mickaël Ollivier, Fred Bernard, Timothée de Fombelle, Philippe Barbeau, Janik Coat, Katy Couprie. Je dois assister à trois conférences. Je compte fouiller les stands d’au moins trente éditeurs, sans oublier l’exposition 28°W … Je vous rassure, je n’ai pas tenu mon programme. J’ai tout oublié. J’ai plié mes plans du salon au fond de ma poche et je me suis laissée porter d’albums en albums, de romans palpitants en ouvrages innovants. Huit heures ne m’ont pas suffi malheureusement … J’ai vu de mes yeux vu François Place, j’ai discuté avec Mickaël Ollivier, j’ai croisé le regard de Timothée de Fombelle, j’ai espionné Christophe Léon, j’ai salué Pauline Alphen que j’apprécie autant que ces ouvrages Les Eveilleurs. Je me suis perdue (comme d’habitude) ! Heureusement, j’ai retrouvé l’une d’entre vous dans cette foule d’anonymes. Catherine, éditrice Epicerie de l’orage. Après une année difficile, ils ont trouvé le courage et le souffle pour continuer à créer et à soutenir leurs auteurs. Leur stand était une myriade d’ouvrages qui me faisait envie. Je vous ai déjà présenté le collège. Catherine m’a offert la Vie de toutes les façons. Vous pouvez lire ici le plaisir que j’ai éprouvé à la lecture de cet ouvrage original et ambitieux. Je suis revenue la tête pleine d’idées et mon sac à dos plein d’ouvrages. Je me suis pesée au retour, mon sac pesait 8 kilos. Dans cette chronique, vous retrouverez quelques uns des titres achetés lors de mon périple. J’en garde en réserve pour les jours tristes et malheureux ! Le Monde des livres propose un numéro spécial Salon de Montreuil : ici ! (Edition papier du 30 novembre 2012). Je vous conseille aussi le hors-série du Nouvel Observateur consacré à la Bibliothèque idéale du 20 décembre 2012. L'article de Boris Cyrulnik sur les Contes de Perrault est vraiment intéressant : ici.
Cette chronique est une chronique anniversaire ! Je souffle avec vous toutes sur plus de 300 livres jeunesse, plus de 240 pages, des centaines de commentaires. Merci Caro de m’inviter chez toi et de me soutenir au long cours. Merci à Catherine, ma correctrice de l’ombre qui s’arrache les cheveux car je fais toujours les mêmes fautes d’orthographe malgré ses conseils.
Pour fêter dignement cet anniversaire, j’ai compilé mes présentations de l'année par âge. Si vous êtes intéressé(e)s par une tranche d’âge, n’hésitez pas à me contacter. Je vous l’enverrai par mail : [email protected]
Au monde – Rascal – 40 p.
Ecole des Loisirs – 2012 – 12.35 €
NAISSANCE/FAMILLE/RESSEMBLANCE
Cet album est à offrir à des futurs parents ou des nouveaux-nés tout chauds. Il rassemble les phrases que l’on entend à la maternité lors de la valse des visites familiales. « Ce bébé ressemble à son papa » ou « Non mais avoue il est de notre côté celui-là … » Ces phrases chuchotées au dessus du berceau sont comme les litanies magiques des marraines d’un autre temps. Elles ancrent le nouveau-né au sein des familles. Elles symbolisent les liens qui se créent avec cet enfant. Au dessus des lois de la génétique, soufflant sur toutes les règles d’évidence, ces ressemblances réelles ou fantasmées rappellent à chacun que cet enfant fait partie d’une famille qui le reconnaît comme sien. La dernière phrase est touchante de sincérité, les parents ont enfin la parole et rappellent à l’enfant qu’il est unique au monde. Chaque double page offre un portrait d’un membre de la famille avec la phrase énoncée par ce dernier lors de sa rencontre avec le bébé. Certaines exclamations sont touchantes et montrent à quel point le terme « famille » est vaste. Heureusement le voisin, lui, ne dit rien ! Les illustrations originales sont travaillées avec des couleurs délicates. Les techniques sont différentes pour chaque portrait : dessin, crayonné, fusain… Cet album épais et cartonné accompagnera les bébés de nombreuses années.
Drôle d’œuf – E.Gravett – 20 p.
Kaléiodoscope – 2008 – 12 €
OISEAU/ŒUF/NAISSANCE/ADOPTION/AMOUR/FILIATION
Aujourd’hui tous les oiseaux ont pondu un œuf … Tous sauf canard ! Quelle hantise pour Canard. Il se sent exclu du groupe des couveurs. Heureusement, il trouve un très bel œuf au bord de la mare : blanc, gros et moucheté de vert. Notre colvert trouve que son œuf est le plus bel œuf de la couvée des oiseaux. Grimpé sur le dessus de son œuf pour le couver, Canard est la risée des piafs de son entourage. Son œuf est vraiment énorme ! Tous les œufs éclosent les uns après les autres et chaque petit rejoint son parent pour un câlin. Malheureusement l’œuf de canard reste irrémédiablement clos ! Mais bientôt un doux bruit de craquement se fait entendre ! J’apprécie beaucoup les albums d’Emily Gravett. Ces livres sont toujours pensés dans leur globalité : le livre est appréhendé aussi comme un objet à explorer. Les illustrations sont soignées et pleines de détails malicieux. Dans Drôle d’œuf, les découpes de pages soulignent les éclosions à répétition et mettent en mouvement les retrouvailles parents-enfants. Le flamant rose déborde littéralement de l’album et laissent à l’enfant toute liberté pour imaginer le reste de cet échassier. L’effet de surprise est très réussi et provoque le rire des petits et des grands. Cet album est une belle revanche sur l’histoire du Vilain petit canard car notre colvert sera un parent reconnu par sa descendance farfelue !
Si vous souhaitez rencontrer un vrai caméléon, n’hésitez pas à lire :
Caméléon bleu – E.Gravett – 24 p.
Kaléidoscope – 2010 – 12.05 €
Chhht ! S.Grindley/P.Utton – 28 p.
Ecole des Loisirs – 1991 – 12.54 €
GEANT/PEUR/INTERACTION/CHATEAU
Attention, si tu ouvres la porte de ce château, tu risques de réveiller le géant endormi. D’ailleurs il a plus une tête d’ogre que de géant celui-là. Pas à pas tu dois traverser le château sans être découvert par les habitants : la souris, le chat, la poule et la femme du géant. Malheureusement je crois qu’il t’a entendu et qu’il se lève derrière toi … Cet album est un récit de pérégrination. Le texte est une suite de recommandations faites à l’enfant qui doit suivre les conseils pour ne pas réveiller le géant. Des fenêtres à ouvrir, des pages à tourner doucement. Le suspens est intense pour les enfants et un peu angoissant à la première lecture. Mais heureusement ils comprennent tout de suite qu’ils gardent le contrôle de la situation en vérifiant les différents personnages. Ils savent qu’en refermant le livre, il quitte immédiatement le château et le géant. Cet album réussit le subtil mélange de la peur et du rire. Les enfants adorent. Dès les pages liminaires, l’aventure commence …Les illustrations sont somptueuses. Les jeux de plongée, contre plongée sont très réussis et captivent les enfants. Sans être numérique, sans être tablette, ce livre est un livre interactif à acquérir sans hésiter dès 4 ans.
Le petit Roro – C.Dreyfuss/B.Chaud – 28 p.
Actes Sud junior – 2012 – 13.80 €
DICTIONNAIRE/IMAGIER/LANGAGE/BEBE/VIE QUOTIDIENNE
Je sais que ce livre ne va pas plaire à certains parents. Il ne m’aurait certainement pas plu il y a quelques années. Comme le dit l’adage « Avant j’avais des principes, maintenant j’ai des enfants », j’ai évolué sur la question du langage chez l’enfant. J’essaie autant que possible de ne pas gagatiser les mots. Malheureusement, mes enfants gagatisent à mort. Mes quatre fils sont passés par un langage primaire à me faire rougir de honte. J’ai eu le droit à tous les bobo, wha-wha, vroum, pinpon et j’en passe … Comme l’explique le pédopsychiatre Patrick Ben Soussan, en préface de ce dictionnaire, les enfants construisent leur premier langage en associant deux syllabes répétitives. Ces mots doubles sont une répétition, un retour éternel du même. Un va et vient lexical qui construit l’enfant. Ces mots symétriques, rassemblés, aux rythmes binaires sont les premières syllabes d’un langage en formation. Il faut savoir les écouter car ils ritualisent la journée de nos petits. Comme toutes les grandes lois de la pédiatrie, trotteur ou pas trotteur, quatre pattes ou marche sur deux pieds, pouce ou tétine, sein ou biberon, cododo ou lits séparés, crèche ou nounou, je n’ai pas eu le choix car malgré mes efforts pour leur parler « droit », ils ont systématiquement parlé bébé. J’ai mis de l’eau dans mon vin, j’ai accepté leurs mots de bébé. PetitPetit, 26 mois, détient la palme du langage bébé et maintenant j’en profite ! Comme le dit MarjolieMaman en terme de parentalité, on ne mérite rien et on n’a rien à réclamer. Ce dictionnaire de bébé est donc un réconfort pour moi. Il égaye ce vocabulaire primaire. Il rend aussi ses lettres de noblesse à ce langage tant décrié. 25 petits mots tout doux, tout ronds à répéter en chœur avec les tout-petits. Pipi, Mamma, Nounou, joujou, dodo, Papa, je me complais désormais à lire avec PetitPetit ce dico-imagier car il apaise mes angoisses maternelles. Ces mots de la vie quotidienne sont illustrés avec des couleurs vives. On reconnait la patte de Benjamin Chaud. Ses illustrations pétillantes et énergiques sont des régals visuels ! Ce livre cartonné est résistant. Il pourra accompagner longtemps vos enfants sur le long et parfois très long chemin de l’acquisition du langage. Dès la naissance.
Sous les étoiles – M.Perrin – 32 p.
Milan jeunesse – 2008 – 10.35 €
NATURE/JEU VISUEL/CERCLE
J’ai découvert Martine Perrin avec Petite main, Petit Pouce. Vous connaissez mon penchant à la « collectionite ». J’ai cherché dans les bacs, dans les rayonnages et j’ai trouvé ce petit album perdu dans les P. Scénographe et architecte, Martine Perrin construit ses albums comme des objets plastiques à part entière. Dans cet album, découpes, juxtaposition, relief, chaque tourne de page permet un enrichissement du récit visuel. Les couleurs sont elles aussi convoquées pour participer à la narration. Organisé en plusieurs thèmes : au gré du vent, sur la colline, haut dans le ciel, à l’horizon, dans le brouillard, au fil de l’eau et sur la Terre, cet ouvrage invite au rêve et à la poésie. De l’infiniment grand à l’infiniment petit, les enfants découvriront toute la richesse de la nature et de la vie. L’omniprésence du cercle souligne sa symbolique, comme un retour à l’origine, une révolution complète pour être et naître à la vie. Cartonné, cet ouvrage est un bel album pour tous les enfants dès 18 mois.
ABC Bestiaire – J.Coat – 58 p.
Autrement jeunesse – 2012 – 13.77 €
ANIMAUX/RECHERCHE VISUELLE/ALPHABET/JEU
Après l’Hippopotame qui scotche les petits à la moquette, je vous propose du même auteur ABC Bestiaire. Vous me direz « Foufff, encore un abécédaire et encore des animaux ! ». Je vous l’accorde. A première vue, cet album peut sembler banal. C’est mal connaître son auteur qui est une magicienne de l’album. Classées dans l’ordre alphabétique, les doubles pages offrent une lettre. Cette dernière a une double fonction. Tout d’abord, cette lettre est l’initiale du prénom d’un animal. Mais cette lettre est aussi la première lettre du nom de l’animal : exemple : Page I, nous découvrons Isidore qui est un iguane. Ce livre révèle aussi tout un jeu d’observation et d’éveil artistique car le décor de ce bestiaire est toujours le même au fil des pages et les animaux s’accumulent sur cette plage au bord d’un étang. Non seulement les animaux s’ajoutent au fur et à mesure mais ils changent de place dans la double page et c’est aux lecteurs de les retrouver ! Il faut donc chercher les animaux déjà présentés en se souvenant de leurs prénoms et de leurs espèces. MoyenMoyen m’a battue à plate couture ! Premièrement je n’ai pas reconnu le wombat, j’ai hurlé dit hamster. J’aurais dû me douter qu’après la lettre V, hamster n’était certainement pas la bonne réponse ! En plus, impossible de retrouver le wombat au fil des pages. Cet album est un marathon visuel et mémoriel. Les animaux s’en donnent à cœur joie pour se cacher (ou se grimper dessus dixit MoyenMoyen ! Je n’ai pas cherché le sens qu’il souhaitait donner à cette expression). Mon fils l’adore. Il l’a conseillé à ses grands frères qui se sont bien amusés aussi. Les illustrations de la faune et de la flore sont merveilleuses. Cette balade au bord de la mare est un délice ! A découvrir dès 4 ans.
Si vous souhaitez lire une vraie critique argumentée : c’est ici !
Ramène ta fraise – S.Frattini – 30 p.
Milan Jeunesse – 2009 – 12 €
RECHERCHE VISUELLE/JEU/ANIMAUX/FAUNE/FLORE
Je crois que les livres de cette collection sont les livres que mes enfants empruntent le plus à la bibliothèque. Ces ouvrages sont des livres à énigmes. Chaque double page offre deux photographies. Elles représentent des détails agrandis (très agrandis parfois) d’animaux, de pelages, de plumes, de légumes, de fruits, de végétaux. Ces clichés sont des flaps à ouvrir pour connaître la réponse exacte. Les photographies sont magnifiques et permettent d’appréhender les merveilles de la nature parfois invisibles à l’œil nu. Le flap ouvert dévoile la réponse et quelques explications sur l’animal, le fruit ou la fleur mis en avant. Ces albums ludiques permettent d’enrichir le vocabulaire des petits tout en aiguisant leur œil. A la maison, pour la lecture de ces livres, il faut suivre le rituel. GrandGrand et PetitPetit sont expulsés du lit car l’un de sait pas encore jouer et l’autre ne sait plus jouer (hic !). Nous sommes donc MoyenMoyen 10 ans, PetitMoyen 6 ans et moi-même assis sur le lit. A chaque tourne de page, il y a un tour de parole : PetitMoyen, MoyenGrand et moi. Je soulève le flap pour révéler la réponse ! Joie, bonheur et bouderie parfois.
Plus de treize titres disponibles dans cette collection.
Dans les jupes de maman – C.Fives/D.de Monfreid – 34 p.
Sarbacane – 2012 – 13.20 €
JUPE/RELATION MERE-ENFANT/ŒDIPE/FAMILLE/LIEN EXCLUSIF
Nous les portons neuf mois en nous. Nous les berçons plus d’un an dans nos bras et ils s’installent des années dans nos jupes. Cet album montre le merveilleux refuge qu’offrent nos jupons. Le jeune héros de cet album rêve de s’installer à demeure entre les jambes de sa mère. Il s’imagine vivre, dormir, manger et jouer tout en restant avec sa maman dont il ne peut se séparer. Il s’enivre de son odeur et de sa présence. Caché, enfoui et protégé, il ne voit pas l’intérêt de quitter sa maman chérie même quand son père embrasse sa femme. Relié par un cordon invisible qu’il n’accepte pas de couper, notre jeune héros invite même son ami Mathias dans son refuge maternel. Pourtant son ami se moque de ce comportement de bébé. Entraînés par un jeu de loup effréné, les deux amis se retrouvent à courir dans le parc. Sorti de la jupe maternante, notre jeune héros a même envie de jouer avec les petites filles du parc. Malheureusement à son retour, sa mère a quitté sa jupe longue et porte un pantalon. L’expression enjouée du héros nous rassure sur sa capacité à grandir et à prendre ses distances vis-à-vis de sa maman adorée. Cet album aborde le thème de la séparation physique et affective de l’enfant avec sa mère. Œdipe mon amour n’est pas loin et notre jeune héros fantasme de ne jamais quitter son objet d’amour : MAMAN. Heureusement que cette maman est maligne et libère son fils de sa cachette en lui offrant l’opportunité de découvrir le monde. Le récit est enlevé et les rêves de notre jeune héros sont bien traduits. Les illustrations sont de véritables petits trésors à découvrir. Album tout en rouge, contrasté, vivant, les enfants inventeront mille situations cocasses à vivre au plus près de leurs mères. MoyenMoyen avait les yeux qui pétillaient en imaginant ce qu’il pourrait encore faire dans mes jupes. Je l’ai senti complètement transporté par ces jupesdoudou. Malheureusement je sais que d’ici peu, d’autres jupes le passionneront ! Merci Alain.
Une fois encore – E.Gravett – 32 p.
Kaléiodoscope – 2011 – 14 €
LECTURE/CAPRICE/REVE/DRAGON/SOMMEIL/OBJET LIVRE
Il est 20h, c’est l’heure d’aller au lit Bébé dragon ! Bébé sort son livre favori pour son rituel du coucher. Bébé dragon adore l’histoire de Cédric, le dragon rouge insomniaque. Une fois son histoire terminée, Bébé dragon réclame encore l’histoire de Cédric l’insomniaque et encore et encore… Maman dragon a sommeil. Elle essaie vainement de raccourcir le texte, de modifier la fin de cette histoire du soir : rien à faire, bébé dragon trépigne ! Il exige son histoire. Il devient aussi rouge que son héros favori. Un vent de colère et de furie emporte Bébé dragon jusqu’à ce que, malencontreusement, il détruise son livre préféré. Le livre est exploité dans sa globalité car la fin est surprenante. Elle dépasse le récit et les illustrations car l’objet livre est intégré dans l’histoire. Les illustrations sont magnifiques et recèlent de nombreux détails à découvrir. De la première page, jusqu’à la quatrième de couverture, l’histoire se poursuit et s’enrichit. Le récit est une mise en abyme parfaitement orchestrée. Le livre de Cédric change au fil des pages et doit s’adapter aux mouvements de Bébé dragon. Nous sommes tous concernés par cette histoire du soir qui parfois a du mal à prendre fin. Il faut souvent négocier, promettre, rassurer que demain, il y aura encore une histoire. L’heure de la séparation est difficile et malgré le rôle de médiateur du livre, les enfants essaient de nous retenir coûte que coûte. Maman Dragon sait de quoi elle parle et ses essais infructueux pour mettre Bébé dragon au lit me rappellent des souvenirs encore tout proches. Emily Gravett nous offre un bel album sur le rituel du coucher qui peut virer au cauchemar. D’ailleurs ce livre est peut-être le rêve ou le cauchemar de la mère et du fils. MoyenMoyen est resté bouche bée à la lecture de cet album. Il a demandé à le relire immédiatement car (grand négociateur l’animal !) il n’était pas sûr d’avoir compris. Tout d’abord lu sur un ouvrage de la bibliothèque, il était au pied du sapin car je suis sûre que l’investissement sera vite amorti. Merveilleux album qui ravira petits lecteurs et grands raconteurs ! Dès 5 ans.
Sur son site, Emily Gravett propose des vidéos montrant son travail d’illustration : ici !
Cromignon – M.Gay – 38 p.
Ecole des Loisirs – 2003 – 12.07 €/5.32 €
PREHISTOIRE/ART/ECRITURE/CHASSE/TRIBU
Au cœur de la préhistoire, Cromignon est un jeune garçon qui souhaite suivre les hommes à la chasse. Malheureusement sa Maman lui interdit de quitter la grotte car elle craint que Cromignon ne se fasse dévorer par les animaux sauvages. Cromignon boude alors son déjeuner : il ne veut pas casser les os pour sucer la moelle. Il préfère souffler dans les os pour s’amuser. Lors de ce jeu, Cromignon découvre qu’il laisse une trace de sa main sur la paroi de la caverne après avoir soufflé dessus ! Cromignon a inventé l’écriture, l’Art et le concept de symbole ! De rocher en rocher, Cromignon teste sa découverte. Seul au milieu de la neige, il rencontre un mammouth. Cromignon est apeuré. Heureusement ses empreintes de main sur les rochers vont lui permettre de regagner la grotte rapidement. Toujours en utilisant ses empreintes, il guidera les chasseurs vers le mammouth afin de nourrir la tribu pendant plusieurs jours. La Maman de Cromignon est fière de son fils qui sera un grand chasseur et sûrement un grand artiste. Cromignon porte bien son nom. Tout d’abord, c’est un enfant de Cro-magnon et il est vraiment très mignon même si on ne voit jamais son visage. Cet album permet d’aborder le thème de la préhistoire avec douceur. Les instantanés de vie de la tribu sont très intéressants et MoyenMoyen a été captivé par les scènes de chasse. Comme dans Pourquoi j’ai mangé mon père, j’ai été séduite par ce jeune garçon en avance sur son temps. Les illustrations sont toujours précises et placent le lecteur au cœur des événements. Les couleurs douces sont envoûtantes. Un bel album pour les enfants dès 5 ans.
Si vous souhaitez passé un bon moment de rire en famille, je vous conseille Quand Papa était petit y’avait des dinosaures. Cet album est un incontournable dans notre maison. Je le lis et le relis avec plaisir !
Quand Papa était petit y’avait des dinosaures – V.Malone/A.Bouchard – 44 p.
Seuil Jeunesse – 2003 – 17.19 €
La chronique radiophonique de cet album par Denis Cheissoux : L’as-tu lu mon p’tit Loup ? sur France Inter.
Ou est mon chapeau ? - M. Sato – 36 p.
La Joie de Lire – 2012 – 14.25 €
CHAPEAU/HERISSON/RECHERCHE/RENCONTRE/EVEIL VISUEL
Certains animaux perdent leurs mamans, d’autres perdent leurs chapeaux ! Lors de sa ballade matinale, notre héros, un jeune hérisson a perdu son chapeau qui s’est envolé avec le vent. Il est inquiet car ce chapeau est important pour lui. Son grand-père le lui a offert lors d’un hiver très rigoureux. Couvre-chef bien utile et objet de beaucoup d’attention, notre erinaceus décide de mener l’enquête. Il interroge les souris, le renard coquin, les singes malicieux, l’ours et même les thons, sardines et poissons-clown. Il fouille les rues, le centre-ville, le ciel, le bord de la mare, la forêt et même son intérieur coquet mais pas de chapeau à l’horizon … enfin presque ! Un bel album de pérégrination comme les enfants les aiment. A chaque rencontre, le chapeau apparaît subtilement dans le décor mais est-ce vraiment le chapeau de notre jeune hérisson ? Les enfants cherchent le chapeau et fouillent chaque paysage. La vivacité d’esprit et la curiosité sont encouragées. Les illustrations en crayonné noir sont de belles pistes d’éveil visuel pour les lecteurs. Plein, vide, transparent, minuscule ou immense, ce chapeau étonne sans cesse. Je comprends que notre jeune hérisson soit débordé ! Dès 4 ans.
La guerre des poux – Marypop/O.Dumas – 26 p.
Scarabéa – 2010 – 12 €
POUX/ECOLE/HYGIENE
Il y a quelques mois, je découvre un pou sur les cheveux de MoyenGrand. Mon sang n’a fait qu’un tour, c’était la guerre ! Pas de drapeau blanc, pas de négociation et surtout pas de quartier. J’ai sorti le plan d’urgence sanitaire. Je shampooine tous les membres de la famille. J’asperge les literies, la voiture, le sac des bonnets et écharpes, les cartables, les manteaux. Je lave des tonnes de draps, serviettes et oreillers. L’odeur de la lotion insecticide devait arriver jusqu’au village. Je pense même que les puces du chat ont dû tomber raides mortes. Mes enfants ont pris peur devant mon comportement. Ils ont cru qu’ils avaient attrapé une maladie grave car j’étais emportée par une folie destructrice. Afin de dédramatiser cet événement, j’ai acheté ce livre pour discuter (et rire) de cette invasion (MoyenGrand avait 3 poux !). Dans cet album au format 36cmx17cm, nous suivons un jeune couple de poux qui cherche une tête à habiter. Que de visites infructueuses ! Mais la douzième fut la bonne. Les voilà installés dans la chevelure d’un bambin qui a plein de copains d’école pour établir toute la marmaillopoux ! Malheureusement ils vont rencontrer des parents combatifs et les héropoux devront trouver de nouvelles têtes à conquérir … Le récit est drôle mais permet de lister toutes les techniques d’éradication. Les illustrations sont savoureuses et on prendrait presque pitié de ces viles bestioles car la personnification est réussie. Un album à avoir dans sa bibliothèque ! Dès 5 ans.
L’enlèvement de la bibliothécaire – M.Mahy/Q.Blake – 54 p.
Gallimard Jeunesse – 2007 – 5.98 €
BIBLIOTHEQUE/LECTURE/CONTE/AMOUR/BANDIT
J’ai un faible pour les récits dont les héroïnes sont des bibliothécaires ! Déformation professionnelle oblige, je collectionne un peu ces romans qui me permettent de rêver la réalité ! Même si je ne crois plus au prince charmant et que Roméo est bien mort dans mon tombeau, ce titre L’enlèvement de la bibliothécaire m’a fait sourire. Madame Hélène Labourdette, ravissante bibliothécaire a été enlevée par des brigands. Emprisonnée au fin fond de la forêt, Hélène se transforme en infirmière car ses kidnappeurs sont contaminés par la rougeole. De captive, la voilà devenue maîtresse des lieux ! Emmitouflés sous leurs couvertures, les bandits s’ennuient mais Madame Labourdette possède un grand trésor : la lecture. Elle tient son auditoire en haleine au fil des albums ! En échange de ses bons services, Madame Labourdette est libérée. Bientôt c’est au cœur de la bibliothèque qu’elle retrouvera ses hommes enfin plutôt son homme … Un roman court, magnifiquement illustré par Quentin Blake, il sera un bon compagnon pour les premières lectures en autonomie. Les péripéties sont nombreuses et les dialogues sont vraiment drôles. Le personnage de la bibliothécaire est vraiment riche et son éthique professionnelle un peu stricte lui rend bien service ! Dès 7 ans.
Si comme moi, vous vous intéressez aux livres et à ses métiers :
un film d’animation merveilleux : là
Grignotin et Mentalo – D.Bournay – 76 p.
Ecole des Loisirs – 2006 – 8.26 €
AMITIE/SOMMEIL/PEUR/COLERE/CONFIANCE/POESIE/ENTRAIDE
Divisé en quatre courtes histoires, ce recueil est un petit délice ! La première histoire, Le Noir, est un récit de peur et d’angoisse nocturne. Grignotin, le lapin, se réveille en plein nuit. Il est terrifié. Heureusement que Mentalo, son voisin et meilleur ami vient répondre à ses cris de détresse. Il aura la bonne idée de créer une nuit magique afin que Grignotin se rendorme rassurée. Dans la Poésie, Grignotin trouve que Mentalo est un grand poète. De vers en vers, il charme son ami par sa verve et son talent. Le jeune lapin décide alors de créer une soirée de la poésie animée par Mentalo pour tous les animaux de la forêt. Malheureusement Mentalo peine à écrire ses vers qui lui viennent si naturellement avec son ami. L’heure de la soirée s’annonce mais Mentalo n’a pas écrit un vers. Heureusement la nuit leur réserve sa plus belle et douce nuit de l’été. Dans le Chapeau, Grignotin et Mentalo se rencontrent dans la forêt mais Grignotin est affublé d’un couvre-chef très original enfin trop original pour lui. Le jeune lapin est en larme. Mentalo l’encourage alors à s’affirmer et à retourner dans le magasin changer ce chapeau pour acheter la casquette de ses rêves. Grignotin s’entraîne à s’exprimer sur un ton sûr et ferme : caillou, barrière, escargot obéissent à ses ordres. Emporté par sa réussite, il ordonne à Mentalo d’aller à la boutique changer son chapeau ! Après une belle dispute, une séance de bouderie et quelques explications, Mentalo et Grignotin seront les plus beaux animaux de la forêt avec leurs nouveaux achats. Dans la dernière histoire, La lune, nos deux amis parcourent la forêt en pleine nuit. Grignotin est un peu jaloux de l’intérêt de Mentalo pour la beauté de la lune si pleine, si ronde. Grignotin est inquiet et il se demande si Mentalo l’aime vraiment ? Mentalo rassure son meilleur ami sur ses sentiments profonds pour lui et les voilà de nouveau en train de gambader dans les bois. Chaque histoire comporte une dizaine de pages. La typographie est travaillée car chaque personnage est représenté par une écriture manuscrite colorée, le récit de narration est tapuscrit en noir. Les illustrations rythment ces récits vifs et savoureux. Grignotin et Mentalo prennent vie au fur et à mesure des hisoires. Les personnages sont savoureux. Sont-ils des enfants, des adultes ? Je pense que Grignotin est un enfant alors que Mentalo semble plus mûr. Leur amitié est très forte. Elle ressemble un peu à une relation de frères ou de cousins : des jeux, des confidences, des affrontements. Ces quatre histoires peuvent être lues par de tout jeunes lecteurs dès le CP mais aussi lues par un adulte à un enfant dès 5 ans. Six autres livres de Grignotin et Mentalo sont disponibles.
Attention, Chien PAS méchant ! F.David/B.Rodriguez – 29 p.
Nathan – 2002 – (occasion)
CHIEN/FAMILLE/HUMOUR
Une famille s’installe à la campagne. Loin du village et sans voisins, les soirées sont angoissantes pour les deux enfants. Afin de les rassurer, leurs parents décident d’adopter un chien. Ce chien sera le gardien de la maison et des nuits de la famille. La recherche est rapide et moins d’une semaine plus tard, ils accueillent SansPeur. Le nom du chien est peut-être un peu prétentieux car SansPeur est un chiot. En attendant de devenir un chien véloce, il mange les chaussures, les selles de vélos. Il éventre aussi les poubelles … Une calamité à quatre pattes. Malgré ses faibles talents de cerbère, il est imbattable en câlin. Malheureusement les semaines passent et SansPeur ne change pas : pas un brin de férocité en lui. A bon entendeur-voleur, salut car maintenant ce sont les enfants qui n’ont peur de rien. Un très court roman à proposer aux tous jeunes lecteurs. Largement illustré, ce livre est un petit plaisir que l’on peut lire à deux dès 5 ans.
La Croûte – C.Moundlic/O.Tallec – 30 p.
Flammarion – 2009 – 9.95 €
MALADIE/MORT/RESILIENCE/RELATION PERE-FILS
Depuis quelques mois, je croise cet album dans les bacs des différentes bibliothèques que je fréquente. Je connais le sujet de ce livre et cela m’effraie, je n’ai pas envie de le lire. Je sais que cet album raconte la vie d’un enfant confronté à la mort de sa mère. Lors de mon dernier passage, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai commencé la lecture assise sur le rebord du bac à albums. Je voulais savoir si j’étais capable de dépasser mes craintes. La première phrase a failli être fatale « Maman est morte ce matin ». On rentre dans le vif du sujet tout de suite, sans tabous et sans atermoiements. A l’annonce de la mort de sa mère malade, notre jeune héros s’énerve, se débat avec le trop plein de tristesse. Il est en colère. Il n’admet pas que sa mère le laisse tout seul. Il trouve son père incompétent car son Papa ne sait pas faire des tartines coupées en deux avec le miel étalé en zigzag. Au bout de quelques jours, ce petit garçon est bien fatigué de devoir s’occuper d’un Papa abandonné comme ça, il trouve que son Papa n’est pas facile comme adulte. Lui au contraire s’occupe en défiant les lois de l’oubli. Il ferme toutes les fenêtres pour empêcher l’odeur de sa maman de partir. Il se bouche les oreilles et ferme la bouche pour conserver la voix de sa mère. Empêtrés dans leurs peines, perdus, désespérés, ce père et ce fils se reconstruisent une vie à deux avec de nouveaux rituels à inventer. Heureusement la visite de sa grand-Mère maternelle va rassurer notre jeune héros et lui rappeler qu’il n’oubliera jamais sa mère. Sans mièvrerie et avec poésie Charlotte Moundlic construit son récit avec un jeune personnage très attachant. Ce jeune héros ne manque pas de caractère. Son expérience du deuil est un beau témoignage de résilience. Ses réflexions, parfois drôles, allègent cette histoire au thème difficile. Les relations père-fils sont touchantes et je ne vous cacherai pas que j’avais les larmes aux yeux en refermant ce livre. Les illustrations sont séduisantes et l’omniprésence de la couleur rouge souligne la colère, le désespoir et l’instinct de survie du héros. Cet ouvrage est un très bel album sur le deuil et sur le lent processus de reconstruction nécessaire lorsque l’on perd un être cher.
La critique de Télérama : zou ! La critique des Libraires sorcières : rezou ! La soupe de l’espace : là.
La Guerre des Mots – T.Dedieu/F.Marais – 32 p.
Sarbacane – 2012 – 15.20 €
MOT/LETTRE/CHIFFRE/GUERRE/RACISME/DISCRIMINATION/HUMOUR
Rien ne va plus dans le monde de la graphie : l’équilibre entre les mots et les chiffres est rompu. Les chiffres sont devenus les maîtres du monde. Ils sont fiers, orgueilleux et complètement envahissants. De la cour d’école à la Bourse, ils sont partout. Les lettres se révoltent. Elles jurent de combattre chaque nombre. Elles rayeront jusqu’aux plus petits chiffres de la planète. C’est la guerre entre les chiffres et les lettres. De A à Z, de 0 à 9, tous sont enrôlés et engagés dans une lutte sans merci. Les hommes sont complètement déboussolés devant cette guerre fraternelle. Que faire, quelle armée choisir ? Heureusement qu’ils décident de réconcilier les troupes en insistant sur l’importance des chiffres mais aussi sur la valeur des mots. Enfin réunis et unis par un traité de paix, les chiffres, les lettres, les hommes et même les notes de musique fêtent la fin de la guerre. Edité en collaboration avec Amnesty International, cet album « souligne l’impasse de relations fondées sur la discrimination et l’importance du respect de mêmes droits pour tous et partout dans le monde ». Abordé sur le thème de l’humour, cette guerre fratricide questionne sur bien des problèmes d’actualité. Les situations cocasses permettent aux enfants et aux plus grands d’appréhender l’absurdité de la haine, du racisme et des jugements catégoriques. Dialogue, conciliation, médiation sont des valeurs portées par les hommes dans ce livre. La typographie, héroïne de cet ouvrage, est utilisée comme support à l’illustration et comme vecteur de sens. Les couleurs sont vives et participent elles aussi à la qualité de cet album. Il sera apprécié par les enfants et par les adultes. MoyenMoyen, 6 ans, l’a réclamé cinq soirs d’affilé. Ce livre est un message d’espoir porté avec finesse et talent. Dès 5 ans.
Le clin d’œil au célèbre tableau romantique de Friedrich est un délice !
Roméo et Juliette – V.de La Rochefoucauld/L.Corvaisier – 45 p.
Didier Jeunesse – 2006 – 22.62 €
ROMEO&JULIETTE/FAMILLE/VERONE/LIVRE-CD
Un livre CD dont j’ai apprécié chaque page et chaque plage ! L’histoire de Roméo et Juliette est une histoire que l’on croit tous connaître mais il est parfois difficile de lire la version originale ! Adaptée aux enfants, cette version reste fidèle à l’œuvre de Shakespeare. Recentrées dans ses actions et simplifiée dans son texte, les thématiques essentielles sont néanmoins présentes : amour, haine, combat, poison et mariage secret. Les illustrations de Laurent Corvaisier sont caractéristiques de son talent. Elles permettent d’approfondir l’histoire et laissent l’enfant imaginer son interprétation. Modernes, ces illustrations sont aussi ancrées dans l’héritage plastique des plus grands peintres comme Marc Chagall. Sous la direction de Myung-Whun Chung, avec l’orchestre philarmonique de Radio France, la musique de Prokofieff est un délice. Le texte raconté par l’auteur est savamment interprété. Notes et mots nous entraînent à Vérone au cœur de la nuit, dans le tombeau de Juliette pour assister au drame de l’amour assassiné. GrandGrand, 11 ans et MoyenGrand ont apprécié même s’ils ont trouvé cette histoire « trop »triste. Je conseille donc ce livre CD aux enfants à partir de 10 ans.
Les aigles de pluie – E.Simard – 42 p.
Syros – 2011 – 2.95 €
ECOLOGIE/MAGIE/AMOUR/ LIBERTE/REBELLION
J’aime les petits romans qui se multiplient en ce moment. Effectivement pour certains enfants, le critère « nombre de pages » reste la première inquiétude. Grâce à des collections récentes comme mini Syros soon, les petits lecteurs peuvent être détendus. 11 cmx17 cm, 42 pages, ce court roman ne peut que les tenter. Ils se laisseront certainement prendre à l’histoire poignante de Tirdyk et Choden. Dans un autre monde, ces deux jeunes gens s’aiment d’un amour pur et intense. Promis à l’union, ils parcourent les steppes de leur planète sauvage en volant. Leur peuple, les Zardakhs, est un peuple libre qui vit en parfaite harmonie avec la nature. Les jeunes amoureux ont la capacité de s’unir en esprit à leur aigle respectif afin de faire tomber la pluie. Malheureusement, leur planète, Aiaé, est envahie par une civilisation dévastatrice qui mettra leur peuple sous le joug de l’esclavage. Tirdyk et Choden seront séparés et privés de leurs aigles. Emprisonnés, exploités, sauront-ils déjouer les pièges de leurs geôliers pour se retrouver et s’aimer librement ? J’aime les romans d’Eric Simard. Je les conseille souvent à mes élèves qui en raffolent. Son écriture est sèche et saccadée. Les émotions sont décrites sans affectation, ni empathie. Les personnages sont toujours poignants et mes élèves s’identifient à ces héros élus et valeureux. Les thèmes sont souvent futuristes mais terriblement inspirés des sujets d’actualité ce qui questionne et enrichit la réflexion des jeunes lecteurs. A conseiller dès 9 ans.
Le Type – P.Barbeau/F.Cinquin – 34 p.
Atelier du Poisson soluble – 2004 – 13.50 €
VIOLENCE/ALTERITE/MATURITE/CONFIANCE/SOLITUDE/AMOUR
Le Type est un album hors norme. Il est difficile à résumer et à commenter. Tout d’abord, ce livre est un journal intime. Présenté comme les pages arrachées du journal intime de Philippe Barbeau, l’auteur, cet album est aussi un recueil d’illustrations variées : collage, dessin, aquarelle, herbier, maquette, montage photograhique … Malgré mes nombreuses lectures, je ne suis pas sûre d’être arrivée au bout de la lecture iconographique. De nombreux clins d’œil graphiques sont à découvrir ! Ecrit à la main, sur du papier quadrillé, le récit est mystérieux. Le narrateur raconte qu’il croise quotidiennement un type qui le dérange car cet étranger ne sait ni sourire, ni rêver, ni aimer. A chaque rencontre, il blesse l’étranger en lui jetant des objets au visage. Il ne supporte pas cet inconnu différent de lui. Au fil des jours, son humeur s’assombrit et lors de sa dernière rencontre avec le « type », il lui jette un rocher gros comme une citrouille mais pour une fois l’inconnu se baisse. Malheureusement une vieille dame reçoit la pierre en pleine figure. Elle vient alors demander des comptes ! Elle aidera notre « héros » à ressentir des émotions, à avoir confiance dans l’autre. Il respectera cette femme différente qui l’enrichira et lui permettra de grandir. En brisant sa solitude, il quittera la toute puissance de l’enfance pour accéder à la maturité. Dans ce compagnonnage affectif, le narrateur comprendra qu’il ne doit pas avoir peur de la différence. Il apprendra aussi à rêver et c’est dans l’amour et le respect de l’autre qu’il deviendra un homme. Le rythme du récit est très pertinent. Les répétitions sont percutantes et amorcent les scènes de violence qui se répètent. La rencontre avec la femme entraîne un revirement du personnage qui enfin se dévoile dans le récit et dans l’illustration. Un album fort qui sera un classique à lire tout au long de sa vie. Dès 10 ans.
Le
Roi des trois orients – F.Place – 46 p.
Rue du Monde – 2006 – 21.66 €
VOYAGE/CIVILISATION/AMOUR/NOMADISME/QUETE
MoyenGrand est abonné à la série Maximax de l’Ecole des Loisirs. Cet album est le premier reçu en classe cette année. Mon cœur s’est emballé lorsque j’ai vu ce livre dans son cartable ! Un ouvrage de François Place que je ne connaissais pas. Vous savez pourtant mon attachement à ce grand et bel auteur Le Secret d’Orbae, les Derniers géants, la Fille des Batailles, la Douane volante, l’Atlas des géographes. J’ai patiemment attendu l’heure du coucher pour savourer ce plaisir seule dans mon lit. Dès la première page, le voyage commence … Nous suivons une caravane qui traverse monts et merveilles afin de rendre hommage au Roi des Trois Orients. Cette caravane est nommée la Grande Ambassade. Elle marche depuis des mois et sûrement des années. Elle traverse de nombreux pays, elle avance inlassablement. A cheval, à pied, en chariot, pas à pas, au gré du vent et des étoiles, la Grande Ambassade ne craint aucunes des difficultés du chemin qui mène au Roi et à sa reconnaissance. Cette caravane rassemble des peuples différents vers un même but. Certains rejoignent la protection de cette caravane pour quelques kilomètres ou pour toute une vie. Des marchands, des lettrés, des musiciens enrichissent cette cité en mouvement. Dans cette multitude, nous rencontrons un joueur de luth qui saura se rendre indispensable à chacun et particulièrement à une charmante princesse, Nuée d’orage. Je n’ai pas encore lu avec exhaustivité les œuvres de François Place mais à ce jour cet album est mon préféré ! J’ai été emportée au sein de cette caravane personnifiée. Mouvante, vivante, multiculturelle, le récit et les illustrations s’étirent tout au long de cette Ambassade. Aussi longue que la Tour de Babel est haute, les ressemblances et les concordances sont pertinentes. L’histoire d’amour des amants que tout sépare est intrépide. Loin des amourettes à l’eau de rose, les femmes de François Place sont fières, libres et souvent surprenantes. J’ai lu plusieurs fois cet album afin de trouver ma place au sein de cette caravane : je cherchais la petite fille qui vient de naître, les petites monnaies de cuivre, les galettes cuisant sur la braise et plus particulièrement le chariot des archives, bibliothèque ambulante : déformation professionnelle. Album dont l’harmonie icono-textuelle atteint la perfection selon moi. Un classique à lire et relire dès 8 ans.
35 kilos d’espoir – A.Gavalda – 110 p.
Bayard jeunesse – 2011 – 5.61 €
DIFFICULTES SCOLAIRES/RELATION GRANDPARENT-ENFANT/COLLEGE/ADAPTATION/INGENIERIE
Grégoire hait l’école. Depuis la petite section. Il essaie, il travaille mais non, l’école le rend malade. Du matin au soir, il se force, il s’efforce malheureusement il ne s’adapte pas au système scolaire. Il ne comprend rien en français, en mathématiques, en histoire et avec le sport c’est encore pire. Il a rencontré des psychologues, des psychiatres, des orthophonistes, des spécialistes. Le diagnostic est unanime : Grégoire n’a aucun trouble. Il dysfonctionne car l’école ne lui apprend rien. Il a besoin de travailler avec ses mains. Il rêve de devenir peintre en bâtiment, maçon, jardinier … Grégoire n’est pas malade, Grégoire va bien, Grégoire n’est pas capricieux : Grégoire est un jeune homme manuel. Il aime sentir les outils sur ses mains abîmées. Construire, monter, inventer, trouver des solutions, faire preuve d’ingéniosité, Grégoire est un jeune homme très intelligent ! Heureusement que son Grand-Père Léon comprend son mode de fonctionnement. Souvent ils s’abritent tout deux dans le cabanon de Léon pour éviter les colères des parents de Grégoire qui n’acceptent pas le comportement scolaire de leur fils unique. Effectivement depuis quelques temps, Grégoire ne fait plus d’effort. Il a compris, il a cessé le combat et baissé les bras. Renvoyé de deux collèges, sa situation se complique. D’autant que son Grand-Père ne le soutient plus, il a son propre combat à mener. Leurs routes vont se séparer et Grégoire va devoir se surpasser pour trouver sa place en ce monde. La plume d’Anna Gavalda est un vrai régal ! Elle a le don particulier de cerner ses personnages qu’ils soient adultes ou adolescents. Les dialogues et les réflexions du héros sont parfois désopilants. Son autocritique sans complaisance est saisissante. Ce roman est très touchant. Tout d’abord les difficultés de Grégoire sont poignantes. Son désespoir et sa colère sont palpables. Les relations avec Léon, son grand-père, sont émouvantes. Sans mièvrerie, sans sentiments faciles, l’auteur nous entraîne dans la tourmente de Grégoire. Les émotions sont intenses, je n’ai pas pleuré mais mon menton tremblait sur les derniers paragraphes …MoyenMoyen et GrandGrand l’ont lu. Les deux ont sincèrement aimé ce roman, je suis bonne pour acheter un deuxième exemplaire ! Dès 10 ans.
Sublutetia, la révolte de Hutan – E.Senabre – 288 p.
Didier jeunesse – 2011 – 13.49 € - Pour GrandMachin
PARIS/CIVILISATION/SINGE/COMBAT/DISPARITION/METRO/STEAMPUNK
Lors d’une sortie au musée, Keren et Nathan se trouvent séparés de leur classe lors du départ de la rame de métro. Restés sur le quai, ils imaginent déjà Mme Valois, leur professeur d’histoire, échevelée qui doit les attendre au projet arrêt. Les autres élèves de la classe vont bien rigoler. Keren prend le problème avec insouciance. Elle vit la situation avec optimisme et profite de ces quelques minutes de liberté pour croquer une barre de chocolat. Quant à Nathan, il est pétrifié. Il déteste le métro. Trois ans que le métro était devenu son ennemi. Ces quelques minutes sont pour lui un vrai supplice. Il est au bord de l’évanouissement. Heureusement que dans la trame qui vient d’arriver, seul un vieil homme lit son journal. Même si Keren et Nathan se connaissent très peu, Keren sent que Nathan est angoissé. Elle essaie d’engager la discussion afin de détendre son camarade. De longs crissements se font entendre, les jeunes gens sont étourdis par tout ce vacarme. Nathan explique à Keren que les crissements sont dus au modèle de la rame une MF 67 dont les roues sont en acier et non en caoutchouc. Keren est stupéfaite des connaissances de Nathan sur ce sujet dont elle ne sait rien comme beaucoup de Parisiens. Le jeune homme lui explique aussi qu’ils auraient dû arriver à la station suivante depuis quelques minutes déjà et que tous les feux de croisement étaient à l’orange. A cet instant, le métro s’arrête à une station inconnue : la station Nerval. Le chauffeur ne délivre aucun message, la station est vide et plongée dans l’obscurité. Nathan et Keren sont inquiets. Ils sursautent lorsqu’ils sentent une main se poser sur leurs épaules. Le passager s’était levé sans bruit. Malgré son ton calme, il leur ordonne de quitter immédiatement le wagon par la fenêtre. Les enfants comprennent que leur vie est en danger. Ils sautent du wagon au moment où des hommes mystérieux s’engouffrent dans la rame. Ils courent, ils courent comme ils n’ont jamais couru. Dans le noir, dans la crasse du métro, parmi les rats … Ils s’enfoncent au cœur d’un Paris souterrain incroyable. Croyez-moi, ils n’ont pas fini de courir !!! Ce roman est un dépaysement total. Ni uchronie, ni dystopie mais complètement fantastique, ce roman est une sorte de Voyage au centre de la Terre, au cœur d’un Paris souterrain. Nathan et Keren sont des personnages vraiment fascinants qui vont découvrir une ville sous la ville. Le lourd secret de Nathan est poignant. La cité de Sublutétia est captivante et m’a fait penser au film la Cité de l’Ombre. La lecture est facile même si je le recommande plutôt à des lecteurs chevronnés. Le deuxième tome vient de sortir. En lisant ce livre, j’ai pensé à GrandMachin et son métro. De nombreux détails et clins d’œil sont réels, si vous souhaitez en savoir plus, n’hésitez pas à consulter ce site : sublutétia.
C’est ma vie [de toute façon] – Epicerie de l’Orage – 48 p.
Epicerie de l’Orage – 2012 – 7.50 €
VIE/PHILOSOPHIE/QUETE/PSYCHOLOGIE/ADOLESCENCE
Conquise par le livre-carnet Le Collège comme GrandGrand, j’ai rencontré Catherine, éditrice et l’une d’entre nous, au Salon du livre jeunesse. Pendant notre conversation, mes yeux et mes mains étaient attirés par les petites merveilles exposées sur son stand. Lors de mon départ, Catherine m’a offert ce livre-carnet. Malgré sa petitesse, cet hybride ne s’est pas perdu dans mon sac à dos. Entouré d’albums immenses, de romans volumineux, ce livre-carnet a embelli mon retour morose en TGV. Non seulement cet ouvrage est un hybride dans sa conception matérielle mi-livre, mi-carnet mais il est aussi composite par sa conception intellectuelle. Il parcourt de nombreuses disciplines comme la philosophie, la psychologie, la biologie, les sciences sociales, l’histoire. La notion de vie est déclinée en neuf chapitres : Définir la vie, fabriquer la vie, commencer la vie, se sentir en vie, donner du sens à la vie, modifier la vie, soigner la vie, arrêter la vie et après la vie. Chaque chapitre propose une double page d’informations sur le thème évoqué suivie d’une double page de notes à personnaliser. Les parties documentaires sont très réussies. Les informations sont claires et précises. Eclairées par plusieurs domaines de la connaissance, ces informations incitent le jeune lecteur à se documenter et à se questionner. Le « connais-toi, toi-même » de Socrate prend tout son sens à la tourne de page. Des questions guident le lecteur dans sa quête de sens et de vérité. Qui suis-je ? Ma vie a-t-elle un sens ? … La typographie et les illustrations sont délicates. Visuellement attrayant et très réussi, je me suis régalée à la lecture de ce livre-carnet. Je me suis interdit d’écrire mes propres réflexions car je l’ai donné à GrandGrand. Il a tout de suite reconnu l’ouvrage comme appartenant à la collection de son livre-carnet collège. Je l’ai vu plusieurs fois avec cet ouvrage à la main, crayon à l’oreille. Lorsque je l’ai interrogé, il m’a dit que certaines questions le touchaient et qu’il avait appris et compris des concepts nouveaux. Il m’a surtout demandé s’il y avait d’autres livres-carnet comme celui-là. Je pense que ce carnet peut devenir un véritable repère pour la longue traversée de l’adolescence. Ce désert ou cette jungle post-enfantine n’est répertorié par aucune carte. Des balises, des ancres sont parfois nécessaires pour que les jeunes gens réalisent qu’ils avancent, qu’ils construisent, qu’ils réussiront même s’ils croient être perdus. Je n’ai jamais écrit de journal intime, je n’écris pas mes maux, ni mes états d’âme mais j’avoue que j’aurais aimé que GrandGrand délaisse ce livre-carnet pour me l’approprier. Dès 10 ans.
Epicerie de l’Orage, ouvrez la porte !
Le Bal – I.Nemirovsky – 89 p.
Hachette – 1930/2005 – 3.55 €
ANNEES FOLLES/ADOLESCENCE/RELATION MERE-FILLE
En 2004, Irène Nemirovsky a remporté le prix Renaudot pour son œuvre posthume Suite française. Cette distinction a relancé l’intérêt autour des romans de cet écrivain des années folles. Cette édition, dont la couverture est un régal (je sais, j’ai 12 ans ½ ) me facilite la tâche en tant que médiateur du livre. Je conseille très souvent ce court roman à mes élèves. Vers 1930, A Paris, Antoinette vient d’avoir 14 ans. Elle vit avec ses parents qui, après de nombreuses années sombres, ont fait fortune. Enfant unique, elle côtoie peu les enfants de son âge. Une jeune anglaise lui sert de gouvernante et de chaperon. Malgré son prénom tintant et léger, Antoinette est une jeune fille taciturne rongée par le manque d’amour de ses parents et plus particulièrement de sa mère. La jeune fille étouffe dans sa vie étriquée. A 14 ans, elle rêve de liberté, d’amour et de sentiments sincères. Sans cesse sa mère la rabroue, la reprend, la corrige et l’insulte. Jalouse de sa fille, Mme Kampf souhaite ternir sa fille aux yeux de tous. Afin de montrer aux bourgeois parisiens son ascension sociale, le couple Kampf organise un grand bal à son domicile. Antoinette est ravie de cette initiative et s’imagine déjà faire son entrée dans le monde. Mais sa mère lui refuse l’accès à cette soirée. Elle devra se coucher avant l’arrivée des invités dans le cagibi afin de laisser sa chambre comme salle à manger. Cette annonce de Mme Kampf brise Antoinette qui décide alors de se venger. Ce roman en huis-clos est saisissant. La détresse d’Antoinette est poignante. Elle souffre, la haine est sa seule compagnie. Les relations mère-fille sont complexes. Le lecteur ne peut choisir son camp et notre complaisance va à Antoinette même si l’auteur rappelle que « sa mère l’avait prise sur ses genoux, contre son cœur, caressée et embrassée. Mais cela Antoinette l’avait oublié. ». Comme tous les grands auteurs, Irène Nemirovsky laisse à chacun l’interprétation qui lui convient car ce récit est inspiré de ses propres relations avec sa mère. Lors de la rédaction du Bal, elle vient de devenir mère. Elle aussi s’imaginait certainement un jour vieillissante, poussée par sa fille devenue jeune femme (situation qu’elle n’a malheureusement pas vécue). Tout le récit est tendu vers ce bal ou l’on sait dès le début qu’un drame va se dérouler. Un drame et un dénouement, fort heureusement. Le style est cinglant. Les passages où le point de vue est interne, sont particulièrement poignants. Généralement, je conseille ce court roman aux jeunes filles dès 13 ans, je pense qu’il peut néanmoins intéresser tous les lecteurs jeunes, garçons, adultes …
Je t’aime, un peu, beaucoup …Col/M.Kerba – 38 p.
Gautier-Languereau – 2003 – 9 € (occasion)
AMOUR/LITTERATURE/AMITIE
Cet album est un recueil d’amour, enfin, de textes d’amour. Tirés de recueil de poésie, de pièces de théâtre, de romans, ces textes forment une compilation pertinente des textes les plus connus sur l’amour. Verlaine, Eluard, Prévert, Colette, Hugo, Apollinaire … Les grands auteurs sont rassemblés autour des magnifiques illustrations de Muriel Kerba pour inciter nos enfants à connaître les textes fondateurs de notre « bagage littéraire amoureux ». Sans ce soucier d’une exhaustivité barbante ou de s’enfermer dans un genre particulier, cet album permet une belle balade main dans la main à l’heure des premiers émois. J’ai apprécié que les thèmes de l’amitié, de l’amour filial soient aussi évoqués. Dès 10 ans.
Ava préfère les fantômes – M.Bernard – 271 p.
Syros – 2012 – 16 €
LIBERTE/DON/MAGIE/FANTOME/PARANORMAL/ENQUETE POLICIERE/VIKING/TRESOR/ILE
Et les fantômes le lui rendent bien ! Ava a le don de voir les spectres depuis sa plus tendre enfance. Dès l’âge de trois ans, Ava a compris qu’elle ne devait pas essayer d’expliquer à ses parents ce qu’elle voyait. Punition après punition, la petite Ava s’est construit une personnalité banale : timide, sage et polie. Polie, très polie, tellement polie que les conversations s’envasent et permettent à Ava de s’effacer, de disparaître aux yeux de ses congénères. Si Ava est une jeune fille effacée, elle est en revanche d’une redoutable intelligence. Elle aspire à la tranquillité de sa pension du Sud de la France. Malheureusement, son pensionnat ferme pendant les congés scolaires. Ses parents en plein divorce ne souhaitent pas s’encombrer de leur fille qui les a toujours embarrassés par ailleurs. Envoyée chez son oncle, sur l’île de Jersey, elle sait qu’elle va être confrontée à des situations imprévisibles. Mais les évènements vont dépasser ses pires craintes. Tout d’abord son oncle organise une grande exposition sur un trésor viking trouvé près du manoir. De nombreuses personnalités du monde culturel et archéologique vont aller et venir dans les longs couloirs de la demeure familiale. Ava devra donc être sociable, souriante et accueillante. Elle qui déteste les relations humaines chaleureuses et spontanées, elle va devoir se surpasser pour se faire oublier. A son arrivée Ava croise le chemin de Billie, une jeune fille charmante qui aurait pu devenir son amie. Malheureusement Ava n’a rencontré que le spectre de Billie car celle-ci vient d’être assassinée sur la plage. Billie attend beaucoup d’Ava qu’elle sait « extraordinaire ». Meurtres après meurtres, fantômes après fantômes, Ava est bousculée par les revenants et les vivants. Heureusement, elle va aussi rencontrer une femme, une vraie, en chair et en os qui saura mettre des mots sur son don qui sonne comme une malédiction pour cette jeune fille sauvage. Ava est consolatrice. Elle a la capacité de libérer les revenants afin qu’ils quittent définitivement le monde des hommes. Fermé aux petites heures du matin, j’ai beaucoup aimé ce roman. Le mélange est parfait : une enquête policière bien menée, des évènements surnaturels savamment dosés, une héroïne forte, adorable et détestable à la fois, une île mystérieuse, une trame historique cousue serrée. Ava est déconcertante dans son analyse des relations humaines, particulièrement ses relations avec les adultes. Courageuse, intelligente, farouchement accrochée à sa liberté d’action et de pensée, Ava est une jeune fille que j’aimerais fréquenter ! J’ai retrouvé un peu d’Agatha Christie dans ce huit-clos à la cluedo. Le talent d’Ava rappelle aussi Cole Sear l’enfant du film le Sixième sens. Un peu angoissant, trépidant, surprenant, ce roman est un cocktail détonnant à piquer à vos enfants sans hésiter ! Dès 11 ans.
Trackers – P.Carman – 302 p.
Bayard jeunesse – 2012 – 14.90 €
INTERNET/BLANCHIMENT D’ARGENT/ENQUETE/WEBCAM/AMITIE
Un peu à la Cathy’s Book, Trackers est un roman « enrichi » par des bonus numériques. Un site internet www.trackers-lelive.fr est disponible afin de voir des vidéos, de résoudre des énigmes qui enrichissent la lecture. J’ai choisi cet ouvrage en pensant à certains mini-lecteurs de mon entourage. Passionnés par les mondes virtuels, les jeux vidéos et internet, je voulais savoir si ce genre d’ouvrage pouvait les attirer dans le monde étrange et un peu effrayant de la lecture … De nos jours, aux Etats-Unis, Adam est un génie de l’informatique. Depuis sa plus jeune enfance, il est connecté à internet, il neutralise les virus, il multiplie sa bande-passante, sa vie est le web 2.0. Accompagné de Lewis, Emily et Finn, ils infiltrent la ville de leurs caméras de surveillance motorisées afin d’aider la police en cas de vols. Un jour, Adam est contacté par une jeune fille qui le met à l’épreuve d’énigmes informatiques. Depuis « son caveau » sur-équipé, Adam se laisse prendre au défi. Malgré son talent il sera confronté à un enjeu interplanétaire dangereux ! Sous forme de rapport de police, on découvre l’histoire à travers le témoignage d’Adam dans un lieu tenu secret. Les actions sont trépidantes et le lecteur doit suivre le rythme d’Adam et ses amis. L’interrogatoire est serré et notre héros doit tout avouer ! Le récit sous la forme d’un rapport de police permet une lecture en très courts chapitres Ce roman geek est survitaminé. Les vidéos disponibles sur internet donnent évidemment vie au récit. Les personnages deviennent des acteurs et les énigmes se dévoilent comme au cinéma. Ces vidéos peuvent faciliter l’entrée en lecture des petits lecteurs. Le clin d’œil d’Adam Henderson avec Monsieur Anderson de Matrix est un bel hommage aux mondes virtuels. Je conseille ce roman pour les passionnés des enjeux et des défis du web ! A partir de 10 ans.
L’apprenti épouvanteur – J.Delaney – 275 p.
Bayard jeunesse – 2005 – 12.83 €
SORCIERE/PEUR/OGRE/RELATION MAITRE-ELEVE/CHANTAGE/COURAGE
Dans un autre monde, à une époque qui ressemblerait à notre Moyen-âge, Thomas Ward a 13 ans. Il doit commencer un apprentissage car la ferme familiale ne peut pas accueillir un autre fils aux commandes. Il est le septième fils d’un septième fils, gaucher de surcroît. Ses parents ont invité l’épouvanteur du Comté afin de lui proposer de prendre Thomas en formation. Thomas n’est pas particulièrement heureux d’embrasser cette carrière. Les épouvanteurs n’ont pas de famille, pas d’amis. Ils sont solitaires. Les gens chuchotent sur leur passage. Tous les villageois craignent ces hommes mystérieux. Pourtant les épouvanteurs sont indispensables à l’équilibre des Comtés. Ils chassent, ils traquent, ils tuent parfois. Les spectres, les sorcières, les gobelins, les ogres tremblent sous les pas. Pour deux guinées par mois, Thomas part sur les chemins à la suite de son maître encapuchonné de noir. Il devra affronter des épreuves terrifiantes. Il rencontrera les pires créatures maléfiques (je ne sais pas si vous connaissez la mère Malkin mais je peux vous dire qu’elle hante mes nuits). Il apprendra à déjouer des pièges diaboliques …Le récit est bien rythmé. Les personnages sont subtils tout en respectant la tradition du roman de formation. Les relations maître-élève sont intéressantes. Thomas est un jeune garçon que nous voyons grandir et devenir un homme. La série de l’Apprenti épouvanteur est une des séries préférées de mon fils et de GrandMachin, il me semble. Ce roman est un peu angoissant et comme le conseille la quatrième de couverture, attention ! Histoire à ne pas lire la nuit …Dès 12 ans pour les lecteurs confirmés.
La sélection du Prince Charmant – A. Lestrade – 61 p.
Editions Sarbacane – 2012 – 6€
FAMILLE/FRATRIE/ACCIDENT/COMA/AMOUR
Avec ce titre et une couverture rose, vous vous doutez bien que ni une, ni deux, ce mini-roman s’est retrouvé dans mon panier. Malgré la ritournelle « Un jour mon Prince viendra », j’ai lu les 61 pages à la tombée de la nuit sans attendre. Gersande, 14 ans, doit affronter une terrible situation familiale. Suite à une chute dans un escalier trop bien ciré, Marguerite, 17 ans, grande sœur de Gersande, est dans le coma. Malgré les soins attentifs du docteur Cernes, Marguerite ne réagit à aucun stimulus. Gersande est terrorisée à l’idée de perdre sa sœur. Lors d’une visite à l’hôpital, Vandrille, 4 ans et dernier de la fratrie, compare sa grande sœur à la Belle au bois dormant. Le sang de Gersande ne fait qu’un tour et elle décide trouver un Prince à sa grande sœur, un prince aux lèvres douces et au cœur tendre qui saura réveiller la belle endormie. Equipée du soutien-gorge de sa sœur et de son maquillage, elle cherche et trouve un prince ! Mais l’amour n’a pas de loi et ne suit pas les règles qu’on lui impose …Ce roman très court est très réussi. Le style est vif. Malgré le thème dramatique, l’humour est présent tout au long du récit et allège l’histoire. Le personnage de Gersande est bien campé et donne du poids à sa folle recherche. La relation unilatérale de l’héroïne et de sa grande sœur est touchante. La poésie d’Arthur Rimbaud a des vertus insoupçonnées !
Maintenant c’est ma vie – M.Rosoff – 254 p.
Livre de poche – 2008 – 5.61 €
GUERRE/AMOUR/COUSIN/FAMILLE/ANOREXIE
Dans notre monde, dans un futur proche mais à une époque incertaine, Daisy, 14 ans, New-Yorkaise est envoyée au vert chez sa tante en Angleterre. Daisy ne supporte plus sa belle-mère et déteste déjà le bébé qui devrait bientôt pointer son nez dans cette famille recomposée. Persuadée que sa Belle-Mère tente de l’empoisonner, Daisy, ne mange plus. Ce refus de s’alimenter est sa guerre, sa révolte et prouve tout le dégout que lui inspire le monde des adultes. A peine arrivée en Angleterre, Daisy tombe sous le charme de sa tante, Penn, de ses cousins Osbert, 17 ans, Isaac et Edmond, jumeaux de 14 ans et Piper, sa cousine de 9 ans. Sa Tante est appelée à l’étranger pour assister à une conférence sur la menace d’une guerre imminente. Habitués à vivre entre eux, les jeunes gens s’organisent pendant l’absence de Tante Penn. Promenade, pêche, baignade et lecture occupent les vacances de la petite tribu. Parmi cette famille d’adoption, elle trouve des repères familiaux, des liens de confiance et d’amour. Daisy s’apaise, se détend et commence à prendre conscience que la vie peut être source de plaisir. D’ailleurs Edmond et Daisy vont tellement se rapprocher que leur lien s’intensifie et les voilà enlacés dans le même lit. Ils sont cousins et ils s’aiment en secret, en silence et tout en désir. Malheureusement la guerre éclate et les jeunes gens se retrouvent livrés à eux-mêmes. Dans leur maison isolée, les jeunes gens ne comprennent pas tout de suite que les vacances sont finies et que la guerre réclame du sang, des larmes, des cris et aussi des séparations : Daisy et Piper sont placés dans une ferme afin d’apporter leur aide aux villageois dans les champs. Les garçons, eux, sont envoyés avec les hommes. Pour Daisy commence alors une longue descente aux enfers. Responsable de sa jeune cousine, Daisy devra dépasser ses peurs, quitter l’enfance et ses caprices afin de devenir une jeune femme sûre d’elle. Le style de Meg Rosoff est particulier, le récit oscille entre le monologue et le journal intime. Très peu de ponctuation, des phrases très longues ou se mêlent des sentiments, des descriptions, des anecdotes, des ellipses, des conversations silencieuses … Les premières pages m’ont déstabilisée, je cherchais le rythme de l’auteur, le chant du récit. Puis très vite, j’ai été happé par l’histoire et par cette guerre qui ravage la vie fragile de Daisy. Les héros, particulièrement Daisy, Edmond et Pipper sont très attachants. Daisy se transforme sous nos yeux, de jeune citadine capricieuse en mère courage pour protéger Pipper. L’amour interdit entre Edmond et Daisy est délicatement décrit sans jugement, sans leçon de morale. Ce roman est à conseiller aux jeunes filles un peu armées car les héros sont plongés en pleine guerre et certaines situations sont rudes. Il m’a rappelé La bicyclette bleue pour l’errance sur les routes, l’amitié forte entre deux jeunes filles que tout oppose. Humm, François Tavernier !
Tout Seul – C.Chabouté – 365 p.
Edition Vents d’Ouest – 2008 – 24.25 €
SOLITUDE/PHARE/HANDICAP/IMAGINATION/DIFFERENCE/PHARE
J’ai longtemps laissé cette bande dessinée prêtée par une amie sur ma PAL (Pile à Lire). Toute cette obscurité sur la couverture me laissait envisager un album sombre. Le titre me semblait une porte ouverte aux pensées les plus funestes. Autant vous dire que j’ai trouvé des prétextes durant de nombreuses semaines avant de trouver le courage de tourner la première page. J’ai tout d’abord lu en pointillé. Je ne voulais pas me laisser emporter dans un récit sinistre. J’ai tourné les premières pages et très vite, j’ai lu, à toute vitesse comme une gloutonne. Puis j’ai relu plusieurs fois par plaisir lentement en détaillant chaque vignette, chaque dessin. Tout en noir et blanc, ce roman graphique est touchant. Les travelling sont une merveille. Les angles de prises de vue sont sidérants et permettent de s’immerger dans l’ambiance particulière de ce récit visuel. Toutes les semaines, le Dalhia, bateau de pêche, accoste au pied d’un phare perdu en mer. La patron ordonne à la nouvelle recrue du bateau de débarquer les deux caisses fermées qu’ils ont embarquées au port. Le jeune homme s’interroge sur la nécessité d’apporter des caisses de vivres aux marches d’un phare automatique. La patron marmonne, rouspète et cherche à éviter les questions. Le jeune homme boude jusqu’à le patron lâche le morceau : Cinquante ans plus tôt, un vieux couple de gardien a donné naissance à un enfant difforme dans ce phare. Après la naissance, ils n’ont jamais sorti leur fils. Personne ne l’a vu, personne ne le connaît. Au village tous le nomme « Tout Seul ». Voyant sa mort approcher, le père a donné toutes ses économies au patron du bateau afin qu’il ravitaille son fils chaque semaine. Depuis 15 ans, il débarque deux caisses de vivres, de médicaments et d’hameçons afin que Tout Seul puisse survivre. Le jeune apprenti se demande ce que cet homme solitaire, coupé de tous liens extérieurs, peut faire de ses journées. « Tout Seul » pêche, un peu, mange, dort et surtout il lit. Il lit le seul et unique livre disponible dans son phare du bout du monde, il lit sans fin et sans relâche un dictionnaire. Le cérémonial est toujours le même, Tout Seul lève bien haut les mains, portant le dictionnaire au dessus de sa tête, il le jette sur la table afin que le hasard décide de la page. Il s’approche yeux fermés et laisse son index pointé un article. Coupé de toute civilisation, de toute culture, ses interprétations des définitions sont farfelues, cocasses, oniriques et étonnantes. Sa collection d’objets pêchés en mer lui constitue un univers imaginaire qu’il utilise afin de mettre en scène les mots offerts par le dictionnaire. Ce monstre est d’une humanité rare et sa solitude est d’autant plus touchante. Mon GrandGrand, l’a lu et relu. Tout comme moi, il a été ému par ce personnage. Ce roman graphique est un album envoûtant que je recommande dès 12 ans.
Le Chaos en marche : tome 1 : La Voix du couteau – P.Ness – 528 p.
Gallimard Jeunesse – 2010 – 8.20 €
COLONISATION/RELATION HOMME-FEMME/ADOLESCENCE/REBELLION/AMOUR/DIFFERENCE/GUERRE
Ce livre a bien failli avoir raison de ma patience ! J’ai passé deux mauvaises soirées avant de goûter l’ivresse de la lecture. Il a fallu que je bataille pour m’adapter au style de l’auteur et à une narration chaotique. Lorsque j’ai intégré l’idée que ce désordre enrichissait et donnait corps au récit alors j’ai apprécié et j’ai même veillé tard pour connaître la fin. Comme tout tome 1 réussi, en fermant le livre, j’ai eu la sensation d’être retenu au bord de la falaise, j’ai eu l’impression de prendre une porte dans le nez et j’ai couru à la librairie acheter le tome 2 car il était inenvisageable que je ne connaisse pas la suite. Il y a des ouvrages qui me mettent en transe, je dois savoir, je dois accompagner le héros dans son combat … Je lis, je vis, je suis ! Dans un futur proche, les hommes ont colonisé certaines planètes car la vie sur Terre, ravagée par les guerres et étouffée par la pollution, devient impossible. Par cargo interplanétaire immense, les hommes colonisent des planètes qu’ils acclimatent à leurs besoins. A Nouveau Monde, la vie est difficile car à l’arrivée des colons, les hommes ont été touchés par un terrible virus, leurs pensées sont audibles. La moindre idée, le plus petit rêve ou la plus ingénieuse des idées sont dispersés au vent. Les colons vivent donc dans un brouhaha incessant qu’ils ne peuvent pas éviter. Nommé le Bruit, ce flux perpétuel, abrutit les habitants et rend les relations humaines très difficiles. Todd, le héros, est un jeune garçon de la deuxième génération de colons. Il deviendra un homme dans quelques jours lorsqu’il soufflera ses 13 bougies. Dernier enfant de PrentissVille, la tension est palpable à l’approche de cet anniversaire. Après Todd, il n’y aura plus d’enfants. D’ailleurs dans ce village étrange, il n’y a plus de femmes non plus. Afin d’occuper ses dernières heures d’enfant, Todd se rend dans un marais isolé afin de se protéger du Bruit. Alerté par son chien qui communique aussi ses pensées, Todd découvre un Sans-Bruit. Mais quel est cet être prostré contre un arbre qui n’émet aucun bruit, aucune émotion. Todd vient de découvrir une femme enfin une jeune femme. Abasourdi par sa découverte, il rejoint sa ferme afin de prévenir ses tuteurs. Mais en traversant le village et malgré ses efforts pour couvrir son Bruit, la rumeur de sa découverte se diffuse et les esprits s’affolent. Armés jusqu’aux dents, excités par la multiplication des pensées, les villageois veulent arrêter Todd pour l’interroger. Ses tuteurs, Ben et Cillian, l’obligent à fuir et à traverser le marais afin de trouver asile ailleurs sur la planète. Todd n’a jamais quitté le village, il court la peur au ventre pour échapper aux hommes enragés. Courir, ne pas s’arrêter, jamais …Au cœur du marais, pourtant, Todd s’arrête car la Sans-Bruit est là et elle a besoin de lui ! Liés par la nécessité de fuir, Todd et Viola sont désormais compagnons de route, compagnons de combat …Comme je l’ai déjà dit, j’ai vraiment beaucoup aimé ce roman. Todd, Viola et Manchee, le chien sont des héros touchants (eh oui même le chien est touchant !). Le rythme est effréné et il faut avoir du souffle pour tenir ce récit haletant. La narration et le style chaotique sont au service de l’histoire et permet au lecteur de littéralement entrer dans le récit. Bien que le thème de l’enfant élu ne soit pas nouveau, il est pourtant évident que ce roman est différent des récits dystopiques. Roman époustouflant, je le conseille aux lecteurs confirmés à partir de 14 ans.
Prix Guardian – 2008 / Booktrust teenage prize – 2008
Rose et Isabel – T.Mathot – 192 p.
Edition Akileos – 2012 – 18.05 €
MAGIE/FEMME/FRATRIE/FAMILLE/GUERRE/LEGENDE
J’ai toujours rêvé d’être une femme guerrière. Belle amazone, cheveux au vent qui ne craint rien, ni personne ! Cette bande dessinée a calmé mes ardeurs et je regarde ma place de femme lambda avec plaisir.
En 1864, en pleine guerre de Sécession, deux sœurs partent retrouver leurs trois frères au front afin de les ramener dans la demeure familiale car leur mère est malade. Originaire d’Irlande, cette famille est un peu particulière car les deux sœurs ont hérité de pouvoirs ancestraux comme le leur a expliqué leur père quand elles étaient petites : « Il y a très longtemps, il y avait une femme … Son nom était Grace O’Malley et elle était irlandaise comme vous. C’était une pirate et elle combattait pour l’Irlande contre les Anglais. (…) Vous avez de nombreux talents, mais vous ne devrez jamais les utiliser pour blesser quiconque … »Elevées dans cette tradition non guerrière, Rose et Isabel ont appris à calmer leurs envies guerrières, leur excellence du combat et leur inclination à la violence. Isabel, jeune femme, calme et réfléchie tempère sa sœur, Rose (une vidéo de la célèbre Rose qui s’oppose, les femmes aux prénoms de fleurs ont souvent un tempérament épineux), jeune femme enflammée, au caractère trempé. Malgré les recommandations de leur père et l’éducation pacifique dont elles ont bénéficié, les deux sœurs sont confrontées à des situations où leur instinct les oblige à répondre aux agressions. La violence monte, la terreur court dans leurs jambes et Rose et Isabel deviennent des femmes ombres qui rendent coup pour coup. Transformés en amazones, elles n’auront de cesse de retrouver leurs frères afin de les sauver de cette guerre terrible qui fauche les hommes du pays. Cet album sombre entraîne le lecteur au cœur de la guerre et de ses horreurs. Les relations entre les deux sœurs sont intenses mais parfois difficiles. Il n’est pas envisageable de fermer cet album avant de savoir si les héroïnes ont réussi à ramener leurs frères. Les dessins en dégradé sépia sont envoûtants et l’organisation graphique est percutante. Le prologue est une présentation des différentes légendes des femmes guerrières dans les civilisations anciennes : les Valkyries, Marguerite d’Antioche, Grace O’Malley …et bien d’autres encore que j’ai apprécié de voir regrouper en ouverture de cette bande dessinée. A partir de 15 ans !
Ouvrages « PourlesGrandes » et pour les Enfants sages !
Muze, magazine trimestriel
Editions Bayard – 14.90 €/n°
Ce périodique est une revue que j’attends chaque trimestre avec impatience ! Malheureusement mes élèves connaissent bien les dates de publication et il est emprunté à peine posé sur son étagère. Dans la nouvelle vague des mook, mi-magazine mi-book, la renaissance de Muze est une réussite. Comme vous pouvez le lire, cette revue est destinée à un public féminin mais pas que … Les dossiers thématiques sont des articles de fond qui peuvent intéresser tous les publics. Les articles culturels sont nombreux. Ils permettent d’éveiller la curiosité des lectrices, de les aider à sortir des sentiers battus. Les bibliographies proposées sont très pertinentes, je les utilise fréquemment pour effectuer des recherches avec mes élèves. Les portraits et les interviews sont remarquables et incitent les jeunes gens à s’interroger, à se documenter, à enrichir leurs connaissances. Le graphisme et la mise en page sont très agréables. La lecture est aisée. Ce magazine offre plus de 150 pages de lecture pour chaque numéro. Les lectrices confirmées pourront l’apprécier dès la 3ème.
Si les mook vous interrogent : Point de vue de Télérama ici.
La Parisienne – I. de La Fressange – 238 p.
Flammarion – 2012 – 23.70 €
Depuis plusieurs mois, j’hésite à vous présenter cet ouvrage shopping, beauté so chic ! Inès de La Fressange est une personnalité ambiguë qui m’oblige parfois à serrer les dents. Je ne suis pas toujours sûre d’habiter la même planète ou d’avoir quoi que ce soit de commun avec elle. Elle est élégante, raffinée, féminine et chic ! Elle est parisienne au fond de son sac, de son lit, en pyjama …Dents serrées, langue de vipère prête à siffler, j’ai parcouru son ouvrage. J’ai feuilleté puis j’ai lu avidement. J’ai appris quelques astuces, j’ai compris (je crois) quelques bases d’associations heureuses de couleurs ou de formes de vêtements. Je rêve d’aller découvrir certaines boutiques avec une carte bleue noire sans limite. Raffinement, délicatesse mais aussi simplicité et confiance en soi sont présentés dans cet ouvrage dressing code. L’auteur insiste sur la nécessité de s’affranchir des codes vestimentaires prêts à l’emploi. Il faut personnaliser et transférer les must-have à sa main, à sa corpulence et à son budget. La première partie de l’ouvrage est consacrée aux conseils, à une liste non exhaustive de basiques sur lesquels construire une garde-robe cohérente, un guide des accessoires, des solutions dress-code d’urgence et enfin un best-of des faux pas à éviter. La deuxième partie de l’ouvrage est consacrée à un carnet d’adresses mode, beauté, décoration, ameublement, sorties culturelles, familiales ou entre copines et particulièrement un Paris avec des Petits. Ce carnet d’adresses recèle de conseils cosmétiques et beauté. Les photographies de Nine (Fille d’Inès de La Fressange) sont magnifiques. Les dessins de l’auteur sont très réussis. L’organisation et le design de ce livre sont harmonieux. La couverture rouge est un plaisir au toucher. La typographie est originale et modernise ce carnet de vie féminine. J’attends l’anniversaire de mes filleules de 15 ans pour le leur offrir. Malgré tout le dédain que j’avais pour cet ouvrage, je pense que si on me l’avait offert jeune femme, j’aurais peut-être mieux assumé ma féminité. Cet ouvrage est décomplexant !
Billet qui a mis fin à mes doutes : SBEP !
Je cuisine poétique – E.Guelpa – 96 p.
Editions Pyramyd – 2011 – 14.10 €
J’ai découvert Griottes grâce à Caroline. Depuis le site de Miss Griottes est épinglé sur mon netvibes. Chacun de ces billets est un délice. Dès la sortie de son premier livre de cuisine, je l’ai commandé pour l’offrir. Une fois reçu et feuilleté, je n’ai pas pu l’emballer, je l’ai donc gardé (et acheté une deuxième fois !). Les recettes sont organisées autour de plusieurs thèmes : un envol d’origami, à l’ombre des jeunes filles en fleurs, du temps de Marie-Antoinette, au Pays des Merveilles et au Fil du temps. Chaque thème est décliné en menu avec mise en bouche, entrée, plat, dessert et goûter. Les recettes sont bien expliquées. Des astuces et des variantes sont proposées selon les saisons ou selon les capacités de la cuisinière. J’ai particulièrement apprécié sa recette de tiramisu. J’adore ce dessert italien et j’avoue que je travaille depuis des années à perfectionner ma recette. Grâce aux conseils et astuces avisés de Griottes, je pense détenir le tiramisu parfait selon mon palais ! Les plats sont originaux sans être difficiles à réaliser. Les photographies sont magnifiques et mon attention est parfois détournée des fourneaux … Les mises en scènes sont somptueuses, les décors sont soignés sans être clinquants ou lourds. De la finesse, de la délicatesse et beaucoup de talent dans ce livre et sur le blog de Griottes. Après je cuisine poétique, Emilie Guelpa a aussi publié Je cuisine au naturel.
Miss Griottes proposent aussi des DIY et des griottines très réussis
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