Pendant des années, l'entrepreneuriat ne m'a pas évoqué grand chose. J'étais tellement terrorisée à l'idée de ne pas avoir un CDI bien sécure que la perspective de mener ma barque me paraissait aussi folle que de me jeter du 10è étage (j'ai le vertige). Et puis, sans crier gare, l'envie finalement d'être seul maitre à bord ou presque a commencé à germer. Je crois que plusieurs éléments déclencheurs ont contribué à cette évolution. La naissance de ma dernière fille, à un moment où je me sentais en manque de maternage et de liberté quant à mes horaires. Des difficultés relationnelles, pour la première fois de ma vie, avec un rédacteur en chef. Et puis ce blog, peut-être surtout ce blog, qui en ouvrant une fenêtre sur une écriture différente et sur des rencontres toutes plus enrichissantes les unes que les autres, m'a fait penser que j'avais les épaules assez solides. Deux ans après cette décision prise un matin gris de janvier, poussée par mon amie MC - au sens propre, elle m'a littéralement propulsée dans le bureau dudit rédacteur en chef - je peux désormais le dire haut et fort: aucun regret. Des moments difficiles, il y en a, évidemment. Des angoisses, la peur de ne plus être sollicitée, la fatigue de n'avoir finalement jamais vraiment de temps mort, l'incapacité psychologique de gérer les temps morts en question lorsque parfois ils surviennent. Il y a aussi de temps en temps cette interrogation: jusqu'à quel âge peut-on vivre ainsi ? Ou celle-ci: et si je me retrouvais seule, pourrais-je assurer l'avenir de mes enfants. Ou enfin, une autre qui a pris tout son sens ces dernières semaines: et si je tombe malade, quel filet de sécurité ? Réponse: aucun.
Mais tout ceci ne fait pas le poids face à ce qui est devenu ma principale richesse: la maitrise de mon temps. Je ne parle pas de "liberté", parce que je crois qu'elle est illusoire. Je n'ai plus un patron, j'en ai dix. Je n'ai pas une deadline, j'en ai quinze. La liberté, non, mais la maitrise de mon temps, oui. Je veux branler les mouches un lundi après-midi et travailler la nuit qui suit ? C'est possible. Un rendez-vous chez le coiffeur à 15h, yes et alors ? Ma fille malade ? J'arrive. Et ainsi de suite.
Ce long préambule pour vous parler d'une initiative qui n'a rien à voir avec mon propre cas - je suis surtout entrepreneuse de moi même ce qui en soi n'est déjà pas si mal, mais pas vraiment créatrice au sens propre du terme.
Cette initiative, c'est "Une idée pour elles", prise par Auféminin et Orange et qui a consisté à soutenir trois créatrices d'entreprises. Sélectionnées parmi une centaine de candidates, ces trois jeunes femmes ont été accompagnées durant plusieurs mois par des professionnelles pour faire murir leur projet, canaliser leurs énergies et enfin se lancer. A l'issue de ce coaching, l'une d'entre elles, Julie, a gagné le premier prix: 10 000 euros, un chouette coup de pouce pour faire grandir son bébé. Son projet ?
- Il s'intitule "My gifts and you". Il s'agit d'une plateforme communautaire qui permet de créer des listes de cadeaux pour toutes les occasions, pour pouvoir offrir et recevoir le bon cadeau à tout moment.
Les deux autres, Nadia et Séverine, ne sont pas en reste et ont reçu quant à elles 5000 euros chacune. Nadia - qui était représentée par son mari, étant souffrante ce soir là - a créé "Wax and dress" une ligne de vêtements en tissu wax, qu'elle fait fabriquer par des femmes au Togo. Séverine est quant à elle à l'origine de Co-Learning, une plateforme qui permet de proposer ou de participer à des ateliers liés aux loisirs (cuisine, décoration, pâtisserie….). J'avoue trouver l'idée géniale, c'est basé sur l'échange de compétences et ça me parle.
(le mari de Nadia, Julie et Séverine)
J'étais là le soir où elles ont reçu leurs prix et j'ai été impressionnée par leur jeunesse, leur assurance et leur confiance. Je veux dire, moi j'ai mis une bonne quinzaine d'années avant de me sentir assez forte. Elles ne sont pour leur part qu'à l'aube de leur vie professionnelle et débordent déjà d'idées et d'optimisme. En ces temps où l'on ne nous parle que de la mort de l'industrie, de l'agonie des entreprises, de plans sociaux en cascade, ces sourires et ces paris sur l'avenir étaient forcément ravigorants. Je ne sais pas de quoi leur avenir sera fait, je ne sais pas si leurs projets seront pérennes. Mais je crois qu'en réalité, là n'est pas la question. Parce que lorsqu'on a goûté à cette ivresse, d'une certaine manière, c'est gagné. Je leur souhaite en tous cas bonne chance, parce qu'elles le méritent...
Je vous laisse avec quelques photos de la soirée - et du buffet, ne perdons pas le nord...
(partenariat Auféminin)
Julie avec Marie Laure Sauty de Chalon, directrice d'Auféminin
(Marie Laure Sauty de Chalon, directrice d'Auféminin et Odile Roujol, directrice de la communication d'Orange)
(la jeune femme la plus graou de la soirée, je me suis demandé si c'était Inna Modja)
(le meilleur truc du buffet, crevettes au sésame et haricots mangetout, à refaire, c'était excellent, je pense que j'en ai mangé 47)
(oeufs de caille, tomate confite et bille de concombre, nickel)