« Faites que je maigrisse, faites que je maigrisse, faites que je maigrisse… ». Tous les soirs, petite, je me répétais cette prière. Je me disais que peut-être, un matin, je me réveillerais délestée de mes kilos. En récitant cette litanie, je prenais mon ventre à deux mains, et je le pétrissais à m’en faire gémir de douleur. Si seulement j’avais pu arracher ce bourrelet, m’amputer de cet amas de chair affreux…. Je m’inventais pour m’endormir une maladie inconnue qui m’aurait fait fondre. Je devenais sylphide et mes problèmes disparaissaient. Tous les garçons me regardaient enfin sans s’esclaffer, mes copines m’enviaient et les séances de gym arrêtaient d’être un enfer. Enfin bref, la vie n’était plus la même.
Mais tous les matins, je me réveillais avec mes bourrelets. Aujourd’hui encore, après des dizaines de régimes et un corps un peu moins haï, mon premier geste le matin est de porter ma main à mon ventre, en espérant secrètement n’y trouver qu’un léger creux.