Voici venu le temps des numéros "spécial maigrir" de nos chers magasines féminins. Enfin, peut-être que je devance un peu, ces numéros spéciaux arrivent en général avec le printemps, puisqu'ils ont pour objectif de nous préparer au grand challenge de l'année, à cette fin en soi de toute femme qui se respecte, l'épreuve du maillot de bain.
Une question taraude la ronde depuis des années: qui parvient à suivre les régimes prescrits dans les Elle, Marie-Claire, Cosmo et autres ?
Plusieurs fois, la ronde a essayé. Mais elle a dû se rendre à l'évidence: pour respecter à la lettre les recettes magiques de ces magasines, il faut arrêter de travailler durant toute la période de diète. Sous prétexte de proposer des mets délicieux à basse calories, nos chers journalistes de la presse féminine rivalisent d'imagination, et convoquent qui un grand chef, qui une nutritionniste à la mode, qui, encore, un expert de la nourriture aryuvédique. Le résultat: des plats nécessitant des temps illimités de préparation et, au final ne ressemblant pas du tout aux photos du journal. En comptant les heures à arpenter les boutiques bio aux quatre coins de Paris (provinciales, désolées, vous partez avec un handicap de taille) pour dénicher les épices et produits rares indispensables, puis celles, interminables, passées au fourneau, la ronde a peu de chance de manger avant la tombée de la nuit. Ce qui constitue peut-être la seule réèlle valeur de ce type de régime: on est tellement occupé à préparer ses repas qu'on n'a pas le temps de les avaler...
Heureusement, ces dernières années, les "Spécial maigrir" pensent aux rondes "actives". A bien y regarder, les recettes ne changent guère. Le bavarois de betterave au coulis de gingembre accompagné de son émincé d'endives au quinoa se retrouve tout bonnement entre deux tranches de pain, et nouvellement baptisé: "petit sandwich de betteraves garni aux endives et assaisonné de graines de quinoa". Car, oui, pour nos magasines féminin adorés, la solution pour les femmes actives est le sandwich. Question de la ronde agacée: Où se trouve cette boulangerie qui vend autre chose que des "parisien", des "thons mayonnaise" ou "camembert-salade" ?
Je ne parle même pas de tous les petits à côtés également recommandés par nos toujours si chères rédactrices de mode: les massages à 105 euros la demi-heure, les crèmes dont le prix équivaut à un aller-retour paris-londres, les séances de mésothérapie, les liposuscions en tout genre, etc. Un mois de salaire n'y suffirait pas.
Bref, à moins d'être riche et inactive, mieux vaut faire l'impasse sur la frénésie des "spécial maigrir" du mois d'avril. Et pourtant, chaque année, la ronde dépense quelques dizaines d'euros dans l'achat de ces magasines. Comme si le fait de les acquérir allait déjà la faire mincir...