Pour repérer une ronde qui drague, il vous suffit de chercher celle qui regarde ses chaussures, planquée dans un coin.
Oui, la ronde a une technique d'approche très particulière. Disons, pour être indulgente, qu'elle en a deux. La première consiste donc à se faire la plus petite possible et à ignorer ostensiblement l'élu de son coeur. Mais attention, elle ne fait pas cela dans un esprit conquérant, genre "plus je vais l'ignorer, plus je vais l'intriguer". Non, le risque pour une ronde serait plutôt que le garçon la regarde... Elle ne conçoit en effet pas du tout pouvoir séduire qui que ce soit. Si le garçon convoité se met à la mater, sûr que ce sera pour se moquer, pense-t-elle.
La ronde a donc passé de longues soirées à rêver qu'un prince pas comme les autres l'inviterait à danser, tout en frémissant d'horreur à l'idée que cela puisse arriver.
La deuxième façon de draguer de la ronde est totalement différente mais tout aussi inefficace. Elle devient amie avec l'être secrètement aimé. Il n'y a pas de meilleure amie pour un garçon qu'une ronde amoureuse de lui. Compréhensive comme aucune autre, elle s'intéresse au moindre de ses faits et gestes tout en prenant garde de n'être jamais envahissante. Elle l'accompagne dans ses pires virées alcoolisées, ne recule devant aucune plaisanterie paillarde. C'est simple, elle devient le pote dont l'homme a toujours rêvé, avec ce petit truc en plus de féminité, bien pratique lorsque le garçon en question a besoin d'une épaule pour pleurer. Parce que ce qu'elle fait de mieux, la ronde amoureuse, c'est consoler son protégé après qu'une autre qu'elle, la folle, l'ait jeté. Oui, la ronde amoureuse est mieux qu'une amie, elle est la mère, la soeur, la femme sans les mauvais côtés. Elle ne se vexe pas, est toujours là. On peut même à l'occasion poser sa tête sur son sein généreux.
Ce que l'homme convoité ne semble pas voir durant cette lune de miel platonique, c'est que sous ce sein généreux un coeur palpite... Bientôt, la ronde n'y tiendra plus, il lui faudra lui avouer, que tout cela, et bien non, ce n'était pas vraiment de l'amitié.
Mais c'est une autre histoire...