Hier soir, lors d'un repas de famille, chacun y allait de son commentaire sur le sport idéal: celui qu'on peut pratiquer tout en menant une vie de femme ou d'homme actif, celui qui en plus d'être efficace est aussi "intéressant" (ah ?...), voire "enrichissant" (re-ahh ?), celui qui est rentable, celui qui marche le mieux sur les ventres ramollos, celui qui détend et rend plus zen ou encore celui qu'on peut pratiquer à plusieurs. La ronde, elle, se taisait, écoutant à moitié, tentant de chasser ce sentiment de culpabilité qui l'étreint dès que le mot "sport" est laché et du même coup, se resservant en loucedé une part de dessert...
"Tu devrais faire du sport". Voilà une phrase à placer au panthéon des réflexions détestées...
Que vous le croyiez ou non, la ronde a - malgré des annés passées à esquiver les cours de sport à l'école - essayé plus d'une fois de s'initier aux joies de l'effort physique. Petit florilège...
Un passage, unique, dans un club de gym l'a convaincue qu'entre ce lieu et elle, un monde s'interposait. Il est déjà difficile de trainer ses kilos et ses complexes dans la vraie vie, mais se retrouver comme un ovni au milieu de tous ces corps huilés et musclés, là, non merci.
Elle a également tenté la danse africaine. Presque convaincant. Au moins, elle était entourée de filles normales, certaines plus pulpeuses que d'autres, des danseuses nées et d'autres un peu plus hésitantes. Il n'en reste pas moins qu'elle était malgré tout plus empotée et plus maladroite que ses camarades de cours. Elle décida d'arrêter après le spectacle de fin d'année donné sur une place parisienne, un soir de fête de la musique. La ronde fut à contretemps tout du long. Si bien qu'à la fin, ses enfants venus pour l'applaudir lui demandèrent "pourquoi elle n'avait pas fait le même spectacle que les autres"...
La ronde a également tenté les cours d'abdo-fessiers, au cours desquels elle comprit qu'elle n'avait PAS d'abdominaux. Elle essaya des semaines durant de les trouver, sans jamais y parvenir. Au chapître également des expériences douloureuses, le vélo, qui lui valu pendant les mois où elle le pratiqua, d'arriver échevelée, essoufflée et cramoisie au bureau, impregnée d'une odeur de transpiration dès 9h du matin. Passons rapidement sur le footing, qui ne lui procura jamais la fameuse jouissance et encore moins l'addiction dont parlent les accros de l'exercice. En revanche les points de côtés insupportables et les crises de tachycardie paniquante furent au rendez-vous.
Bref, c'est dire si hier soir la ronde se trouva fort dépourvue quand à la fin de la conversation, son fils aimé, la chair de sa chair, se tourna vers elle lui demandant innocemment: "et toi maman, c'est quoi ton sport ?"...