Hier, la ronde a décidé de prendre ses gambettes - ou plutôt, depuis que la température est montée au dessus de 28°, ses poteaux - en main et s'est rendue dans un institut de beauté pour un "soin spécial jambes lourdes". Convaincue que cette heure consisterait à se faire masser vigoureusement les cuisses et les mollets à l'aide de gels mentholés, la ronde ne plaçait pas d'espoirs inconsidérés sur un hypothétique bénéfice à long terme. Elle avait malgré tout hâte de goûter aux délices d'un massage professionnel, et de se voir soulagée, même temporairement de cette douleur lancinante de sang qui stagne.
La masseuse enveloppa tout d'abord chacune de ses jambes de cellophane. Ainsi transformée en rouleau de printemps, la ronde fut ensuite comme qui dirait cadenassée dans une sorte de combinaison pneumatique, partant du bas des seins et se terminant au niveau des pieds. Désormais prisonnière, elle regarda avec une inquiétude non-dissimulée l'esthéticienne - manifestement stagiaire - hésiter de longues minutes avant de brancher les différents tuyaux sortant par endroit de la chambre à air géante. Après quelques essais infructueux, la jeune femme pianota finalement sur la console centrale. Un vrombissement étrange fit sursauter la ronde, tétanisée de peur.
- Voilà, je vous laisse, ça dure 3/4 d'heure, vous allez gonfler et dégonfler progressivement.
- Je... je... quoi ?
- Ah vous n'en n'avez jamais fait ? Vous verrez, c'est très bien pour ce que vous avez
Sur ces mots, la garce sortit, un sourire diabolique au lèvres. Le vrombissement se fit plus fort, et la ronde sentit une pression d'abord légère puis de plus en plus soutenue, au niveau des pieds, puis des mollets. Au bout de quelques secondes, le gonflement s'interrompit, les gouttières pneumatiques se vidant de leur air dans un bruit à mi-chemin entre le pet et... le pet.
De nouveau une pression, plus longue, montant plus haut sur la jambe, puis le pet. Et ainsi de suite. Passées les premières minutes de panique et les suivantes de honte suprême - honnêtement, à côté, même la position jambes en l'air écartées chez la gynéco est plus digne - la ronde fut gagnée d'un sentiment de bien-être incroyable. A chaque étreinte, le sang ankylosé de ses jambes semblait repartir d'un flot joyeux dans des veines qu'elles pensait disparues.
3/4 d'heure plus tard, l'esthéticienne réapparut, réveillant la ronde Michelin d'un strident: "et ben dites-donc, vous avez bien gonflé !".
L'arnachement fut enlevé et foi de ronde, les jambes une fois dégagées, semblaient avoir diminué de moitié. "Ben c'est sûr, madame, la machine a drainé toute l'eau de vos cuisses. Maintenant, je ne vous dis pas ce que vous allez pisser !". Un peu hébétée, la ronde ne releva pas cette dernière salve distinguée, et partit d'un pas léger. Oui, léger, absolument. Elle dut effectivement accélérer la cadence au bout de dix minutes, histoire de ne pas vivre une humiliation urbaine de plus et multiplia les pauses pipi le reste de la journée.
Mais elle n'en n'avait cure. Pour la première fois depuis longtemps, elle sentit sous ses doigts les os de son genou et remarqua même le galbe de son mollet. Si bien qu'elle se jura qu'une fois par mois désormais, elle y retournerait...
Pour info cette technique étrange et un peu barbare s'appelle de la "Pressothérapie", est pratiquée dans un bon nombre d'institut de beauté et coute la modique somme de 40 euros la séance. Franchement... c'est top. PS: ce n'est pas moi sur la photo !