Disons donc en vrac, que dans les jours qui ont suivi l'arrêt de la cigarette, j'ai d'abord cru que j'y arriverais sans patch. Jusqu'à ce qu'il me prenne l'envie de fumer un nem. Là j'ai réalisé qu'un peu d'aide ne serait pas superflue.
J'ai par ailleurs bien évidemment retrouvé le goût des choses. Disons même à ce sujet que j'aurais gagné à ne pas le retrouver à ce point. Je veux dire, au point de prendre dix kilos... en dix mois.
Ma peau a en effet retrouvé toute sa jeunesse.
Ses 14 ans plus exactement.
Boutons compris.
Je me suis brouillée avec la moitié de mon entourage, surtout les fumeurs bien sûr auxquels j'ai reproché entre autres de n'avoir aucune volonté, d'être ni plus ni moins des ratés de la vie et de mettre la mienne en danger.
J'ai refusé toute sortie le soir parce que sans clope plus rien ne me semblait avoir d'intérêt.
J'ai cessé de boire du café parce qu'il appelle la cigarette.
J'ai cessé de boire de l'alcool pour les mêmes raisons.
J'ai finalement décidé de reprendre ma consommation d'alcool pour oublier que je ne buvais plus de café. J'ai constaté qu'à partir d'un certain nombre de verres on ne se souvient plus qu'on a envie d'une cigarette.
Je me suis aperçue qu'en raison de mon alcoolisme naissant mon teint était plus brouillé que du temps où je fumais. Les points noirs en prime.
J'ai chopé une allergie aux patchs qui m'a obligée à le changer d'endroit tous les jours pour finir dans des parties de mon corps assez inédites.
J'ai eu un rond rouge sur la fesse droite pendant un mois.
Je suis devenue dépendante aux nicorettes, qui sont pourtant ce qui se fait de plus mauvais sur terre. Plus mauvais que le Smecta. C'est dire.
J'ai finalement décroché des nicorettes, grâce aux tic-tac.
J'ai décroché des tic-tac grâce aux Kiss-cool.
J'ai décroché des kiss-cool avec les ricola "orange-menthe".
J'ai décroché des bonbons à l'aspartam en raison de désordres intestinaux que je ne souhaiterais pas à mon pire ennemi.
J'ai écrit à l'inventeur de l'aspartam pour lui demander pourquoi les Kiss cool font faire des prouts qui sentent aussi mauvais.
J'ai passé des soirées à expliquer à quel point la cigarette ne me manquait pas à des gens qui manifestement s'en fichaient comme d'une guigne.
J'ai appris à attendre cinq minutes pour que l'envie disparaisse.
Aujourd'hui encore il me semble que les cinq minutes ne se sont pas écoulées.
Je me suis réjouie d'être dimanche soir, de ne plus avoir de cigarettes et de ne pas avoir besoin de traverser Paris pour en trouver. J'ai fini par ne plus penser au fait qu'on était dimanche et que je n'avais plus de cigarettes.
Je ne sens plus le tabac.
Je n'ai plus peur d'avoir mauvaise haleine.
J'arrive à être sur la plage, allongée au soleil, une chanson adorée dans les oreilles sans avoir envie d'en griller une.
J'ai enfin compris que je pouvais jouir d'un instant sans allumer une cigarette.
Je me suis mise au chocolat.
J'espère que jamais un médecin ne décrêtera qu'on peut mourir de chocolagisme passif.