Ouais mais pas de bol, je vais quand même vous en parler un peu.
Pourquoi ?
Parce que pendant des années, l'idée même de m'acheter une robe, c'était carrément du domaine du "laisse tomber ça m'ira jamais".
"Robe" ça voulait dire mince. Ou grande. Ou belle.
Et moi, pof, pas de bol, j'étais grosse, petite et moche. Et une garnison de militaires en rut aurait pu me dire le contraire je ne les aurais pas crus. En même temps, ma comparaison est totalement naze parce que des militaires en rut ont à mon avis tendance à ne pas faire les difficiles. Du coup ç'aurait été normal de ne pas les croire. Bref. Vous me comprenez.
Donc tout ça pour dire que mon uniforme, c'était jean et pull large. Pull sur lequel je passais mon temps à tirer. Pour cacher ce ventre que j'aurais voulu m'arracher à mains nues. Sauf que c'est bien connu, plus on tire sur son pull, plus on montre ce qu'on cherche à dissimuler.
Forcément, avec une tenue aussi sexy, autant vous dire que je faisais des ravages. Disons que c'était un peu comme si j'avais écrit "je suis grosse, ne vous approchez pas" sur mon front. Non parce que même une fille à peine ronde, vous lui mettez un gros pull détendu sur un jean informe, elle prend dix kilos.
Et puis, et puis... Plein de choses se sont passées, dans ma tête, et dans ma vie. Attention, je ne me suis pas réveillée un matin en me disant que j'emmerdais mes kilos et la société. ça s'est fait plus progressivement, mais là je vous raconte vraiment ma vie et y'a des limites, après on finit chez Delarue. Et en ce moment, parait qu'il n'est pas des plus fréquentables.
Donc pour résumer, ce qui s'est passé, c'est que je me suis donné petit à petit la permission.
La permission d'être féminine.
Même avec un poids plus élevé que le chiffre après la virgule de ma taille.
Beaucoup plus élevé.
La permission aussi d'être belle. J'ai alors osé les décolletés. Les jupes fendues. Les hauts près du corps. Le blond.
Les talons également. On a pas idée comme les talons ça change une femme. C'est simple, les talons, c'est comme le string, quand on en porte, on se sent torride, d'un coup.
Bon, que les choses soient claires, il me reste un long chemin à faire. Et puis je sais aussi que ça ne sera jamais totalement évident.
Il n'empêche qu'il y a trois jours, j'ai fait un truc dont je rêvais depuis longtemps mais que je n'osais pas. Un truc qui était aussi jusque là du domaine du "laisse tomber, ça va pas m'aller".
Un truc pas non plus super délirant, qui va peut-être même vous sembler bien dérisoire.
J'ai commandé un des vêtements qui sont proposés à la fin du Elle. Une robe noire, en coton, taille empire. Exactement celle que je voulais dans mes rêves. Bien sûr, j'ai pris la taille 4, la plus grande. Persuadée que ce serait trop petit, mais tant pis, pour une fois j'aurais osé.
Hier soir, je l'ai reçue. C'est un amour de robe. Chère, tout de même. Mais après tout, j'ai écrit un livre non ? Alors j'ai le droit, je me suis dit. Le truc dingue ? Je l'ai essayée et elle me va. Comme quoi, hein ?
Quand je dis que c'est un amour de robe, je n'exagère pas. Elle souligne mes seins et du coup, elle tombe sans coller le reste. Surtout, elle n'a pas de bouton à fermer, elle ne m'oblige pas à rentrer mon ventre et il n'y a pas de problème d'ourlet, avec elle.
En somme, elle est beaucoup moins con qu'un pantalon.
Edit: Mon histoire est un peu longue. Mais je voulais juste vous dire: osez les filles. Donnez vous la permission vous aussi. Parce que personne ne le fera pour vous.
Edit (2): Les garçons aussi, osez. La petite robe noire ou tout ce que vous voulez, on s'en fiche. L'essentiel, c'est de se l'autoriser.
Edit (3): La robe est là. Je précise que je n'ai pas d'actions chez Elle boutique. M'enfin, si plein de filles l'achètent, chais pas, madame Elle boutique, un ptit quelque chose, ça serait pas de refus...