Hier, ma mère, au téléphone, après une conversation anodine:
- "Tu te rends compte, cette nuit j'ai rêvé de grand-père. Pour la première fois depuis six ans. Il était sur le chemin de la maison et je lui disais de ne pas s'en aller. Six ans. En six ans, je ne l'avais jamais vu en rêve. Et cette nuit, il était là, c'était lui".
Après ce coup de téléphone, j'ai pensé à lui toute la journée. A ce grand-père qui faisait de tous petits pas et qui prenait toujours beaucoup de précautions pour ne pas tomber.
Mon petit grand-père qui couvrait mes livres à chaque rentrée scolaire. Du coup j'avais toujours, moi la souillon, les livres les plus impeccables de toute l'école. Au carré.
Même qu'aujourd'hui encore quand je regarde les cahiers de mes enfants recouverts n'importe comment par mes soins, j'ai la gorge serrée.
Il n'avait pas droit au sucre parce qu'il était diabétique mais tous les dimanche, il nous apportait une nouvelle barre de chocolat. J'ai compris très tard qu'il en crevait de ne pas pouvoir y goûter et qu'il les mangeait par procuration. Il devait avoir une petite préférence pour les Raiders - Twix pour les moins de 30 ans - et les Nuts. Les Balisto, aussi.
Avec ma grand-mère, ils passaient leur temps à se disputer. Mais pas qu'un peu, hein. Vraiment. Aujourd'hui, elle ne peut s'endormir qu'avec sa photo sous son oreiller.
J'ai demandé à ma mère si ça l'avait rendue malheureuse de rêver de lui.
Je crois qu'elle ne m'a pas vraiment répondu à bien y réfléchir...