La scène se passe un samedi. Il est 19h30 environ. Elle est à la maison avec les enfants, il est parti depuis le matin pour passer la journée avec des copains. Souvent d'ailleurs, c'est l'inverse.
Le téléphone sonne.
- Elle: Allo...
- Lui: C'est moi, ça va ?
- Elle: Oui oui, ça va, t'es où ? Tu arrives bientôt ?
- Lui: Ben en fait je t'appelais pour te demander si ça te dérangeait qu'avant de rentrer, on aille chez Jef boire un coup ?
- Elle: Ah bon ? Mais je croyais que vous veniez tous à la maison pour manger ? Myriam est déjà arrivée et Chloé ne devrait pas tarder.
- Lui: Oui oui, mais après on arrive...
- Elle: Après à quelle heure ? A dix heures du soir, genre ?
- Lui: Mais noooooooon, vers huit heures, quoi.
- Elle: Non, vers huit heures ça m'étonnerait, c'est dans une demi-heure.
- Lui: Bon, tu veux pas, quoi. (A ses copains, sans aucune discretion: "je crois que ça craint en fait")
- Elle: Attends, tu es grand, je ne suis pas ta mère ni ton patron, tu n'as pas besoin de ma permission, vas-y boire tes coups, avec les filles on mangera les lasagnes que je me suis cassé les fesses à faire cet après-midi pendant que les enfants n'en finissaient pas de faire des conneries.
- Lui: Bon, en gros ça te dérange...
- Elle: Et toi en gros tu voudrais non seulement aller boire des pots avec tes potes à huit heures du soir alors qu'on a prévu une bouffe tous ensemble, mais en plus avec ma bénédiction pour avoir la conscience tranquille. Désolée, tu fais ce que que tu veux mais je ne vais pas te dire que ça me fait plaisir non plus. Le beurre, l'argent du beurre et les nichons de la crémière, ça fait beaucoup.
- Lui: Rohhhhh, ça va, t'énerve pas quand même.
- Elle: JE NE M'ENERVE PAS, c'est juste que je te trouve légèrement gonflé et que je sens qu'en plus je vais avoir le mauvais rôle.
- Lui (énervé): Oh, c'est bon, on arrive. Mais bon, t'exagères un peu...
- Elle: Je... je quoi ? J'exagère ? Ah, très bien, puisque j'exagère, voilà. (Elle raccroche.)
Deux minutes plus tard, le téléphone sonne.
- Elle: quoi ?
- Lui (un peu gêné): Ben chais pas, ça a coupé...
- Elle: Ah, non, ça n'a pas coupé.
- Lui (faussement surpris): Ah bon ? Tu m'as raccroché au nez ?
- Elle: A ton avis ?
- Lui: Heu... Bon en tous cas, en fait on arrive, hein. On va pas chez Jef finalement.
- Elle: Tu fais comme tu veux, je m'en fiche.
- Lui: Non, mais bon, je suis désolée, j'ai un peu déconné.
- Elle: Bon, allez, c'est bon.
- Lui: Et toi aussi t'es désolée ?
- Elle: De quoi ?
- Lui: Ben de m'avoir raccroché au nez.
- Elle: Ah, ça ?... Non.
- Lui (amusé): Ah, c'est bien ce que je pensais. J'arrive...
- Elle (radoucie): Non mais bon, vas-y chez Jef, c'est pas grave, tant pis.
- Lui (sautant sur l'occasion): C'est vrai ? T'es sûre ? Parce que bon, si vraiment... Bon, promis, on reste pas longt...
- Elle: Même pas en rêve. Ramène tes fesses.