J'ai également eu, quelque temps après, en quatrième ou troisième, une amie un peu spéciale. Le soir, lorsque nous dormions l'une chez l'autre, nous nous faisions des carresses à l'intérieur des bras, vous savez, là où la peau est fine et presque électrique lorsqu'on l'effleure ? Je me souviens, ça me faisait des frissons. Preuve que ça n'était pas aussi innocent que je tentais de m'en convaincre, lorsqu'un de nos parents entrait dans notre chambre, nous retirions brusquement nos mains et faisions semblant de dormir.
Bon, d'accord, à treize ans, donc, j'étais un peu portée sur les filles. Ou pas. Disons qu'en pleine découverte de mes sens et dans l'absolue impossibilité d'envisager de séduire un garçon - dois-je revenir sur l'apparition subite du jour au lendemain de ma poitrine 95 D et de tous les désagréments lambda de l'adolescente type ? - je me suis naturellement tournée vers mes semblables, qui probablement me rassuraient.
Mais où veut-elle en venir, vous demandez-vous, n'est-ce pas ? Qu'est ce qu'elle nous fait avec son revival lesbien de quand elle avait douze ans ? Après tout, on s'en bat la moule - hu hu hu - de ses préférences sexuelles !
Où je voulais en venir ? Je ne sais plus trop à vrai dire. Si. En fait je voulais en venir au fait qu'en regardant la série "L Word", j'ai découvert que l'amour entre deux femmes ne me faisait en aucun cas horreur. Voire même que c'était assez excitant. Et ces guilis au zizi que me provoquent certains de ces ébats saphiques - surtout quand l'une des deux protagonistes est Shane, androgyne boudeuse et fascinante - me poussent à m'interroger.
Est-ce qu'en reluquant ces femmes - magnifiques au demeurant, on est loin du cliché "camionneuses" qu'on nous vend à loisir, peut-être même un peu trop loin - je me comporte comme un bon vieux mec macho devant un porno mettant en scène des filles ? Est-ce que TOUT le monde est excité par des scènes pareilles parce que TOUT le monde a en soi une part d'homosexualité latente ? Est-ce que je cède à une mode qui je le sais insupporte les "vrais" gays, parce qu'après tout, une inclinaison sexuelle ce n'est pas comme un it bag, on n'en change pas tous les deux mois et surtout on ne s'en sert pas pour se donner un genre ?
Franchement, je n'ai pas la réponse. Je ne sais pas non plus comment je réagirais si j'étais un jour confrontée à ce désir dans la réalité. La seule chose finalement que je sache, c'est que je suis addict à L-Word. Pour ce délicieux émoi mais aussi pour la ligne politique de cette série, pour son esthétisme et surtout parce qu'excitation malsaine ou pas, on finit par oublier très vite que les couples qui se forment et se déchirent au fil des épisodes sont des couples de femmes. A bien y penser d'ailleurs, c'est peut-être pour cela que je n'y suis pas indifférente. Parce que je n'y vois que des corps attirés et attirants. Juste ça.