Aujourd'hui j'ai envie de te raconter mon expérience chez les tous-nus. Chais pas, ça doit être le soleil, la chaleur et tout et tout.
Donc, me demande pas pourquoi mais j'ai envie de te parler du naturisme. Enfin, de mon histoire de naturisme.
Tu veux bien ?
Alors voilà. En gros, quand j'ai rencontré l'homme, quelques mois après, c'était l'été. Et il m'a dit, "tiens, si on rejoignait des copains qui campent dans le sud-ouest ?"
"Ben bien sûr !", que j'ai répondu. De toutes façons, je n'en revenais déjà pas qu'on soit encore à roucouler rapport que je sortais d'une longue période de loose amoureuse ou les mecs ils me disaient "on se rappelle" et qu'une fois qu'ils étaient partis je me rendais compte qu'on ne s'était pas échangés nos numéros, qu'il m'aurait proposé d'aller trecker dans l'Atlas que j'aurais dit oui. Alors que bien sûr aujourd'hui, même pas en rêve que c'est lui qui choisit les vacances, faut pas déconner.
Donc nous voilà partis, en amoureux, sur la route du bonheur.
Et puis à cinquante bornes du camping, l'homme me dit qu'il ne sait plus s'il m'a précisé un truc pas super important, mais au cas où, il préfère me le redire, que là où on va, c'est naturiste. "Ah ben pas de problème", que je réponds, la nature j'adore, moi. Là, l'homme est un peu obligé de m'expliquer que "naturiste" est un faux ami de "nature", vu qu'en vrai ça veut dire nudiste. Et puis ensuite, très vite il ajoute qu'il se demande s'il a pas aussi oublié de me dire que dans la bande de copains y'aura son ex mais qu'on s'en fout puisqu'il m'aime.
Bon ben là, tu imagines bien que je n'ai pas pour ainsi dire sauté de joie, surtout que comme tu peux t'en douter, il avait réellement oublié de m'informer, et sur l'ex et sur le truc avec la nature que t'aimes tellement que tu te mets tout nu pour la célébrer. En plus, je sais pas si tu vois la perversité du mec qui te balance deux bombes en même temps que du coup t'arrives même plus à savoir ce qui te met le plus en rogne. Mais je te rappelle qu'on était en pleine période d'essai de l'amour et que le gars n'avait pas encore été mis au courant que j'étais comme qui dirait du genre à péter les dents de l'ex et à détester l'idée d'aller au supermarché avec le kiri à l'air. Du coup, j'ai ravalé bien au fond de moi tout mon mécontentement et j'ai fait un sourire un peu tordu, en espérant qu'il se mette à flotter histoire qu'au moins le problème du naturisme soit réglé.
On a fini par arriver, et malgré mes prières pour la pluie, il faisait une cagna d'enfer. Dès qu'on a passé les barrières du camping, j'ai vu des fesses et des zizis partout. Tant que j'étais bien à l'abri dans la voiture, je trouvais ça plutôt amusant, voire intriguant. Voire... Et puis j'ai vite arrêter de trouver quoi que ce soit de positif à cette histoire dès l'instant où j'ai vu l'ex. Elle et ses deux mètres de jambes. Détail qu'il avait également oublié de me préciser, l'amnésique.
A ce moment là, je dois t'avouer que je n'étais pas au mieux de ma forme. J'ai bien essayé de me remonter le moral en me disant qu'au moins une chose était sûre, il ne m'avait pas choisie moi en raison de ma ressemblance avec celle qui lui avait brisé le coeur un an auparavant. Genre comme Nicolas avec Carla et Cecilia. Ok en 96 on savait à peine qui était Nicolas. Lequel je te rappelle en était encore à croire en Balladur. N'empêche que tu vois ce que je veux dire. Bon après j'ai réfléchi et il m'est venu à l'esprit que peut-être il m'avait choisie en REACTION. Un peu comme les enfants de soixante-huitards décident de se faire baptiser sur les coups de 13 ans, histoire de coller la honte à leurs vieux et aussi de leur montrer comment ils se sont détachés de leur influence.
Ouais. C'était sûrement ça. Ou pas. Après tout limite ce n'était pas grave. Ce qui l'était en revanche c'était que dans dix minutes il allait falloir enlever ma culotte et me mettre toute nue sur le sable à côté d'Adrianna Karembeu. Et avant ça il allait falloir marcher A POIL sur 200 mètres pour atteindre la plage, sans soutien gorge ni pareo. Tu vois le cauchemar où tu débarques au boulot sans vêtements ? Genre que tu es face à ton patron et que tu réalises que t'es comme un ver alors tu saisis le premier bloc-notes que tu trouves pour cacher ton intimité sauf que le bloc-notes il est transparent ? Tu le visualises ce rêve, que pendant en plus tu es persuadée que c'est la vraie vie et que donc tu es humiliée sur trois générations ?
Ben là c'était la vraie vie. La seule différence avec le cauchemar c'est que le patron c'était l'ex et qu'elle était à poil elle aussi. Ce qui bien sûr était pire.
A suivre...