Il y a des livres qu'on ne devrait jamais acheter. Et qui d'ailleurs ne devraient jamais avoir été écrits.
Le septième épisode des Chroniques de San Fransisco est de ceux-ci.
Pourtant, quand je suis tombée dessus un après-midi à la Fnac, j'ai été prise d'une émotion rarement éprouvée à la vue d'une couverture de bouquin. Quoi ? Michael Tolliver est vivant ? Quoi, il y a un septième épisode ? Mais, d'où je ne suis pas au courant ? Pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Est-ce un hasard ?
Je veux dire, Armisted Maupin a-t-il appris que j'étais à nouveau enceinte, huit ans après, et qu'il me fallait donc mon compte d'aventures à Barbary Lane ?
Oui, non, parce que tout de même, ce qui m'a sauvé de la neurasthénie lors de mes quatre mois allongée les jambes en l'air sur mon canapé il y a huit ans, c'est la lecture des six tomes des Chroniques de San Fransisco. Je les ai dégustés, lus le plus doucement possible, savourés comme on se pourlèche d'avoir encore 5 nounours Cadburry à boulotter alors qu'on vient de finir le premier.
Grace à ces livres, j'ai fini par oublier ce combat contre la montre que je livrais sur mon divan, cette échéance des 32 semaines, cette interdiction absolue d'accoucher avant sous peine de graves complications.
Bref, lorsque j'ai vu ce septième opus, je l'ai pris comme un signe. Michael revenait me tenir compagnie, mais comme cette fois-ci je n'avais pas besoin d'être divertie des mois durant, il passait en coup de vent me donner des nouvelles de Mary-Ann, de Brian et d'Anna Madrigal.
Sauf que.
Sauf que Michael a vieilli. Sauf que Mary-Ann est partie à New-York. Sauf qu'Anna Madrigal sucre les fraises. Sauf que surtout, c'est écrit avec les pieds, à la limite de la niaiserie. Sauf que tout ce qui faisait l'insolence et l'anticonformisme de la série semble s'être dissous dans une opération essentiellement lucrative consistant à tirer sur la corde du succès.
J'ai quand même lu jusqu'à la fin cette dernière partie des aventures de Michael Tolliver. Mais j'en garde un goût d'aspartame, un goût de produit subsitutif, une sorte de nicorette littéraire. Et je crois que j'en veux un peu à Armisted Maupin, de ne pas avoir laissé intact le souvenir de ses héros.
On a souvent envie, à l'issue d'un livre ou film culte, de savoir ce qui va se passer après la phrase de fin, après le "ils furent heureux et bla bla bla". Mais toutes les suites ratées le prouvent, il y a des portes qu'il ne faut pas ouvrir sous peine d'être très très très déçu...
Edit: Anne-So, de Cachemire et Soie avait fait un très joli billet sur le même sujet...