Au cas où tu ne saurais pas, en ce moment, y'a un grand jeu au gouvernement. ça s'appelle "C'est pas moi qu'a sauté Rachida".
J'ai l'air d'en rire, et pourtant, difficile de trouver plus affligeant.
Parce que le teasing actuel consistant à chercher qui est le père du grumeau de Rachida me tape sur le coquillard.
Attends, je t'arrête de suite, moi aussi j'aimerais savoir qui c'est le papa. J'ai même appelé tout de suite ma copine S. qui travaille dans un grand groupe de presse et qui est du genre informée pour qu'elle me mette dans le secret des dieux. Mais je suis du genre à me passionner pour les amours de Victor Newman et Ashley Abott, donc je suis un mauvais exemple. Surtout, j'ai envie de dire, ce n'est pas parce que les gens ont de bas instincts qu'il faut leur donner satisfaction.
En réalité, plus que le fait que tout le monde veuille savoir et que les rumeurs les plus folles circulent sur l'identité du géniteur (genre Arthur, pourquoi pas Steevie aussi ? Ah, non, pas Steevie, en fait, à cause de l'homosexualité, ça ne va pas être possible, mais sinon, pourquoi pas, du moment qu'il passe à la télé ça peut le faire, parce que tu remarqueras quand même que Rachida à priori elle ne couche pas avec un mec lambda, il doit être homme politique, acteur ou grand patron), ce qui me choque tout particulièrement, ce sont les démentis roublards et machistes proclamés sur un ton de potache par certains membres du gouvernement.
Il y a eu Bernard Laporte, qui manifestement s'est cru obligé d'annoncer en marge d'une réunion tout ce qu'il y a de plus officielle que non non non, il ne s'était pas tapé sa collègue. Ok, il ne l'a pas dit comme ça, m'enfin quand un mec assure que c'est pas lui le papa, c'est à peu près ça le message. Non content de sa bonne blague, il en a remis une couche sur Stade 2 entre deux résultats de la champions league.
Et puis ça a été le tour de monsieur Besson, spécialiste es-trahison, qui lui aussi y est allé de son bon mot dans VSD: « Rachida Dati est une amie. L'enquête préliminaire en cours demandée par la Garde des Sceaux devrait m'innocenter très vite ».
Jose Maria Aznar, ancien Premier ministre espagnol lui, a été contraint d'affirmer très sérieusement que ce n'était pas lui, rapport que le bonhomme est un peu marié.
Sans compter Nicolas 1er qui parait-il se vante dans les couloirs de l'Elysée de connaître, lui, le nom du propriétaire du spermatozoïde gagnant.
Alors certes, notre ministre emblématique de la République l'a bien cherché. Parce que je ne sais pas toi mais moi quand une copine me dit que sa vie sentimentale est "compliquée", je comprends qu'elle fait portes ouvertes au niveau de son intimité et que limite il va lui falloir acheter du gel Hydralin pour retaper sa flore qui fait un peu la tronche.
Et puis dans le genre j'orchestre savamment le buzz en mettant des pantalons de grossesse à la sortie du conseil des ministres tout en jouant les ingénues lorsque la question lui était posée, elle a excellé.
Il n'empêche que tout de même, elle est ministre. Garde des sceaux. D'ailleurs, à dire vrai, on s'en tape, de sa profession. C'est une femme. Qui mérite un minimum de respect. Et qui ne devrait pas devenir l'objet des sarcasmes de cinquantenaires pré-prostatiques trop contents de parler par des moyens détournés de leur biroute. Parce qu'au final, crier haut et fort "c'est pas moi", c'est insinuer que ça aurait pu, que "ça" marche encore.
Enfin, là où on est content c'est qu'à priori, au gouvernement, la crise, on connait pas. Et qu'on trouve en tous cas encore pas mal le temps de bien se marrer pendant que les crétins qui s'étaient fait convaincre de placer leurs trois sous à la bourse voient leur hypothétique apport immobilier fondre comme neige au soleil.
Bref, on le savait qu'on touchait le fond. On le savait, que la ministre aimait être sous le feu des projecteurs. Mais là, à côté, Loana et Jean-Edouard, c'était la grande classe.