Bon alors mardi, je suis allée à ma visite médicale de reprise.
La bonne nouvelle: je suis apte.
La mauvaise nouvelle: je suis apte.
A part ça, pour une fois la dame ne m'a pas trouvé de jambe plus courte que l'autre et ça c'est déjà un progrès. Depuis que la médecine scolaire et du travail existe, ce serait intéressant de recenser le nombre de personnes dépistées pour une jambe plus courte que l'autre.
Et d'une année sur l'autre ce n'était pas la même jambe.
Sinon, on m'a contrôlé les yeux mais AVEC mes lunettes, ce qui, tu en conviendras, ne sert à rien.
Je passe sur l'épisode de la balance.
Que ça fait des années que je me jure de refuser de monter dessus et qu'à chaque fois je me dégonfle.
Non sans rire, je trouve ça génial qu'il existe une médecine du travail. Mais à moins de présenter une obésité morbide ou de montrer des signes flagrants d'amaigrissement, à quoi ça leur sert de m'humilier publiquement tous les deux ans ?
Oui, parfaitement, publiquement.
Du moment où il y a une autre personne que moi même lorsque je me pèse, c'est un peu comme si j'étais Johnny au Stade de France.
Mais à poil sur une balance.
Avec 30 kilos de trop.
Même que j'avais sèché les trois dernières visites pour cette raison. Pour ne pas avoir à passer l'épreuve ultime. Et qu'à l'école, quand y'avait le médecin scolaire qui arrivait, j'en avais des suées toute la journée. D'ailleurs ça loupait jamais, sur le papier qu'il me rendait c'était écrit en gros: SURPOIDS.
J'aurais dû m'habituer. Et bien non, année après année, j'allais chouiner dans les toilettes avec mon papier rose. Pourquoi moi j'avais pas juste une jambe plus courte que l'autre, hein ?
Bon, en même temps, mardi, ça été un electrochoc, je peux te dire.
A croire que cette balance là n'était pas au courant que j'avais accouché.
Truie.
Après, le docteur m'a palpé le ventre et m'a annoncé que ma "petite sangle abdominale", il allait falloir la re-muscler.
Qué "re" ? Que je lui ai répondu.
Enfin, j'y ai fait deux trois exercices de souplesse, à la dame.
C'est à ce moment là que c'est arrivé. Au moment où il a fallu que je m'accroupisse, puis que je me relève avec la seule force de mes jambes.
J'ai piqué du nez.
Tout ça en culotte et soutien gorge.
Cul par dessus tête.
Décédée de honte.
A cet instant précis j'ai compris. J'ai compris que toute ma vie les visites médicales seraient de longs moments de solitude.
A moins de parvenir à en rire.
Mais sur le moment, comment te dire ?
Tu vois, quoi.
Edit: Je crois que je vais rappeler un nutritionniste.
Edit2: Je sais, j'ai toujours dit que non, que c'était fini.
Edit3: Mais la vie n'est qu'une succession de renoncements.
Edit4: "Dans la peau d'une grosse" reprend tous les lundi à 20h au Lie. Pour réserver c'est ICI