Ce n'est pas un scoop, je suis une très mauvaise élève de la beauté. Pas uniquement parce que mère nature a été quelque peu facétieuse avec moi - truie sa race - mais surtout je crois parce que tout ça m'ennuie prodigieusement.
Attendez, j'ai bien sûr dans mon placard des tubes - entiers - de crèmes amincissantes, des boîtiers - intacts - de poudre transparente censée unifier mon teint, des tripotées de pinceaux pour les yeux refourgués par moultes vendeurs et vendeuses de Séphora an co (ma cancritude en beauté fait de moi une cible idéale) et ça va sans dire, une colonie de top-coat, durcisseurs d'ongles ou autre émolients qui n'ont qu'un effet chez moi: rendre la pose de vernis encore plus ardue.
Le pire, c'est qu'à chaque achat de la sorte, je
suis pleine d'espoir. Je suis sincèrement convaincue que je vais vraiment
l'appliquer, cette crème miracle anti-rides. J'ai même hâte d'être déjà le soir pour commencer le rituel. Et puis le temps
passant - deux jours -, ça me passe. S'il y avait un bulletin scolaire de la
beauté, il y serait mentionné: « manque de constance dans
l'effort ». Voire « vis sur des acquis pourtant
fragiles ».
Bref, je suis une cancre de la beauty. Ce n'est pas que je méprise les make-up geek et cie, j'aurais plutôt un genre de fascination pour elles, un peu comme je vénère les filles capables d'avoir chaque jour de la semaine des dessous coordonnés quand moi le jour où culotte et soutif sont de la même famille, c'est champagne. Mais voilà, même en période de vacances, alors que je pourrais avoir un peu plus de temps, je suis infichue de me passer un après-soleil plus de deux jours ou d'utiliser le spray pourtant payé 2997 euros minimum mais qui pour ce prix là te promet des cheveux avec de la douceur et de la brillance, de la racine aux pointes.
D'ailleurs cette année, je ne l'ai
même pas acheté le machin. Pas plus que l'après-soleil.
Et je ne m'en suis pas portée plus mal, merci. Enfin, là tout de suite j'ai un très net lien de parenté avec Loana. Mais si, tu sais, Miette.
Quoi qu'il en soit, j'ai fini par accepter ce trait de caractère, j'assume désormais le fait de toujours préférer passer un quart d'heure de temps libre à lire/mater une série/surfer/bloguer/appeler une copine. Et je n'en tire aucune fierté, je peux sans scrupules gober un épisode des feux de l'amour, donc qu'on ne se méprenne pas, ce n'est pas du snobisme à deux balles. Le fait est que je compte sur les doigts d'une main - pas manucurée - les après-midi passées à me gommer le corps, m'épiler les sourcils ou râper ma corne des pieds.
Résultat tu me diras, elle a un panari la fille.
Ouais. Et à cause de quoi ? A cause que j'ai voulu couper mon ongle du gros pouce. ça m'apprendra à m'occuper de mon corps.
Pourtant, pourtant, pourtant, dans ce désert de féminitude, il y a une lueur d'espoir.
Parce que quinze jours par an, je me prends au jeu. Je veux parler de ces moments l'été, après la douche du retour de plage, où chacun se fait beau pour la soirée. L'odeur du déodorant même bon marché de mon homme, celui des shampoings au monoï achetés à la hâte dans les boutiques des stations balnéaires pour cause d'oubli de la trousse de toilette à Paris, le parfum de l'huile prodigieuse or de Nuxe, cuvée 2003, seul indispensable de mon été (ok, là je l'ai AUSSI oubliée mais quand même), toutes ces essences annoncent pour moi la fraicheur du crépuscule, l'apéritif, la cigarette grillée sur la terrasse en attendant la merguez et sont indissociables des vacances. En cas de sortie, moi la carmélite du maquillage, je n'hésite pas à me coller des paquets de far indigo sur mes paupières et du rouge bien rouge sur ma bouche comme un gigantesque pied de nez au bon goût selon lequel entre les lèvres et les yeux il faudrait choisir. Et on ne parle pas de la Terracota appliquée généreusement alors que plus after the tendance, y'a pas, en dehors du nioude, point de salut pour les professionnelles de l'esthétique, je vous le rappelle.
Oui, il y a de l'espoir, puisqu'ue poignée de soirs dans l'année, je deviens une cagole, robe portefeuille qui s'ouvre sans vergogne sur un soutien-gorge qui ne demande qu'à participer aux conversations et talons si affinités. Toujours aussi mauvaise élève de la beauté, toujours de celles qui pas même passé le panneau de Montélimar ont déjà du sable dans les fesses, les jambes en croco et le cheveu paillasson. Mais femme quand même après tout, non ?
Edit: Bonne rentrée à tous et toutes, je suis personnellement revenue - contre ma volonté - de Corse mais encore un peu en congés, on va dire que je fais une reprise en douceur...