Pour, peut-être, en finir avec tout ça.
"Tout ça" ?
Les régimes, pour résumer.
Parce que de ce côté là, j'ai tout vu. Ou pas grand chose à vrai dire. Des dizaines de kilos perdus au fil des années, remplacés par d'autres dizaines de gagnés. Avec au bout du compte, un solde positif sur la balance, négatif bien sûr en ce qui concerne l'objectif recherché.
Quand je dis que j'ai tout vu, je pense qu'à part l'anneau gastrique, tout y est passé, du coupe faim interdit par la suite, au régime fromage blanc, en passant par les diètes protéinées, les cures d'ananas ou les boissons drainantes qui te font pisser rouge, certes, mais pas gras pour autant.
Depuis l'âge de 15 ans, j'ai rencontré toute une palette de nutritionnistes, du charlatan ayant pignon sur rue et maisons secondaires financées à grand coup de commissions sur les sachets de poudre de pancake à la banane, à la rombière aigrie et castratrice mesurant toutes les semaines mes jambes "gorgées de flotte" d'un air sadique. Il y a eu aussi celle qui m'annonça grinçante - alors que je ne lui en demandais pas tant - que pour la carrière de top model c'était fichu et le non moins délicat quinqua qui me rappela qu'à Auschwitz il n'y avait pas de gros.
J'ai par ailleurs expérimenté diverses balances, certaines ressemblant à des pèse-bestiaux, d'autres tellement perfectionnées qu'elles te livrent bien sûr ton poids - majoré d'un ou deux kilos systématiquement - mais aussi ton pourcentage de matière grasse. Information que j'aurais personnellement préféré ignorer jusqu'à la fin de mes jours.
Bref, si à chaque fois que j'ai été suivie par ces docteurs du capiton j'ai en effet maigri, aucun ne m'a permis de passer avec succès l'épreuve de la fameuse période de STABILISATION.
Ces dernières années, le blog aidant, la maternité aussi, sans oublier l'amour et le regard de mon homme, j'ai pensé que j'avais atteint la sagesse, celle qui me permettait d'accepter ce poids de forme après tout pas si catastrophique.
Seulement voilà, le fameux poids de forme aurait tendance à prendre des libertés. Voire à fluctuer. Lui, la crise, il connait pas.
Et en regardant une série de photos prises de moi sur la plage en maillot de bain par mon piètre photographe de mari, j'ai vu une femme qui me ressemblait vaguement.
Une femme que j'aurais regardé avec la satisfaction de ne pas lui ressembler, si je n'avais dû me rendre à l'évidence. C'était bien moi.
C'est je crois ce qu'il y a de plus difficile, finalement, quand on est grosse. A l'intérieur, on ne l'est pas plus que nos copines taille 38. On sait bien, qu'on ferme difficilement nos jeans. On sent, ce poids, quand on grimpe une côte.
Mais on ne se VOIT pas.
Ou pas souvent. Pour la bonne raison que les stratégies d'évitement sont rodées depuis des années. Pas de miroirs en pied chez soi, l'appareil photo chevillé en permanence au corps pour que personne n'ait l'idée de nous immortaliser, la balance truquée pour que les vrais chiffres ne s'affichent jamais. Les yeux qui se détournent à la moindre vitrine rencontrée.
Et puis patatras, un jour, au détour d'une photo de plage ou d'une glace de cabine d'essayage, on se cogne, pas à la vitrine mais à cette image trop longtemps évitée.
Moi le carambolage a eu lieu hier. Pas mort d'homme, mais des contusions internes.
Et une décision un peu folle, donc.
Je vais aller voir le docteur Zermati. Le zorro des kilos.
A dire vrai, après avoir trouvé le numéro sur les pages jaunes, je pensais que ce serait compliqué et que le rendez-vous serait fixé en mars 2011. Ce qui me semblait raisonnable comme délai. Pendant tout ce temps je pourrais me laisser aller, puisque bientôt, j'allais prendre tout ça en main. Bientôt, mais plutôt dans longtemps.
Sauf que pan, je "profite d'un désistement", m'a annoncé la secrétaire. Et cet après-midi, à 14h, je rencontre celui qui représente un peu ma planche de salut.
Que les choses soient claires, je ne me fais aucune illusion, s'il existait un homme sur terre qui faisait maigrir les femmes sans douleur ni régime, il aurait relégué Obama au rang de vendeur de tuperwares.
Mais la secrétaire a lâché le mot au téléphone hier: thérapie.
Et même si toutes ces années j'ai soigneusement enfoui cette solution sous les tonnes de nourriture avalée, je sais bien que c'est sûrement le passage obligé vers un peu plus d'amour de moi.
Bref, tout ça pour dire que je vous raconterai.