Hier c'était mon deuxième rendez-vous avez le docteur Zermati. Je suis arrivée super à la bourre après avoir oublié mon carnet alimentaire, bonjour l'acte manqué. Mais au final, mon carnet et moi, on était là.
J'avais un peu peur, habituée que je suis des réprimandes médicales au vu de mes repas qui me semblent à moi en général plutôt modestes et équilibrés mais qui constituent en général pour tout nutritionniste l'exemple de débauche à ne pas suivre.
Quelle n'a pas été ma surprise, du coup, quand j'ai réalisé que la seule partie du carnet qui intéressait monsieur Z, était celle consacrée à mes sensations avant, pendant et après l'acte sexuel alimentaire.
Il ne lui a pas fallu longtemps pour en tirer les conclusions qui s'imposent: je mange trop souvent sans faim et j'ai du mal à m'arrêter une fois que je suis lancée.
Ce qui est, selon lui, une bonne nouvelle.
Parce que parait-il, si on arrive à "enlever" tout ce qui est avalé pour d'autres raisons que la faim, je vais forcément maigrir.
Oui d'accord, mais comment ?
En réapprenant la sensation de faim.
Bon, moi très honnêtement, je sais bien ce que c'est d'avoir les crocs. Même que ça m'arrive souvent quand même. Du coup, il a dû voir sur ma figure que j'étais un peu sceptique.
Sauf que quand lui il parle de faim, ce n'est pas exactement ce que j'entends moi par avoir la dalle. Disons que ça doit être un peu pareil pour tout ce qui implique effort, souffrance, endurance. Je n'ai pas la même échelle que tout le monde, en gros. Un seuil de tolérance assez bas, pourrait-on dire gentiment. C'est pour ça que là, on ne rigole plus et la faim, on va aller la chercher, mais vraiment.
J'explique.
Pour les quatre jours à venir, je dois me livrer à une petite expérience. A savoir, ne pas prendre mon petit déjeuner, partir au travail avec une collation dont la teneur importe peu (en gros je peux choisir deux croissants, des gâteaux secs ou une bouteille de yop, peut lui chaut) et ne manger cette dernière - la collation - que lorsque j'aurai réellement faim.
"Le souci c'est que quand je me réveille, j'ai, comme qui dirait l'estomac dans les talons."
"Et bien vous allez attendre un peu quand même. A votre avis, combien de temps faut-il pour que vous ayez une GROSSE faim ?"
Courte hésitation, le temps de ne pas dire "dix minutes", mauvaise réponse à tous les coups.
"... mmm... une heure ?"
Regard légèrement consterné du médecin qui comprend qu'il est face à un cas difficile (= à la limite du désespéré).
Self contrôle du gars qui en a vu d'autres et réponse sur le ton toujours égal du professionnel de la santé. "Non, vous allez voir qu'une grosse faim, c'est au bout de trois, peut-être quatre heures, que vous allez l'éprouver".
Bon, le principe n'est pas de tomber dans les pommes pour autant, m'a-t-il expliqué par la suite. Mais en gros, l'idée, c'est d'attendre que la faim se fasse désagréable et presque douloureuse avant d'avaler la collation. Pourquoi ? Parce que, et c'est là que ça devient, je trouve, très intéressant, parce que lorsqu'on a faim, on ne peut pas grossir.
Quand on a faim, on ne grossit pas.
Je sais, je viens de répéter la même phrase. Mais c'était un peu comme si on me révélait le mystère des cités d'or, quoi. En somme, ce que le docteur Z affirme sans aucune hésitation, c'est que ce qui est avalé à un moment où le corps crie famine ne peut pas se transformer en graisse puisqu'il est immédiatement utilisé pour faire fonctionner la machine.
Mieux, il m'assure que c'est dans ces moments de vraie faim qu'on parvient le plus facilement à sentir quand vient la satiété.
Bref, pendant quatre jours, il faut que je parvienne à décaler mon premier repas pour ne commencer à manger que lorsque j'en éprouverai un besoin réellement physique. Et continuer sur le même principe tout au long de la journée.
Un exercice qui a son petit inconvénient: je vais être décalée tout le temps et risque de manger mon croissant quand mes collègues iront se taper une bavette. En même temps quatre jours c'est rien, en plus dedans y'a le week-end. Il faudra juste que j'explique à mes enfants que tout ce que j'ai toujours raconté sur l'obligation de manger A TABLE et à heures fixes, ce n'était que des conneries. Je vais le payer, c'est sûr.
Mais je dois avouer que cette idée de rebooter mon organisme, de le faire repartir de zéro et de finalement m'alimenter comme le ferait un nourrisson (si les bébés hurlent quand ils ont faim c'est parce que leur ventre se tort et qu'ils souffrent vraiment), ça me plait.
En plus, cerise sur le gâteau, aucune restriction alimentaire, puisque de toutes façons, on ne grossit pas quand on a faim (je l'ai déjà dit ? Ah booooooooon ?). Pas plus avec une part de flan qu'avec une assiette de haricots verts. Dernière chose, même si pendant ces quatre jours je ne parviens pas à m'arrêter une fois que je n'ai plus faim, pas grave. Parce que le fait d'attendre à nouveau de crever la dalle pour manger le repas suivant me permettra de brûler ce qui aura été avalé en trop.
Je sais, ça parait presque trop beau. Mais à mon avis, c'est moins cool que je ne le pense, m'est avis que dès ce matin neuf heures je vais avoir envie de pleurer tellement mon petit déjeuner compte dans ma journée. Et puis au final, le but est bel et bien de manger moins, je crois que ça doit être pour ça que mon zermatage jusque là ne marchait pas, j'avais surtout intériorisé la partie "on mange de tout"....
Voilà, j'ai peut-être été longue et je ne veux surtout pas gonfler mon monde avec cette thérapie. Donc dites moi si vous voulez que je continue à vous raconter ou si on revient à des choses plus terre à terre, comme genre que nom d'un chien, j'ai des santiags ET un foulard imprimé léopard dans ma penderie, ce qui fait de moi une presque fashionista si j'en crois le dernier Elle spécial accessoires. Je crois que je vais créer un blog, moi.
Edit: la photo c'est celle d'une minuscule boulangerie à Bastia dans laquelle j'ai acheté le meilleur Fiadone de tous les temps. Je crois que j'aimerais que ce soit ça ma collation...