Hier, j'ai assisté à un vrai moment de journalisme. Pas en lisant Libé, ni Rue89 ou Backchich. Ni en regardant le JT de je ne sais quelle chaîne de télé en train de relayer sans attendre une info erronée de l'AFP.
Non, rien de tout ça, et je le regrette.
Hier, cet instant de pur journalisme, je l'ai vu sur Canal+, au moment du désormais souvent culte Petit Journal de Yann Barthes. Celui-ci a démontré, sans commentaire, sans édito enfiévré, sans grands mots pompeux que notre président de la République prend ses auditeurs pour des jambons.
En l'occurence, les auditeurs étaient des agriculteurs. A qui il a resservi sans aucun scrupule un discours vieux de 10 mois. Alors qu'il venait de leur déclarer qu'il n'était pas là pour leur dire ce qu'ils avaient déjà entendu.
ça parait facile, ça semble être pas grand chose. Pourtant, pour démontrer cela, il a fallu faire un boulot ingrat, fouiller dans les archives, se rappeler que les phrases prononcées l'avaient déjà été. Il a fallu aussi avoir le courage de le prouver. Courage qu'il a manifestement manqué à toute la clique des suiveurs de monsieur le prince, qui à n'en pas douter n'ont pas pu ne pas se rendre compte de cette bévue. Las, aucun d'entre eux n'en a fait part, se contentant de reprendre le bon mot selon lequel la terre, c'est l'identité nationale.
Parce que c'est bien connu, la terre ne ment pas.
Je suis fatiguée de ce spectacle de dupes, des vieilles marottes sur la marseillaise que nos enfants devraient chanter à l'école et de toutes ces rengaines sur le fait d'être français qu'on nous ressort dès qu'une élection approche. Je suis fatiguée de constater qu'à chaque fois, ça marche.
Mais hier, je me suis dit qu'il restait quelques personnes qui font leur job. Et ce job, c'est mettre le doigt sur une évidence, le pouvoir actuel n'est que dans les discours, dans l'info qui en chasse une autre, dans la démagogie permanente. Ce petit journal ne changera probablement pas le cours des choses, je ne me fais aucune illusion. Mais il laisse à penser qu'une certaine résistance persiste, alors voilà, Yann Barthes et ton équipe, respect.