- Il y a des gens qui peuvent manger un gâteau en dehors des repas simplement par envie de sucré ou besoin de réconfort et qui ne grossissent pas.
- C'est trop injuste, moi je regarde la religieuse je prends une taille de soutien-gorge.
- Ah. Pourquoi à votre avis certains ne grossissent pas en grignotant et d'autres non ?
- Heu... Parce que mère nature la truie ?
- Nous y voilà. Vous êtes victime d'une conspiration génétique, voire même peut-être vous êtes une martienne, c'est ça ?
- Rigolez, rigolez, c'est facile, hein. Tout ce que je sais c'est que moi, tout ce que je mange me profite. Alors que ma copine Béa, par exemple, depuis toujours elle peut manger son poids en chocolat et rien ne bouge. Donc si ce n'est pas une preuve, ça, je veux bien manger mon sac.
Cet échange cordial et décomplexé a eu lieu lors de mon dernier rendez-vous, jeudi dernier, avec Monsieur Zermati. Qui m'a finalement donné l'explication à ce scandale dont nous sommes plusieurs à être victimes.
Pourquoi certaines peuvent se lâcher sur les viennoiseries sans dommage collatéral et pourquoi d'autres grossissent même avec du fromage blanc à 0% ?
Et bien parce que tout simplement, ces personnes qui ne grossissent pas malgré un bon goûter, sont régulées. Mister Z entend par là que ces gens bénis des cieux sont en réalité capables de sauter le repas d'après sans aucun problème, tout simplement parce qu'ils n'ont pas faim, rapport qu'ils ont baffré une tarte tatin quelques heures plus tôt. Les autres, ceux qui enflent systématiquement, sont ceux qui non seulement boulottent la tarte tatin mais ne boycottent sous aucun prétexte le souper ou déjeuner qui suit. On sait jamais, des fois qu'il y aurait la guerre le lendemain, hein.
Résultat, grosse différence sur la balance.
Pourquoi cette discussion ? Parce que j'expliquais à docteur Z qu'avec ces heures douloureuses et l'atmosphère quelque peu tendue à la maison qui s'en est suivie, j'ai eu quelques envies pressantes de sucré-chocolaté. Mais, ai-je fanfaronné, je me suis contentée de cuisiner des madeleines sans quasiment en manger.
Moi qui pensais en être félicitée, j'en ai été pour mes frais.
- Etre dans le contrôle n'est pas ce qu'on cherche. Vous ne tiendrez pas à la longue. Pourquoi mangeons-nous, à votre avis ? Par besoin physiologique, bien sûr. Mais aussi pour le plaisir que ça procure. Parce que chimiquement, parfois, ça permet de rééquilibrer certaines choses dans le cerveau. Alors oui, on peut, de temps à autre, se dire: "la vie est pourrie, heureusement il reste les éclairs au chocolat".
D'où ma remarque sur le fait que je paie bien trop cher ces écarts pour me les permettre. Et d'où le dialogue déjà rapporté quelques lignes plus haut.
"Quand vous avez vraiment une envie de gâteau en dehors des repas, il faut tout d'abord vous arrêter deux minutes sur la raison de cette envie. Des fois qu'il y aurait une autre solution que le réconfort alimentaire, hein, autant y réfléchir. Ensuite, si réellement vous sentez que c'est un besoin, alors vous pouvez vous l'autoriser. En étant bien consciente de ce que vous faites. En choisissant le bon gâteau, parce que tant qu'à faire, autant que ce soit parfait. Ensuite, vous vous asseyez, vous le regardez, vous le dé-gus-tez. En général, le simple fait de se concentrer sur cet instant de plaisir, d'en prendre la mesure, permet d'être rassasié plus rapidement. Surtout, en étant consciente de ce que vous faites, c'est vous qui avez le contrôle, pas la pulsion", a-t-il rajouté ensuite.
C'est pas génial, ça, de se dire qu'on peut craquer sans se faire des cheveux ensuite ?
Comme je lui disais, par ailleurs, que la satiété restait mon plus gros problème maintenant que la faim et moi on était main dans la main, il m'a donné un nouvel exercice à faire.
Et croyez-moi, çui-ci, c'est de la balle.
Pendant quatre jours, je dois commencer mon repas de midi par...
100 g maximum de chocolat, lait ou noir.
Une tablette, quoi. Sachant que si je n'ai plus faim à la moitié de la tablette, je laisse ce qui reste. Et que je dois attendre une heure minimum avant de manger autre chose. Si j'ai faim, évidemment. Pourquoi une collation une heure après ? Parce que si je sais que je ne peux pas manger avant le soir, je vais avoir tendance à bouffer la tablette par peur de la faim. Alors que si je sais que je pourrait me sustenter dans l'après-midi, ça changera la façon dont je goûterai le chocolat.
Le but de l'exercice, visiblement, c'est de constater qu'on peut venir à bout d'une envie de chocolat assez rapidement. Et qu'en manger tous les jours est probablement la meilleure façon de ne plus en avoir envie. D'après docteur Z., l'exercice se solde systématiquement par une perte de poids. Même que pour la première fois il m'a demandé de me peser avant et après les quatre jours pour vérifier.
"S'il n'y a pas perte de poids, voire prise, c'est que quelque chose a bloqué. Et ce sera une information importante également".
Voilà, en gros, pour cette séance, enfin, il y a eu d'autres choses dites et entendues, mais je les garde pour moi, celles-là.
Allez, bon lundi, je m'en vais acheter mon milka.