Deux mois environ que je vois ce bon docteur Zermati. Je n'ai pas eu d'autre séance depuis celle du raisin, la dernière ayant été annulée pour cause de congrès du GROS, une association fondée par Apfeldorfer et Zermati.
Après ces huit à dix semaines de thérapie, voici un petit état des lieux.
- Ma balance toute pourrie qui sous-pèse énormément affiche cinq kilos de moins. Je n'ai aucune idée de mon poids réel, mais je m'en moque, je sais en revanche que j'ai maigri, mes vêtements sont un très bon indicateur.
- Depuis quelques jours, on me fait remarquer assez spontanément que j'ai minci. Ce qui est drôle c'est que je n'ai pas perdu beaucoup plus qu'il y a deux ou trois semaines, mais étrangement, ça se voit plus. Comme s'il fallait un certain temps au corps pour réadapter ses contours.
- Je ne me sens pas au régime. En revanche, je mange moins, c'est une évidence. Il n'y a pas de magie, ce serait trop simple si le fait d'aller voir un médecin suffisait à maigrir. Tout aussi brillant soit ce médecin.
- Je parviens à manger quand j'ai faim, en revanche je suis encore moyennement connectée avec la satiété.
- Je gère très bien le quotidien "normal", j'ai plus de mal avec les déjeuners de boulot ou les repas avec les copains qui s'éternisent. Je suis encore très fragile devant un bol de Pringles sour cream and onion.
- Je ne me sens pas obsédée par cette thérapie. Je veux dire par là qu'en général, quand j'arrête de fumer ou que je commence une nouvelle sorte de diète, j'éprouve le besoin d'en parler, parfois jusqu'à ce qu'on me fasse comprendre que bon je suis sympa, hein. Là, si on me pose des questions, je réponds volontiers, mais c'est rarement moi qui aborde le sujet. Je pense que c'est plutôt positif.
- J'ai un peu du mal avec les exercices de "pleine conscience" qui consistent donc à se concentrer, durant quelques minutes, sur la respiration ou la première bouchée de nourriture. En somme, être dans la conscience du moment présent, sans pour autant d'ailleurs s'interdire les pensées parasites, mais en tentant à chaque fois de revenir sur le sujet de concentration. Le docteur Z dit toujours, "il ne s'agit pas d'essayer de modifier son état, simplement d'observer les choses, de les ressentir". ça demande de stopper le cours des choses pendant un instant et ce n'est pas si évident. Cela dit, dernièrement, dans le tram, le soir, je ferme les yeux et fais l'expérience. C'est incroyable alors comme cela parvient à remettre pas mal de choses à leur place. Genre à réaliser que les paroles désagréables d'untel ou unetelle ne méritent pas non plus que je me mette la rate au cours-bouillon.
- J'ai l'impression que certes je mincis mais que d'autres choses se passent. Mon ultra-émotivité par exemple qui m'handicape assez sérieusement - mes yeux se mouillent pour un oui ou pour un merde, d'autant plus si a) on m'accorde un peu d'attention, b) on me fait un reproche, c) je tente de vider mon sac - semble se canaliser quelque peu. C'est comme si je reprenais le contrôle. La route est longue avant la fin des angoisses, mais je ne sais pas, je me sens... plus sûre de moi. J'ai surtout l'impression que le gros nuage qui cachait un peu mon soleil ces derniers mois pourrait vraiment finir par s'éloigner.
- Je fume de nouveau comme en 40. C'est il me semble un point négatif, comme si j'étais incapable de mettre fin à une compulsion sans remettre le couvert avec une autre. Cela dit j'avais recommencé avant la thérapie, mais disons que ça n'a pas arrangé les choses. A mon avis, plus petite, j'ai loupé un truc avec la phase du plaisir oral. En même temps j'aurais aussi pu rester bloquée au stade anal, hein.
- J'achète des tonnes de fringues, mon compte en banque fond plus vite que la graisse de mes fesses.
- Mes chaussettes me serrent moins au niveau des mollets.
- Mes soutifs me saucissonnent moins également.
- Je n'ai plus jamais de brûlures d'estomac, probablement parce que je mange moins.
- J'ai perdu une taille de vêtements, je suis donc passée au 44, même si je suis encore un peu serrée.
- Mes genoux me font moins mal.
- La dernière fois, je portais un pack de cinq litres de lait jusqu'au charriot, je trouvais ça lourd. J'ai réalisé que jusqu'à peu, je les soulevais en continu, ces bouteilles de lait. Normal, que je me sente plus légère.
Voilà, j'ajoute que je ne me fais aucune illusion, je ne me sens pas du tout comme si j'avais signé un CDI avec l'amaigrissement. Il me faut comprendre pourquoi le fait de manger n'est pas encore quelque chose d'anodin et d'instinctif. Il me faut apprendre à m'arrêter quand j'ai eu ma dose. Mais bon, je me dis que je suis sur le bon chemin avec la bonne personne.
Edit: Photo prise cet été sur la plage, le nuage semblait être un Picachu gazeux, quand il s'est évaporé, c'était assez incroyable, cette sensation de lumière retrouvée...