Assumer. Voire s'assumer.
C'est le mot qui revient souvent ces derniers temps quand j'évoque ma démarche avec le docteur Zermati, ici ou ailleurs. "Pourquoi tu veux maigrir alors que tu as toujours dit que tu assumais ?", "Y'a tromperie, tu as revendiqué depuis des années sur ton blog que tu assumais, et voilà que tu fais un régime ?". "Mais alors les rondes ne s'assument pas, c'est ça ?". "Y'a-t-il des grosses heureuses qui s'assument ?".
Plus généralement, c'est un terme qu'on lit partout, dans les magasines plus ou moins sérieux: "assumez-vos formes", "comment assumer ses rondeurs" et patin couffin.
Je ne peux pas répondre au nom de toutes les filles en surpoids, seulement en ce qui me concerne.
Et que ce soit clair, oui je m'assume. Parce que selon moi, s'assumer, signifie vivre sa vie, envers et contre les kilos, s'autoriser à être heureuse, ne pas avoir honte, aller sur une plage, se montrer à demi-nue, faire l'amour, s'apprêter pour sortir.
S'assumer c'est s'accepter dedans et dehors. Autrement dit, je revendique le droit d'être grosse sans avoir à subir moqueries, jugements à l'emporte pièce et conseils à deux balles sur le cholestérol qui finira par me manger toute crue. Je crie haut et fort que les Big Beauty et consort ont autant de légitimité que les Punky et leurs friends à se prendre en photo et jouer les top models de la bloguerie.
Mais.
ça ne veut pas dire que je ne préfèrerais pas être mince.
ça ne veut pas non plus dire que je vivais bien avec les kilos qui s'étaient accumulés ces derniers mois, thank's to the grossesse, le baby blues, la quarantaine approchante et un comportement alimentaire déviant.
D'où, donc, cette prise en main du problème.
Je crois qu'on en meurt, dans cette société, de cette volonté qu'on a de coller les gens dans des cases. Les rondes fières de l'être ne peuvent pas devenir minces, les matheux ne peuvent pas avoir envie de suivre des cours d'histoire, les Français doivent se sentir exclusivement français et pouvoir se définir selon des critères bien précis arrêtés lors de débats débiles, et j'en passe.
Si c'était si simple, la vie, ça se saurait. On peut, pendant des années, penser sincèrement qu'on s'accommode très bien de certains traits de physique ou de caractère. Et puis finalement se rendre compte un matin que ce poids qu'on se traine n'est pas que le fruit d'une imagination malade. Que les valises on a envie de les poser, voire de les vider.
C'est ce qui m'est arrivé - et pas qu'une fois, je n'en suis hélas pas à ma première tentative - au mois de septembre. C'est ce qui m'a pris par la main et m'a amenée à frapper à la porte du docteur Z.
Peut-être que cette perte de poids va se pérenniser, peut-être pas, j'ai eu trop de rechutes pour avoir aujourd'hui des certitudes. Ce que je sais c'est que non, je n'aurai pas à changer le nom de ce blog, pour la bonne raison que même avec 10 kilos en moins je n'entrerais pas dans la case mince. Et même avec 20 en moins, ce qui n'est absolument pas l'objectif - d'autant que d'objectif il n'y a pas -, je n'oublierais pas la ronde qui vit dans mon corps depuis que je suis en âge de me souvenir de qui je suis.
Voilà, je ne sais pas si c'est très clair, je ne me suis pas sentie agressée, entendons nous bien, je comprends les interrogations que j'ai lues ça et là et les réticences de certains proches. J'essaie donc d'y répondre avec le plus d'honnêteté possible. Oui, si on me donnait une baguette magique, je choisirais un 38. Mais non, je ne crois pas que la minceur soir la clé du bonheur, juste un facilitateur dans une société où l'apparence compte de plus en plus. Je ne serais pas heureuse, je le sais, si je continuais à grossir, parce que tout est plus compliqué au quotidien, parce que c'est trop décourageant de savoir dès le réveil qu'on va filer son collant à force de tirer dessus, devoir s'allonger pour fermer son jean - qu'on déboutonnera à la première place assise dans le métro -, changer trois fois de haut avant d'en trouver un qui cache le cul sans faire sac, et tout ça pour au final détester l'image que nous renverra le premier miroir croisé.
Je crois sincèrement celles qui affirment avoir fait la paix avec leur corps malgré un IMC de compétition. Il se trouve que ce n'est pas mon cas. Mais non, je n'ai jamais trompé qui que ce soit, parce qu'il me semble que tout ceci transpirait dans les premiers billets de ce blog. Et une bonne fois pour toutes, on peut s'assumer tout en souhaitant changer...
Edit: J'avais envie de remettre la photo de la belle espagnole sur la plage, mais après je me suis souvenue que ça avait donné lieu à un sacré débat sur le droit à l'image. Alors voici, une fois encore, mon décolleté, que j'a-ssu-me.