Il y a deux jours, Helmut et son père étaient chez le médecin. C'est pas qu'on ait un abonnement mais en fait... si.
Il était donc dans la salle d'attente, et en face de lui, il y avait une jeune femme, qui en plus d'être jolie, lui rappelait vraiment quelqu'un. Après l'avoir dévisagée, n'y tenant plus, il a fini par lui demander un peu gêné, si elle ne travaillait pas à la Pitié.
La jeune femme, un peu étonnée, a confirmé.
C'était Rozen, la fée, elle même enceinte, qui 14 heures durant avait essayé de faire descendre la demoiselle et qui en avait presque pleuré avec moi quand il était devenu évident qu'il allait falloir aller la chercher par d'autres voies.
Rose, Rozen, Rosae, Rosum, Rosas.
C'est elle qui m'a présenté mon bébé, qui l'a serrée la première parce que césarienne oblige, je n'ai pu que frotter mon visage à celui de ma fille, qui a d'ailleurs à ce moment là pris mon nez pour un énorme téton. C'est elle qui l'a lavée, qui l'a pesée, qui a entouré son poignet du petit bracelet rose, qui a mis du collyre dans ses yeux. C'est elle qui l'a ensuite habillée et bordée. Helmut n'aurait pas pu mieux tomber, même si bien sûr j'aurais aimé que sa première étreinte soit la mienne.
Il parait que lorsque l'homme lui a dit en montrant Rose: "vous voyez, ce machin tout morveux ? Et bien c'est un peu votre oeuvre, c'est grâce à vous qu'elle est là", Rozen a lâché une larme d'émotion. Elle se souvenait très bien de nous, il faut dire que cet accouchement tenait de l'épopée.
Quand mon cher et doux m'a raconté cet épisode, je ne saurais expliquer pourquoi mais ça m'a rendue heureuse. J'aime l'idée qu'on soit un peu liés à Rozen, qu'elle ne nous ait pas oubliés, que Rose l'ait revue, même de manière fugace. J'aime qu'on soit un peu plus que des fourmis dans l'immensité parisienne et que le hasard permette parfois ce genre de collisions imprévues.
Edit: Pour ceux qui voudraient lire le récit de cet accouchement, c'est là et là