Dans la maison de Maraveire, il y a de grandes armoires à glaces qui amusent les petites filles et leurs mamans. Il y a aussi des fenêtres qui donnent sur la mer et des tomettes rouges sur le sol qui, lorsque la chaleur est à son comble sont un régal de fraicheur. Cette maison, construite en 1897, s'apprête à être vendue, trop de travaux, trop d'indivision, trop de distance entre les tomettes et Paris. Celui qui la rachètera devrait sans trop d'hésitation décider de la raser pour y construire à la place un lotissement bien plus rentable.
Je n'y serai allée que très peu, je ne peux pas m'y inventer de souvenirs d'enfance. En revanche, mon père, asthmatique, y passait petit tous ses étés, avec sa grand-mère, parce que l'air de Hyères lui faisait du bien. Je crois l'avoir vu écraser une larme quand la nouvelle de la vente prochaine est tombée.
Je n'y ai pas de souvenirs, mais j'en suis tombée instantanément amoureuse, de ses plafonds si hauts, de ses murs complètement défraichis, de ses cheminées de marbre, de ses escaliers bancals. On sent que la splendeur y fut, dans un autre temps, on croit y entendre les rires et cris de tous ces enfants qui l'ont habitée. Si je ne crois pas en grand chose, je pense avoir une tendance animiste, je suis en effet convaincue que les lieux comme celui-ci ont une âme. Et rien ne me rend plus nostalgique que ces maisons dont la fin de vie est toute proche...