Il y a quelques jours, j'ai fait un ménage de printemps dans ma penderie. Je vous arrête de suite, rien à voir avec l'envie de me débarrasser d'habits trop grands. Simplement un constat imparable: sans prise en main de la bête, tout menaçait de s'écrouler. Sans compter que ma femme de ménage adorée, également nounou du soir de Rose, ne cachait plus depuis des semaines son intention de me claquer sa démission si je ne faisais pas preuve d'un minimum de bonne volonté.
Bref, j'ai donc été dans l'obligation de me séparer d'une partie de ma garde-robe. Et de fait, bazarder les pantalons trop grands s'imposait assez naturellement. Sauf que 1) je déteste jeter (en l'occurence donner à Emmaüs mais on m'a comprise), 2) me débarrasser de ce qui m'allait encore il y a six mois et qui j'en suis convaincue pourrait s'avérer être à nouveau à ma taille dans un futur plus ou moins proche me terrorise.
N'ayant pas de dressing immense me permettant d'entreposer un container de fringues en 44 / 46, je m'y suis toutefois résolue. Résultat: de la place en veux-tu en voilà dans mon armoire pour des craquages à pois ou à rayures, ajustés à mon corps d'aujourd'hui.
Je voudrais bien écrire que cette expérience m'a permis de me sentir plus légère et de tirer un trait sur des mois de mal-être.
Hélas, la vraie vie ne fonctionne jamais comme un roman de filles. Et la vérité, c'est que depuis, j'ai des envies incompressibles de chocolat. Ou de frites. Pourquoi ? Parce que je crois que je suis littéralement terrorisée à l'idée de reprendre le moindre gramme et de me retrouver à nouveau un matin sans rien qui m'aille. Peur assez dérisoire au regard de ce qui se passe à Gaza, on est d'accord. Mais à mon petit niveau de femme égo-centrée, peur de taille (hu hu hu) quand même.
Tout ça m'a fait réfléchir et si je devais recommencer ce ménage, je garderais quelques jeans trop grands. Pas pour me souvenir de ce que j'étais il y a peu, simplement pour m'épargner la pression. Cette pression qui me fait manger. Pour me rassurer, me rappeler que quelques kilos repris ne m'empêcheraient pas d'aller travailler, puisque les bons vieux futals veillent au grain.
Entracte.
Fin de l'entracte.
Je profite par ailleurs de ce billet pour revenir sur cette photo postée vendredi et sur le fait que oui, clairement, ne nous cachons pas derrière le petit doigt, je m'expose plus qu'avant.
Pourquoi ?
Certainement parce que je m'apprécie plus sur les clichés récents. Mais pas que. Il se trouve également que durant, je dirais, les 3 premières années de ce blog, j'étais pour ainsi dire planquée. Il me semblait inconcevable que mes employeurs découvrent cette activité du soir, pas parce que je me rendais coupable de quoi que ce soit mais parce qu'au départ, je n'avais pas envisagé que ces écrits soient lus par plus de 10 personnes, que je m'y livrais avec toute l'impudeur dont je sais faire preuve et que donc, voilà, l'idée n'était pas de me montrer.
Et puis les choses ont évolué, les lecteurs se sont faits plus nombreux, il est apparu que pas mal de mes collègues connaissaient l'existence de ces pages, que personne n'a semblé y voir de problème et que surtout, j'ai décidé de ne plus vivre dans la peur d'être "découverte". Parce que c'est intenable de trembler à l'idée d'être outée. Et qu'il est temps d'assumer ce qu'on est. Or ce que je suis, c'est une personne qui travaille le jour, en l'occurence dans un média et qui le soir et les week-ends s'adonne à sa passion: bloguer. Rien qui devrait la faire se sentir coupable. D'où la disparition de cette réticence à me montrer.
Je rappelle par ailleurs que j'ai mis en ligne il y a plus d'un an, au plus fort de mon poids, une photo de Manoeuvre, Sinclair, Dédé et moi. Une photo qui m'avait valu un commentaire adorable sur le mode "mais qu'est-ce que tu es laide". Le genre de mots qui même écrits par le dernier des crétins te crève le coeur, parce que c'est comme ça, on peut avoir une assez haute idée de soi et s'effondrer pour une insulte d'un anonyme décérébré. J'avais aussi posté des photos de moi enceinte, de moi mariée, de moi en bottes duo-boots, de moi en maillot xxl et j'en passe. Bref, oui, bien sûr, il y a cette jouissance absolue de regarder un cliché de soi et de se dire "ouah, c'est moi cette fille que je trouve presque jolie ?". Et la vanité qui suit, de la montrer à ceux et celles qui ont été témoins de mes errements. Mais il y a aussi cette prise de décision de ne plus se cacher tout court. Qui n'a rien à voir avec la perte de poids. Mais tout avec l'acceptation de soi.
Edit: Il me vient à l'esprit que je n'ai pas forcément dit l'essentiel. Il faut être sacrément narcissique pour bloguer. Avec ou sans photo. Pourquoi on en vient là, pourquoi ce besoin de parler de soi et de ce mettre en scène ? Je me posais déjà la question il y a quatre ans, au tout début. Et je n'ai toujours pas la réponse...
Edit2: Ekat, il me semble que c'est toi qui m'avait justement posé cette question sur que faire des anciens vêtements... Je te réponds ici plus longuement que par mail, pas sûre de t'aider plus !
Edit3: Des bises à Emmanuelle, rencontrée devant ma roulotte ce we, pour lui dire que le soir même des jeunes enterraient la vie de jeune fille d'une des leurs et que ma foi, ça m'a eu l'air de très bien se passer ;-)