Comme j'ai commencé à en parler et que j'aime bien en général les trucs dans la durée, je me dis que ce ne serait pas du luxe de continuer à vous tenir au courant du feuilleton Zoé Shepard, alias la bureautière.
Vous avez sûrement lu ça et là voire vu et entendu que la sanction est tombée: deux ans de suspension de la fonction publique, avec la possibilité qu'Alain Rousset, président du Conseil régional, aggrave la peine.
Certes c'est moins pire que la révocation définitive. Mais cela signifie que pour avoir écrit un pamphlet, une jeune femme est privée d'emploi durant deux ans. D'emploi et de salaire, hein. Qu'elle ne peut, en outre, pas partir sur le poste qui l'attendait pourtant et qui semblait lui aller comme un gant.
Un tel verdict s'apparente pour moi à de la vengeance pure et simple, d'autant que durant le "procès", personne n'est venu témoigner de ce fameux préjudice, voire traumatisme causé par le livre.
Traumatisme mis en avant par le Conseil régional pour justifier cette sanction.
Sans vouloir raconter ce qui ne m'appartient pas, je sais par Zoé qu'elle a non seulement, donc, écopé d'une peine totalement disproportionnée mais qu'elle a également subi durant l'audience les foudres de la partie adverse, qui ne l'a pas ménagée, loin de là.
Je ne sais pas dans quel pays on vit aujourd'hui, où les "petits" sont écrasés comme des mouches quand n'importe quel ministre ou que sais-je a le droit de fumer pour 12 000 euros de cigares au frais du contribuable, de clamer haut et fort qu'il ou elle s'emmerde au parlement européen ou peut, alors même qu'il a été condamné pour abus de biens sociaux, redevenir maire d'une ville sans que ça ne gêne personne.
Comment faire accepter à ceux qui se lèvent tous les matins la peur au ventre de perdre leur emploi et de ne pas arriver à boucler le mois, que les plus fortunés reçoivent des millions de l'Etat au nom du bouclier fiscal alors même qu'ils ont hébergé une partie de leur fortune dans des paradis fiscaux ? Comment comprendre que certains artistes adoubés par le pouvoir soient reçus en grande pompe sous les ors de l'Elysée tout en étant domiciliés à Gstaadt ? Comment ne pas, enfin, faire le parallèle avec celui qui trouve que des auvergnats bronzés sont un peu trop nombreux en France, qui est condamné pour cela, et qui reste ministre de l'intérieur ? Le devoir de réserve ne vaut-il que pour ceux qui n'ont pas la chance d'avoir un ami bien placé ?
J'ai l'impression d'avoir déjà écrit dix mille fois ce billet, et ça me navre, j'aimerais tant être enfin surprise...