"Il est où ?"
Tout l'été ces mots m'ont poursuivie jusque – même surtout – dans les toilettes.
"Il est où mon maillot, il est où mon masque, il est où le tuba, il est où le beurre, il est où le tube de crème, le dentifrice, le coca, le doudou de Rose", etc. Avec bien sûr sa variante féminine: "elle est où ma serviette, elle est où ma DS, elle est où la télécommande, elle est où ma culotte, elle est où ma robe, ma veste, ma chaussure", etc.
Parfois, bien que très rarement, la question est justifiée, l'enfant a cherché ou tout au moins fait mine de. La plupart du temps, elle tient plus du tic de langage ou de la solution de facilité que de la véritable interrogation, l'objet mystérieusement disparu étant sous son nez ou dans un endroit que lui seul peut connaître, étant donnée la logique toute particulière d'un être qui n'a pas encore mué.
Exemple ? La console de jeux n'est JAMAIS dans son étui, rangée comme il se doit sur la table de nuit, mais, dotée d'une vie propre, s'est sagement disposée entre la moutarde et le vinaigre sur l'étagère de la cuisine. Toujours, il va sans dire, par l'opération du saint esprit puisqu'après le « il est où », l'autre mantra de l'enfant est le trop fameux « c'est pas moi qui l'ai mis là ».
Certes, les parents ont notamment pour mission d'éclairer leurs rejetons et de répondre sans ciller à leurs pourquoi, quand, comment et où. Néanmoins, quand le « il est où » a déjà retenti cinquante fois et qu'il n'est pas 10h du matin, le parent (le churros en l'occurence, je ne suis personnellement que patience) peut se laisser un poil aller.
A savoir répondre « dans ton cul » une fois sur deux.
Ce qui, j'avoue, me fait autant ricaner que de taper « trou du cul » sur google et de voir arriver Sarkozy en tête des résultats.
C'est moche. Mais si ça peut m'amender un peu, je suis la mère d'un gamin de 10 ans, qui, cherchant son maillot localisé par moi même sur le transat (en plastique blanc, long de 2 m, pesant un âne mort et trônant dans le jardinet de 12m2 de la maison de location, cf photo ci-dessus), m'a demandé « il est où le transat ? ». S'étant entendu répondre sur un ton qui ne laissait aucun doute quant à mon ironie et ma lassitude: « je ne sais pas, dans les toilettes, peut-être », cet enfant, sûrement doté d'une certaine sorte d'intelligence – le tout est d'en identifier la nature - est sans ciller allé vérifier que ledit transat n'était pas en train de chier.
Bref, tout l'été, le churros et moi même avons usé et abusé de cette réponse qui – et ça n'est pas glorieux – me fait invariablement marrer.
Jusqu'à ce qu'un matin, alors que son fils - le même qui croit que les transat ont un transit - lui demandait « elle est où maman ? », le churros, sans mesurer la portée de sa blague lui a sorti un « dans ton cul » sonnant et trébuchant.
La blague a été suivie d'un moment de silence gêné. Bizarrement pour une fois j'ai moyennement rigolé.
Depuis, c'est con, hein, mais on hésite un peu, quand même. On met également un peu d'argent de côté pour le quelqu'un qu'on devrait sans tarder aller voir en famille.