Hier, emportés dans notre fièvre citoyenne et guidés par notre apolitisme de gauche, on est allés unis comme les cinq doigts de la main au meeting concert organisé par SOS Racisme et Libération au théâtre du Chatelet. "Touche pas à ma nation", que ça s'appelait.
J'avoue, on y allait surtout pour écouter tous ces artistes engagés qui se mettent en danger en clamant leur opposition à la méchante droite sécuritaire.
Problème: dans "meeting-concert", y'a le mot meeting. Attention, j'adoooore les meetings. ça fait partie des choses qui me collents les poils comme une brochette de L5 à Mia Frye. Je dirais que dans mon panthéon émotionnel, il y a les concerts, les meetings, les remises de médaille française sur fond de marseillaise et last but not least, les manifs, surtout celles où finit par retentir le chant des partisans. Ce dernier étant en ce qui me concerne un aller simple vers l'incontinence lacrimale. A partir d'"entends-tu" je fais des bruits de gorge bizarres pour tenter de juguler mes sanglots.
Je pense que j'ai du être résistante dans une autre vie.
En toute modestie.
Bref, par contre, j'avoue, les meetings orchestrés par l'intelligentsia germano-pratine c'est moyennement frissonnant. Non, franchement, les gars, la prochaine fois on évite absolument de passer le micro à Bernard-Henri. Ce gars là il est pire que Fidel Castro. Impossible de lui couper le sifflet une fois qu'il est à la tribune.
Par contre, rien à dire, il était de gauche, hier. Attendez, il avait troqué sa chemise blanche contre un t-shirt noir sous veste grise. CQFD.
Sérieusement, je dois avouer ne pas avoir été embarquée dans ce grand cri de gauche. Probablement parce que tous ces gens semblaient surtout là pour s'écouter parler. Aussi parce que j'ai un poil du mal à croire à l'antisarkozysme de Laurent Joffrin. Surtout, emmener Rose était incontestablement une très mauvaise idée. Certes elle a beaucoup apprécié les appels répétés de Serge Moati à dire NON à la politique injuste et inique de Sarkozy. On peut dire qu'elle a adhéré au discours et l'a fait sien. Littéralement. Un peu trop. C'est devenu gênant quand elle s'est mise à ponctuer toutes les (longues) phrases de BHL de "NON !!!" particulièrement sonores.
Vous l'aurez compris, on ne s'est pas éternisés, ne voyant par conséquent du meeting concert que la partie meeting, pour mon plus grand regret, j'adore en effet entendre Jane B. chanter, quelle que soit la cause.
Quoi qu'il en soit, on m'a récemment dit dans les commentaires que je ne causais plus beaucoup de politique. Je crois que c'est parce que je ne vois pas ce que je pourrais dire qui reflète assez mon exaspération devant tout ce qui se passe depuis des mois. Qu'il sagisse de cette réforme des retraites qui va essentiellement peser sur les travailleurs les plus pauvres, ceux qui ont commencé le turbin à 18 ans et qui pourraient aisément partir à 60 ans (alors que tous les bac + 5 entrent de toutes façons tellement tard sur le marché du travail que pour faire leurs annuités ils sont obligés de bosser après 60 balais), qu'il s'agisse des relations consanguines entre ministres et femmes d'affaires, aussi séniles soient-elles, des millions versés pour bons et loyaux services à Bernard Tapie, de la stigmatisation des roms qui ont eu la malchance de se trouver là à un moment où il fallait détourner l'attention des Français des mensonges d'Eric Woerth, de l'agitation du landernau journalistique autour de deux bouquins bien putassiers sur madame monmari, ou encore de la grosse teuhon que notre champion nous a mis il y a deux jours à Bruxelles, tout ça me donne tellement la nausée que je ne sais comment l'exprimer.
Bref, je n'en parle pas beaucoup mais s'il fallait le redire, oui, je compte les jours avant la fin de ce quinquennat, en me disant que quel que soit le futur candidat de la gauche, il aura ma voix. Encore faut-il que d'ici là nos chers éléphants ne se soient pas tous dévorés.