Alors avec Zermati, où j'en suis ?
Disons que je ne peux pas vraiment prétendre m'être détachée de toute considération pondérale. J'en veux pour preuve l'excitation ressentie lorsqu'en lisant l'état des lieux de la maison du bonheur en Corse, j'ai vu, entre "24 assiettes" et "5 casseroles", "1 pèse-personne".
J'aurais aimé vous dire qu'à l'occasion, au milieu du séjour, j'étais tombée complètement par hasard sur la balance reléguée au fond d'un placard. Mais je crains que "tombée par hasard" ne s'applique pas vraiment au fait d'avoir quasiment défoncé au mortier la porte d'une armoire à priori condamnée pour dénicher le fameux pèse-personne.
Quand je l'ai enfin aperçu, j'étais aussi heureuse que si, un dimanche soir en panne de clopes, j'avais finalement retrouvé un paquet plein dans la poche de mon manteau.
Et bien sûr, la comparaison n'est pas fortuite.
On l'aura compris, si je pense avoir intégré pas mal de préceptes inculqués par ce brave docteur Z., il en est un qui pour l'instant me passe loin, très loin du ciboulot. A savoir celui consistant à s'abstenir de contrôler névrotiquement son poids.
Par contre, je sens tout de même que je fais du chemin: en me pesant ce jour là, j'ai en effet vu se confirmer la tendance observée à mon retour de l'île de Ré: 2 kilos au compteur, merci belle maman.
Et bien même pas j'ai trop flippé.
Je veux dire, j'ai flippé.
Mais pas trop.
Pas trop trop.
Par exemple, je n'ai pas prononcé UNE SEULE FOIS de la journée ces mots que je suis capable de répéter jusqu'à épuisement de la partie adverse (= celui qui dans ces moments là regrette d'avoir signé à la mairie):
"J-ai-gro-ssi..."
Suivis de l'inévitable: "Tu trouves que ça se voit ?"
Puis du "TU ES SÛR ?".
Et enfin du "Tu mens".
Non, là, j'ai respiré à fond, et je me suis payé un bon moment de pleine conscience (ou quelque chose qui s'en rapprochait). J'étais à deux doigts de la lévitation.
Et les deux jours qui ont suivi, j'ai simplement suivi mes envies, en essayant d'écouter ma faim. Qui n'était pas énorme, chaleur et plage obligent. J'ai évité LE PIÈGE de quand tu reprends du poids: essayer de le reperdre. En te privant de bouffer les douze premières heures, en voyant des cheeseburgers partout les douze heures suivantes et en finissant par tomber la tête la première dans les canistrelli à la tombée de la nuit en te traitant mentalement de grosse truie sans volonté.
Et on me croit, on me croit pas, mais 48h plus tard, en ayant pourtant sacrifié au rituel du mojito quotidien et mangé des choses aussi diététiques qu'une tarte au figues à se damner ou du lonzu qui pue le cochon gras à 20km, j'avais reperdu mes deux kilos.
Surtout, mis à part ce passage obligé sur la balance - après avoir pissé, à jeun, en retenant ma respiration et en procédant par paliers à la montée sur l'engin -, je n'ai pas beaucoup pensé à "ça".
Je crois que c'était le premier été que j'étais aussi détachée. Dans la mesure de mes moyens, on est d'accord, merci Einstein et la relativité.
Tout ça pour dire que je suis rentrée avec un poids identique à celui du mois de juillet. Avec surtout la preuve que oui, je pouvais reprendre. Et ne pas en mourir.
Maintenant, je mentirais si je disais que je me fous éperdument de ces kilos en moins, un an après avoir commencé ma thérapie. L'année dernière, je vous avais expliqué que c'était en regardant les photos de mes vacances et en me demandant qui était cette grosse femme dessus que j'avais décidé de téléphoner au docteur Z. Je vous avais même montré les photos en question. Sauf que je n'avais pas mis en évidence LA photo qui m'avait fait tant de mal. Personne n'a envie de s'exhiber sous son plus mauvais jour, hein.
Et puis hier, en faisant le tri de la cuvée 2010, je suis tombée sur un cliché pris par le churros, exactement au même endroit. Mis à part le fait que mon aimé n'a aucun lien de parenté avec Helmut Newton et n'en aura jamais, je dois bien le reconnaitre: voir la transformation de mon corps en douze mois m'a procuré une satisfaction certainement exagérée.
Je sais que j'aurai "avancé" quand j'aurai fait la paix avec cette femme que je me refuse à apprécier encore aujourd'hui sur ces marches. Alors pour cette raison, cette fois-ci je la mets à l'honneur. Parce qu'elle n'a pas moins de valeur que celle que je suis aujourd'hui. Il faut juste que je m'en persuade.