Quand elle était petite et qu'elle habitait encore au Vietnam, Hân Nguyen dessinait des robes sur les murs que sa grand-mère cousait ensuite. Et puis un jour, il y a huit ans, alors qu'elle ne parlait pas un mot de français, elle es partie en France, à Paris, parce que c'est là qu'elle devait être pour vivre de sa passion.
Aujourd'hui, elle ouvre sa première boutique rue Saint Paul dans le Marais à Paris et elle maitrise notre langue quasi à la perfection.
Un tel destin me fascine et m'impressionne d'autant plus que je suis du genre à ne pas dormir pendant trois jours à l'idée de partir dans une ville inconnue. Je suis l'antithèse de l'aventurière, pesant le pour et le contre depuis des années d'un changement de direction professionnel, imaginant toujours le pire histoire de ne surtout prendre aucun risque. Alors forcément, ce petit bout de femme qui prend ses cliques et ses claques et qui tente sa chance dans l'univers impitoyable de la fashionerie, ça me laisse sans voix.
Du coup, quand William m'a envoyé un mail il y a quelques jours pour me proposer d'aller visiter la boutique d'Hân Nguyen, je me suis dit que ça rentrait carrément dans ce que j'aime faire ici, parler de parcours hors du communs, de femmes qui vivent la tête haute et bravent l'impossible.
Ok, j'étais également totalement flattée, pour une fois qu'on me proposait une "opé" modesque. Futilité, vanité, vacuité, toutes ces choses.
Je ne savais pas du tout ce que j'allais trouver, si j'allais aimer ou non, si Hân me plairait. Et il se trouve que j'ai été séduite par cette femme discrète qui s'anime en parlant des tissus liberty qu'elle chérit et de la vie qu'elle donne aux étoffes. J'ai également flashé pour un manteau rouge que j'ai laissé à regrets en partant, mais dont la légèreté sur moi et les formes aériennes m'ont ravie le temps d'un essayage. C'était un moment très gai, avec notamment Deedee qui porte si bien la petite veste kimono et son amie Adéjie, dont le ventre rond s'est lové automatiquement dans une robe que l'on peut fermer devant comme derrière, en laine d'un bleu qui évoque à Hân Nguyen les fleurs de lotus.
Voilà, une fois n'est pas coutume, un peu de mode sur ces pages, en espérant que les créations d'Anne rencontrent le succès qu'elle mérite. Entrez, entrez dans ce monde plein de poésie...
Edit: Les bijoux aussi sont fabriqués par Hân et si les vêtements ne sont pas donnés (tout est fabriqué dans un esprit "prêt à porter" en petite quantité), les colliers et bracelets sont très accessibles et merveilleusement gracieux.
Edit2: Ce que j'aime aussi dans les créations d'Hân, c'est qu'elle ne cède pas à la tendance pseudo "rock" quasi obligatoire désormais chez les nouveaux stylistes. Tout ne me correspond pas dans ce qu'elle fait mais il y a une authenticité qui me plait par dessus tout, une identité qui est la sienne.