Ces derniers temps avec le docteur Zermati, on ne parle pas vraiment de nourriture. Et en même temps, on ne parle que de ça. Pour la bonne raison qu'on se concentre sur les émotions.
Je ne vais pas vous faire un cours sur la pleine conscience, j'aurais du mal, je crois, parce que je ne maitrise pas vraiment le concept. Mais en gros, l'idée, c'est, lorsqu'on fait face à une situation désagréable, éprouvante, ou tout simplement un moment d'ennui (générateur chez moi d'une envie de manger quasi automatique), de s'arrêter cinq minutes pour "observer" cette émotion.
Pas pour tenter de la combattre ou de la chasser. Pas dans le but de se relaxer ou de se détendre (ce serait finalement une tentative d'évitement). Juste constater qu'à un instant T, on est angoissé, en colère, triste, désoeuvré ou même heureux (y'en a que ça pousse à bouffer, le bonheur) (moi ça me donne envie de fumer).
Dit comme ça j'ai bien conscience que ça semble un peu con. Voire new-age mes couilles.
Et franchement, s'il est quelqu'un qui ne marche pas dans les trucs new-age, c'est moi.
Et pourtant, ça fonctionne. A savoir qu'en général, le fait, donc, d'observer l'émotion et ses manifestations physiques (estomac qui se serre pour l'angoisse, coeur qui bat plus vite pour la colère, yeux qui se mouillent pour la tristesse, etc) et les envies qui en découlent (manger, frapper, crier, fumer, boire), sans essayer de les contrer, ça a pour effet... de les faire disparaitre. "Parce que le propre d'une émotion, c'est qu'elle n'est pas faite pour durer. Et que ne pas la combattre c'est finalement la meilleure façon de la laisser s'envoler", m'explique docteur Z. Peut-être aussi parce qu'à se poser en observateur de ce qu'on éprouve, on n'est plus en train de subir, on est moins submergé, on retrouve une liberté de mouvement perdue quand on succombe à la compulsion.
J'avoue que je tatonne, je ne saurais pas être plus explicite. Mais il y a quelques jours, j'avais à faire face à une situation qui m'angoissait particulièrement. Comme je ne peux pas non plus me gaver de béta-bloquants dès que je dois parler à une personne qui m'est hostile ou qui m'impressionne, j'ai tenté de suivre cette drôle de méthode. J'ai senti mes mains moites, le poids dans mon ventre, le début de tachycardie. J'ai observé tous ces phénomènes désagréables avec la curiosité d'un étudiant en médecine ou d'un témoin d'une scène de crime. Sans essayer d'arranger les choses par de pathétiques exercices de respiration abdominale (qui me collent à tous les coups en hyperventilation ce qui n'arrange pas mes problèmes).
"J'ai peur et je me sens mal", je me suis dit, à quelques secondes d'entrer dans l'arène.
Et puis le face à face redouté est arrivé. Et sans que je puisse expliquer pourquoi ni comment, j'étais là, en pleine possession de mes moyens. La crise de panique était passée. Envolée. Disséquée.
Je n'essaie pas de vous convaincre, je vous fais simplement part de ce petit pas que j'ai l'impression d'avoir fait, qui n'a donc rien et tout à voir avec mes compulsions alimentaires. Parce que chez moi, donc, les émotions riment souvent avec des allers-retours dans la cuisine. La prochaine fois, je m'arrêterai cinq minutes sur le pourquoi et le comment de ce qui me pousse à ouvrir la tablette, qui sait...
Salut.
Edit: La photo ce sont les yeux noirs de colère de ma grande, c'est ce que j'ai trouvé de mieux pour illustrer une émotion, on m'excuse, hein.