Cette semaine à Doha, outre le fait qu'elle m'angoissait pour x raisons déjà énoncées, était pour moi une sorte de passage initiatique dans ma longue quête de la sérénité alimentaire. Depuis un peu plus d'un an que je zermate au quotidien, c'était, avec mon séjour en compagnie de belle-maman, un des plus gros challenges auxquels j'ai pu être confrontée
Pourquoi ?
Parce que buffet illimité.
Le buffet illimité, pour toute personne ayant souffert dans sa vie d'hyperphagie, c'est le mal, la porte ouverte à toutes les fenêtres, le goinfrage assuré, l'assurance de partir en sucette dès l'entrée. Et là, c'était donc open bar de la bouffe le matin, le midi et le soir. Ainsi que le reste du temps, la salle de presse étant ravitaillée en délicieuses saloperies tout au long de la journée. Ah ça pour te gaver, les Qataris ils sont au taquet.
Putain de sens de l'hospitalité.
D'autant que les bougres, ils savent cuisiner. Je confirme d'ailleurs que de semoule il n'y avait pas, par contre au niveau de l'houmous, du caviar d'aubergines, de la pita chaude, du tzatziki double crème et des kebabs, c'était l'abondance pétrolière. Même chose pour les desserts, gâteaux libanais en série ET douceurs occidentales n'ayant rien à envier aux meilleures patisseries de par ici. J'ai notamment mangé un cheesecake aux fraises à tuer mémé dans les orties.
Et je ne parle pas des oranges pressées - ils avaient à priori décimé une dizaine d'orangeries marocaines pour l'occasion - servies à toute heures, quand ce n'était pas du jus naturel de melon, d'ananas, de goyave ou de mangue.
Bref on m'aura comprise, pays de cocagne et abondance, toutes ces choses.
L'angoisse du gardien de but devant ses cages n'est rien comparée à celle que j'ai ressenti au premier petit-déjeuner quand mon regard a croisé celui de l'employé du Hyatt chargé de préparer les pancakes à la demande.
La semaine dernière, donc, c'était mon baptême du feu du all inclusive. Il faut dire que j'ai en souvenir quelques week-end pendant lesquels j'ai réussi l'exploit de revenir lestée de 4 ou 5 kilos. Je ne parle pas malheureusement de ma valise. Et là, je ne saurais pas trop comment l'expliquer mais rien, nada, pas un gramme.
Enfin je ne dis pas que je n'ai pas le début d'une explication.
Les oranges pressées.
On ne s'étend pas.
Mais même. Le fait est que j'ai goûté à tout ce qui me faisait envie mais sans m'empiffrer. Au petit déjeuner, j'ai réussi à ne pas boulottter douze pancakes, trois brioches et quatre omelettes. Sans parler des saladiers d'oréos que je n'ai même pas touchés. Je ne me suis pas privée, je n'ai pas passé mes journées à fantasmer sur tout ce que je n'avais pas goûté. Et je n'ai - presque - pas culpabilisé de ce que j'avais avalé. Attention, je ne dis pas non plus que mon carnet alimentaire - que je n'ai pas tenu mais on me comprend - aurait fait bander Dukon, hein. Un soir, pour accompagner mon cosmopolitan au Dunes bar, je pense avoir croqué compulsivement 278 noix de cajou soufflées (un truc de malade, j'en rêve encore). Mais après, au buffet illimité, the famous one, je me suis contentée de quelques grammes d'houmous pour accompagner mes comparses. Sans même y penser.
Je ne crie pas victoire, de la même façon que je serai toujours fumeuse - d'autant plus en ce moment où je suis malheureusement au top en la matière - je crois que je serai toujours susceptible de noyer mon mal-être, mes angoisses et même mon bonheur dans tout aliment contenant du chocolat, du beurre ou du sucre. Mais jusqu'ici, tout va plutôt bien, ma satiété, je la tiens et je ne la lâche pas.
A suivre, Noël et ses mille et une tentations approchent à grands pas...