J'avais envie d'écrire un up and down. Je vous aurais parlé de ce foulard merveilleux acheté pour trois francs six sous chez H&M (avec pour l'accompagner un blouson en skaï à capuche à mourir et un jean qui me fait un cul pas dégueu). J'aurais vanté les mérites de ce produit magique de chez Mavala qui fait sécher les ongles en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Je vous aurais confié mon addiction totale aux bagels avocat/turkey/saint moret en cette semaine child free. J'aurais mis un gros down à cette météo de merde qui m'enlève tout courage pour aller courir (j'déconne). J'aurais glosé sur ce pauvre Polnareff dont le message sur facebook annonçant que son fils n'était pas le sien était si pathétique que 98% des internautes étaient prêts à jurer que c'était un fake. Le message, pas le fils. J'aurais enfin mis sur la table un sujet de première importance: les bonbons Arlequins si déicieux mais qui niquent le palais et me collent des aphtes.
On aurait souri (un peu), pleuré (sûrement), fait des oooh et des aaaaah d'émerveillement et on se serait souhaité une bonne journée.
Sauf que je n'y suis pas arrivée, à le rédiger correctement, ce billet.
Parce que je ne parviens pas à caser au milieu de ces légèretés le seul énorme down qui me semble compter cette semaine.
Je veux parler bien évidemment des massacres affreux perpétrés en Libye. Par celui, qui, il y a trois ans encore était l'ami de notre président (attends, vous avez vu cette poignée de main chaleureuse ? On sent presque une tension sexuelle que c'en est gênant).
Cet étron qui appelle le mari de MAM, accessoirement ministre lui aussi, "mon frère". Ce malade mental dont le visage est plus tiré qu'un string, à qui notre grand homme d'Etat de président avait offert en 2007 une petite balade romantique sur la Seine en bâteau mouche, fermant pour ce faire tous les ponts de la capitale. Ce tyran qui soit-disant avait tourné la page du terrorisme ("ayé, je ne mets plus de bombes dans les avions, vous revenez jouer avec moi, mes potos ?") et qui allait permettre à la France de se relever de la crise grâce à tous les rafales qu'il allait nous acheter. Cet homme plus innocent que l'agneau qui vient de naitre auquel la France allait aussi vendre deux ou trois réacteurs nucléaires (civils, hein, bien sûr) (aie confiaaaaance).
Oui, Kadhafi, donc, qu'on a reçu en grande pompe chez nous quelques mois après la sauterie du Fouquets est aujourd'hui l'homme à abattre. Nicolas Sarkozy l'a annoncé hier: il veut que TOUTE L'EUROPE (pas que la France, hein sinon c'est pas du jeu, faut qu'on s'y mette tous, il a dit, le roi du G20) cesse immédiatement toute relation diplomatique et économique avec ce chien. Moi sur le principe, bien sûr, je ne suis pas contre. Voire je plussoie.
Mais franchement, ça ne passe pas.
Je veux dire, comment peut-on être à ce point cynique ? Comment peut-on continuer à affirmer sans ciller tout et son contraire de la sorte ? N'y a-t-il pas un moment où il faut rendre des comptes ? N'avons nous pas notre mot à dire dans la façon dont ce gouvernement et ses sbires souillent notre image à nous, citoyens, pas parfaits, pas toujours honnêtes, mais qui n'avons JAMAIS demandé à ce que cet être immonde vienne planter sa tente dans la cour de l'hôtel Marigny ? Ni voulu que notre bécassine de ministre des affaires étrangères propose ses bons services pour former dans l'urgence au maniement du taser les policiers de Ben Ali ?
A quel moment nos dirigeants devront se justifier et s'amender ? Aura-t-on la chance un jour d'en entendre un s'excuser ?
Jamais, je le crains.
Quand le temps sera venu, on nous démontrera qu'ils sont devenus vieux et séniles et qu'il faut laisser les personnes âgées tranquilles. Si ça se trouve, on sera 62% à les trouver sympathiques, maintenant qu'ils sont tout juste bons à boire une demi-corona au salon de l'agriculture en tapant le cul des vaches.
Ce n'est même pas un grand cri, aujourd'hui, que je pousse, c'est à peine un soupir. Mon souffle est court devant tant d'indécence.
Salam.