L'anniversaire de tes enfants, c'est la double peine. A savoir que tu te traines la misère toute la journée, confrontée que tu es à la réalité du temps qui passe (putain, onze ans) mais qu'en sus, il est impossible d'échapper à la corvée de l'année: la fête avec les copains.
Je rectifie: quand tu as eu la bonne idée de pondre des jumeaux, tu prends carrément perpète. Je reviendrai sur les immondes tractations de mon fils plus élaborées chaque année pour m'arracher la permission d'inviter non pas les CINQ amis réglementaires mais six, puis sept, puis dix. Là n'est pas le sujet.
Le sujet c'est qu'hier, tout à notre joie de cet anniversaire simple mais chic (bagels et gâteaux achetés à l'arrache à la boulange) (wild attitude) (je rêve depuis deux semaines de caser "wild" dans un billet, ne cherchez pas), nous avons devisé gaiement sur ces futures agapes.
Qui prendront cette année la forme d'une boum. (deux tranxènes avec ma margharita, merci).
Tout se passait bien quand ma fille s'est écriée subitement qu'il était urgent de commencer à ranger l'appartement.
"Pas question que mes amis voient à quoi ressemble ma maison, j'ai trop honte".
Je préparais une réplique bien sentie sur fond de petits enfants qui n'ont même pas un toît au dessus de la tête et parfois ni papa ni maman voire (je te jure ma chérie ça existe) pas d'Ipod touch (je sais que ça n'a pas de rapport avec le désordre supposé de ma demeure mais ne jamais perdre une occasion de rappeler à ta progéniture qu'elle est privilégiée et que tu peux arbitrairement décider de sucrer leur Ipod touch), quand son frère a volé à mon secours:
- Non mais attends, t'inquiète, c'est bon, de toutes façons, nos copains, ils ne seront pas surpris, ils savent très bien comment on est...
On peut appeler ça de l'évitement mais j'ai préféré ne pas l'encourager à préciser ce qu'il entendait exactement par "comment on est". Ce qui m'inquiète le plus à vrai dire c'est l'air absolument sincère qu'il affichait, convaincu d'avoir prononcé les mots qui consolent, quoi. Non seulement mon fils s'apprête à vivre dans une porcherie sans que ça lui pose le moindre problème mais il aura très certainement d'énormes soucis conjugaux s'il persiste dans cette technique de réconfort.
Depuis, je suis au taquet et range tout ce qui me passe sous la main.
(grain de sel du churros: "Tu ne ranges, pas tu déplaces tes tas")
Ça se précise, cette histoire du pain blanc qu'on aurait déjà pas mal boulotté.