A défaut d'être influente, je suis influençable. Dotée de la personnalité d'une marguerite quand il s'agit de choisir mes vêtements, je tombe régulièrement dans les pièges tendus par les rédactrices de mode ou autres blogueuses, capables de me convaincre que je ne vais pas pouvoir vivre cet été sans jupe longue fushia/ chaussures ethniques/ slim jaune ou cargo rose.
Je suis donc l'heureuse détentrice de plusieurs it des saisons passées, au nombre desquels deux ou trois sarrouels, un pantalon en liberty qui ressemble à un pyjama, ou encore - si - un combishort en coton transparent, merci American Vintage.
A chacune de mes acquisitions, je me pavane devant le churros, persuadée qu'il va se pâmer. Sauf que le churros en matière de mode est... basique.
A savoir que les sarrouels lui évoquent immédiatement un accident intestinal, qu'il interprète le port d'un boyfriend jean comme un avertissement sur le mode "j'ai mes règles, no sex" et qu'il est sincèrement convaincu que les sandales compensées sont à visée orthopédique.
Quand je lui demande, avant une soirée, comment il voudrait me voir sapée, c'est la même réponse depuis 15 ans: "ta robe noire, tu sais, qui te fait des seins énormes ?". La robe noire en question, j'en parle aujourd'hui sur "La taille mannequin c'est démodé", donc je ne m'étendrai pas sur la question, si ce n'est qu'à la vérité, je l'aime bien aussi.
Il y a pourtant une variante à sa réponse.
"Une robe chemisier, t'as pas ? Tu sais, comme celle que tu avais..."
... quand on s'est rencontrés. Un genre de blouse d'infirmière, bleu foncée, trouvée à dix francs six sous. Je m'en souviens comme si c'était hier, je le revois dans ce petit village du Portugal la déboutonner fiévreusement alors que nous nous perdions dans les ruines d'un château abandonné. Un jour je n'ai plus réussi à entrer dedans, j'étais enceinte. Et puis elle s'est usée et a fini de sa belle mort de robe à pas cher.
L'année dernière, j'ai trouvé sa cousine, moins ajustée, moins infirmière, plus Monica Vitti selon lui, une robe chemisier noire, dans laquelle je me trouve aussi sexy qu'une femme de pasteur protestante. Pourtant, le churros, il a des vapeurs quand je la mets, je ne sais pas, probablement le côté "bien sous tout rapport mais culotte apparente dès que je m'assieds". Ou alors, peut-être qu'il a compris, lui, que c'est ça, mon style. Ou tout simplement, c'est le souvenir de ce que nous étions quand je portais la bleue de mes vingt ans...
Alors quand j'ai envie qu'il me regarde avec la même concupiscence que dans cette ruelle blanchie à la chaux un après-midi d'août au pays des azulejos, je laisse au rebus tous ces indispensable tellement 2011 vantés dans les Elle et Grazia, et je lui sors le grand jeu, en robe chemisier.
Et guess what ? Ça marche.
Un homme, parfois, ça n'est pas si compliqué.
La robe est une Comptoir des cotonniers, achetée en soldes l'été dernier, au cas où la question serait posée.