Alors je vous avais promis une liste de bouquins pour l'été, la voici. J'ai essayé d'en mettre un peu pour tous les goûts, sachant que j'aime bien, moi, sur la plage ou dans un transat à l'ombre d'un palmier/citronnier/figuier, me délecter de lectures... faciles.
J'entends par là que si vous voulez du long et fastidieux, ce n'est pas nécessairement ici que vous le trouverez, pas à cette époque de l'année. Ce qui ne signifie pas non plus que je vais vous conseiller le dernier Kinshella, je n'en ai jamais acheté. Par contre, je pense m'octroyer un ou deux plaisirs coupables, le Candace Bushnell cuvée 2011 par exemple.
Bref, voici ce que j'ai aimé dernièrement ou il y a bien longtemps d'ailleurs (du coup, pof, quelques poches, ce qui n'est pas négligeable pour le porte monnaie). Liste non exhaustive et totalement subjective, évidemment.
Quand souffle le vent du nord, Daniel Glattauer. J'étais passée complètement à côté l'année dernière alors que ça fut visiblement un best seller. Dans le genre lecture facile, ça se pose là. Mais du easy reading de qualité. Vous avez aimé "You've got a mail", avec Meg Ryan quand elle n'avait pas entamé sa mue de galinacé ? Vous adorerez ce roman épistolaire entre Emmi et Léo. C'est écrit par un Allemand, et ça se sent, ne serait-ce que parce qu'il est question, souvent, de boire une bière. Cet échange de mails entre deux inconnus rappelle aussi le fameux cercle des épluchures de patates, que j'avais adoré, bien que consciente qu'on était loin de Choderlos de Laclos. Là, idem, c'est léger mais pas prétentieux et personnellement, j'ai couru acheter la suite à peine le livre terminé, parce que merde, ils vont finir par conclure ou bien, ces deux là ? Et la suite est chouette aussi, "La septième vague", ça s'appelle. L'auteur s'essoufle un peu sur la fin, mais pas tant que ça. Deux romans à l'eau de rose, donc, mais un peu piquante, la rose. Tout ce que j'aime.
La délicatesse, David Foenkinos. Pareil, complètement passée à travers les gouttes de la foenkinosmania. Et puis ma copine Sarah m'a convaincue, me promettant que j'aimerais. Et ce fut le cas. Rarement titre a tant correspondu au propos. Cette histoire d'amour qui survient après un deuil dont l'héroine pense qu'elle ne se remettra jamais m'a émue. Markus, suédois de son état, anti-héros comme on peut en voir dans les comédies anglaises ou les romans de Jaenada, distille subtilement sa délicatesse et de page en page, on en tombe nous aussi amoureuse. Dans la foulée, j'ai aussi lu "Nos séparations". J'aurais peut-être dû faire une pause, je l'ai apprécié également mais il m'a semblé finalement que ces deux romans se ressemblaient beaucoup. J'attends d'en lire un troisième pour voir si cette impression persiste ou si l'auteur parvient à se renouveler malgré tout. Il n'en reste pas moins que "Nos séparations" vaut aussi le coup, hein !
Les neuf dragons, de Michael Connelly. Bon, Connelly, comme Lehane ou Vargas, fait partie de ces auteurs dont j'achète systématiquement la dernière livraison. Si j'avais été plutôt très agréablement surprise par le précédent (alors que celui d'avant ou d'encore avant était plus que médiocre), celui-ci est plutôt dans la moyenne basse de sa production. Mais que voulez-vous Harry Bosch, je le kiffe, c'est comme Adamsberg, même en petite forme il m'emmène avec lui (il me fait des choses dans la culotte aussi). Et là, Harry est très en colère, parce que sa fille a été kidnapé par une triade chinoise à Hong-Kong. Harry en colère, whoo, encore plus de choses dans la culotte. Pas indispensable, à réserver aux entichées de Bosch...
En un monde parfait, de Laura Kasischke. Depuis que j'ai découvert cet auteur américaine, je lis tout d'elle. Et celui-ci est encore plus sombre que les précédents. D'habitude, elle entretient l'illusion un moment avant de vous faire basculer de la banlieue tranquille au drame sordide. Là, très vite, on sait qu'on ne va pas se marrer. Il est question d'une charmante hôtesse de l'air qui épouse le pilote le plus graou de la compagnie. Et qui très vite s'aperçoit que dans la corbeille de la mariée, il y a trois enfants d'un précédent mariage. Surtout, le prince charmant est forcément bien moins graou que prévu. Sans compter que sévit aux Etats-Unis un étrange virus qui tue tout ce qui bouge. Si vous avez aimé la Route et que vous vous délectez des atmosphère "fin du monde", foncez. C'est assez terrifiant mais l'écriture est ciselée, les personnages subtils et bien que flirtant avec le roman catastrophe, Laura Kashishe a cette capacité de nous y faire croire qui rend le roman terriblement réaliste.
Le diner, d'Herman Koch. Encore un roman allemand. Une histoire à la Festen, la tension qui monte entre deux frères qui sont à table avec leurs épouses pour une raison bien précise et qui évitent soigneusement d'aborder le sujet qui va nécessairement faire exploser cette soirée apparemment parfaite. D'autant que très vite les inimitiés entre les deux frères sont déterrées et qu'on sent que le "problème" dont ils doivent discuter est loin de pouvoir se régler facilement. Pas gai, mais bien ficelé.
La balade de Lila K, de Blandine Le Callet. J'avais apprécié "Une pièce montée" comme on aime une petite comédie romantique française, agréable sur le moment, ne laissant pas grand chose en bouche par la suite. Là, l'auteur est montée d'un cran. Qu'il s'agisse du style ou de l'intrigue. Là encore, tout se passe dans un futur assez lointain. Il y a quelque chose de "Bienvenue à Gattaca" dans cette histoire d'orpheline arrachée par la police de la bienséance à sa mère et qui se bat contre les règles d'une société aseptisée, dans laquelle il est mal vu de ne pas se masturber une fois par jour mais où les enfants ne doivent surtout pas venir au monde s'ils ne sont pas génétiquement parfaits. C'est une très belle histoire d'amour, une quête de la mère idéale et une critique à peine voilée des dérives sécuritaires de notre monde actuel. Un beau roman que le churros aussi a adoré.
La couleur des sentiments de Kathryn Stockett. Je l'ai déjà évoqué ici mais brièvement, j'en remets une couche, c'est selon moi le livre de plage idéal. Bien écrit mais se lisant aussi facilement qu'on sirote un mojito après une chaude journée. Il y a un peu d'Autant en emporte le vent dans cette histoire de nannys noires qui décident avec une jeune Blanche de raconter la façon dont elles sont traitées par les mères des enfants qu'elles élèvent. L'histoire se passe juste avant que Martin Luther King fasse son rêve. Difficile de ne pas pleurer à la lecture de certains passages, difficile de ne pas avoir honte en tant que blanche, de ce qui fut infligé à ces femmes pendant des décennies. Mais on rit aussi, beaucoup, parce que les nannys ne sont pas des oies blanches - hin hin hin - non plus. Voilà, je ne crie pas au chef d'oeuvre, c'est assez romancé malgré tout, mais j'ai passé un moment merveilleux avec Minnie, Abeilein et Skeeter.
L'absence de l'ogre de Dominique Sylvain. J'ai déjà parlé des polars de cet auteur, publiée dans la même maison que Fred Vargas. Je crois, au risque de faire bondir les afficionados de la Vargas, que je préfère le style de Dominique Sylvain, qui bien que jouant avec les mêmes codes que sa collègue (histoires truculentes et parisiennes, personnages atypiques et hauts en couleur, intrigues poétiques et littéraires, histoires d'amour bancales, etc), n'a pas fini par tomber, comme je l'ai ressenti avec Vargas, dans une caricature d'elle même. Celui-ci est particulièrement bon je trouve, il met en scène Lola Jost, vieille commissaire obèse à la retraite et Ingrid, masseuse et stripteaseuse américaine, détective à ses heures perdues. Elles partent à la recherche de l'étrangleur de Montsouris, qui ne serait, d'après la police, autre que Brad Arcenaux, un jardinier américain à la stature d'ogre. Mais Ingrid ne peut pas y croire, elle qui a connu Brad dans une autre vie et qui pourrait le jurer la tête sur le billot: c'est le plus tendre des hommes...
Voilà mes conseils pour cette année. Evidemment, ne vous gênez pas non plus pour lire tous les Jay Mc Inerney, les Michel Tremblay, les Nancy Huston, les Siri Hutsveldt, les Philippe Jaenada ou encore les Emmanuel Carrère. Et n'hésitez pas non plus à aller fureter dans les billets bouquins précédents, je ne renie aucun de ceux que j'ai pu vous conseiller...
Et aussi:
(Non en 2009 je ne branlais pas le boeuf, juste j'ai fait plusieurs chroniques bouquins durant tout l'été au lieu d'en faire une seule).
Ah et bien évidemment, ce billet, comme chaque année, est destiné à vous permettre à vous aussi de partager vos coups de coeur et à m'avertir des incontournables !
Edit: Certains de ces bouquins m'ont été donnés sous le manteau par ma dealeuse de bouquins, C. Je l'en remercie et trépigne à l'idée de commencer ceux gracieusement offerts hier !