Cette semaine est un peu particulière, je la passe seule à Paris. Je crois que cela ne m'était pas arrivé depuis la naissance des grands, de disposer ainsi de cinq jours en solo. Souvent, les enfants s'en vont chez mes parents, mais nous restons ensemble avec le churros. Là, non, je suis livrée à moi même, sans autre contrainte que le boulot qu'il me reste à faire avant notre départ en Corse dimanche.
Je n'avais pas vraiment prévu cet interlude, il s'est décidé un peu brusquement, à la faveur d'une semaine supplémentaire de congés accordée au churros au dernier moment. Je m'étais organisée de mon côté et il m'était difficile du coup de changer mes plans.
Pas prévus, pas vraiment désirés et en même temps, je prends ces jours silencieux dans cet appartement devenu subitement trop grand pour ce qu'ils sont: l'occasion de vivre à mon rythme, de manger comme bon me semble des choses préparées en trois minutes, d'éteindre la lumière à 3h du matin après avoir avalé un bouquin d'un seul trait ou d'aller, au débotté, écouter Ambre chanter*.
Il ne faudrait pas que cela s'éternise, je ne suis plus habituée à n'entendre résonner que mes propres pas dans mon salon et le soir, quand plus une lampe n'est allumée, le moindre bruit me parait suspect. Mais je ne boude pas cette éphémère liberté. Et puis la solitude est un état qui ne me déplait pas. Je ne suis pas fille à s'ennuyer, encore moins lorsque j'ai dans mon ordinateur trois saisons de Mafiosa. (mmmmm... Thierry Neuvic)
Je crois que le plus difficile finalement, c'est d'entendre leurs voix à tous dans le combiné, pleines de rires et de bombes dans la piscine, de glaces mangées sur le port et de tours de manège. Pas assez, dans ces voix, du manque que j'éprouve, moi, pour eux. Je me déteste de regretter qu'ils ne soient pas un peu tristes et je me méprise de me poser cette question: se pourrait-il qu'ils puissent vraiment se passer de moi ? Combien de jours et de nuits faudrait-il pour que Rose me réclame ?
"A la seconde où tu les conçois, tes enfants commencent lentement mais sûrement à se séparer de toi", m'avait un jour dit une amie psy. Cette phrase m'accompagne depuis et prend, jour après jour, un peu plus de sens...
* Amber and the dude c'est ce soir à L' Espace B, 16 rue barbanègre , Paris 19ème, 19h30