Je crois que rien que pour ces moments là je ne regretterai jamais d'avoir décidé de bosser chez moi. Pour ces soirs où je vais chercher Rose à l'école. Une expérience que je découvre presque, tant cela fut rare lorsque les grands avaient son âge. Je les apprécie tellement d'ailleurs, ces instants, que j'ai déjà décommandé deux fois la nounou pour y aller à sa place. Dans ce cas, je me débrouille pour arriver la première derrière la porte de sa classe et la regarder par le hublot. Son sourire quand elle m'aperçoit, ses dents comme des perles, avec ce petit trou qu'on dit du bonheur, je ne sais pas comment l'exprimer. C'est bon, si bon que je crois que ça me fait presque un peu mal.
On sort de l'école, on remonte l'avenue d'Italie et on s'arrête devant la petite boulangerie, celle qui vend les meilleurs croissants du monde. Là, munie de ses dix centimes, elle choisit toujours les deux mêmes bonbons. Une fraise et une banane. Quand elle ressort, son petit sachet à la main, je pourrais la croquer avec autant d'appétit qu'elle ses haribos.
En général, après, elle me pète bien les couilles et je regrette un peu d'avoir annulé la nounou. Mais ça, je ne m'en souviendrai sûrement pas dans dix ans.