La dernière fois, avant un rendez-vous où j'étais en avance, je suis entrée chez Damart à Châtelet. Depuis un moment déjà je voulais essayer ces maillots de corps qui soit-disant tiennent si chaud que froid, moi, jamais.
Et bien laissez-moi vous dire que choisir un Damart c'est drôlement compliqué. Ça m'a rappelé l'épisode du duvet pour le machin qui partait en colo. Où comment être frappée du syndrôme décisionnel : est-ce que je prends celui qui protège du froid niveau 4, au risque de transpirer méchamment ou bien je privilégie une protection moindre, plus confort à Paris mais d'aucune utilité au cas où je m'envolerais de manière impromptue à Stockholm (on sait jamais).
Et au niveau de la coupe, manche longues ou manches courtes ? Et pourquoi pas ce débardeur noir, tout con, si con qu'on dirait pas un damart ? En même temps, avoir chaud au ventre certes ça compte, mais si les épaules ne sont pas couvertes, est-ce que ça marche quand même ?
Et question style, est-ce que j'y vais à fond en privilégiant les modèles mamie à dentelles - tellement 2012 - (non ?) ou je joue la carte de la sobriété (tellement Ines, mais si, Ines, l'auteur de cette si profonde réflexion, "quand on est au Bon marché, on a l'impression que rien ne peut nous arriver" (euh,si, un découvert ?)).
Mon cerveau a fumé, je me sentais perdue dans les méandres du doute. Finalement, l'heure de mon rendez-vous approchant, je me suis pointée à la caisse avec l'équivalent du PIB de San Marin en tricots de corps. Comme toujours, dans l'hésitation j'avais pris un peu de tout. Ce n'est pas comme si on vivait l'hiver le plus doux depuis 1956 ou comme si on nous prédisait de toutes façons un réchauffement climatique inexorable.
J'étais en train de me demander si je n'allais pas tout reposer et repartir en loucedé (ça m'arrive souvent dans les magasins à vrai dire de laisser tomber à deux secondes de payer, l'angoisse du gardien de but devant la machine à carte bleue, j'imagine) (ou une révélation soudaine: je n'ai pas VRAIMENT besoin de ce quatorzième jean qui en plus me fait un gros cul), quand trois vieilles dames ont commencé à me brancher. "C'est votre premier damart ?" m'a interrogée la première, une sorte d'excitation fébrile dans les yeux. Alors que j'acquiescais, la seconde s'est presque jetée dans mes bras pour me féliciter, pendant que la troisième me faisait jurer de ne surtout pas les repasser, "ça fiche en l'air le principe actif ma petite fille". "Mais à part ça c'est increvable. Et on ne peut plus s'en passer. 23 ans que je viens tous les ans", a-t-elle murmuré comme on livre un secret inavouable. "Et puis c'est ravissant, non ?", a renchéri la plus coquette, entrouvrant, rougissante, sa chemise pour me montrer son caraco en dentelle vintage, cuvée 1978.
Après cette intronisation en grande pompe vous imaginez bien qu'il m'était impossible de me débiner.
Depuis, il fait 22° en moyenne à Paris et je pourrais limite ouvrir une sucursale de vente de thermolactyls dans le 13è.
Mais peu importe, je fais désormais partie du crew Damart et ça je peux vous dire que c'est tout de même autre chose que de posséder des bottes à franges Isabel Marant.
Edit: Photo prise accidentellement par Rose et qui m'évitait de vous en coller une de moi en tricot de corps. La veste sans manches que je porte est une de ces pièces (monop, what else) qui ne servent pas à grand chose (pas assez chaude en hiver et trop le reste du temps, sauf par miracle quand il fait environ 14°, ni plus ni moins) mais dont je ne me lasse pas tant j'ai l'impression qu'elle me donne un style hyper pointu (c'est en général le cas des trucs sans manches, non ?) (surtout quand ce sont des trucs CENSÉS avoir des manches).
Edit2: il me vient à l'esprit qu'on pourrait imaginer que ce billet fusse une commande sponsorisée. Que nenni.