Hier je suis allée faire mes photos pour mon passeport. C'était la première fois je crois que j'avais affaire à un photomaton qui me donnait des consignes - = qui m'aboyait après - pour que les clichés soient conformes aux règles de la République. Une expérience à part, quand même: Dégagez votre visage. Faites en sorte que vos cheveux ne dépassent pas du cadre. Enlevez vos lunettes. NE SOURIEZ PAS.. N'ouvrez pas la bouche. PRENEZ UNE EXPRESSION NEUTRE. ATTENTION NE SOURIEZ PAS. Forcément, à la première pose j'ai souri. Après, je me suis demandé si ma frange sur le côté pouvait être perçue comme une tentative de masquer mon visage. Je l'ai coincée derrière mon oreille. Je me suis dit que si je pouvais coincer ma frange derrière mon oreille, c'était que je n'avais pas vu Michel depuis trop longtemps. J'ai réalisé que j'allais devoir supporter ma tronche pendant dix ans avec une frange derrière l'oreille ET des racines. Je me suis demandé si une fois ma blondeur retrouvée je ne serais pas dans l'illégalité au regard de cet ombré hair totalement involontaire que j'arborais sur ces photos. Mes pensées tellement idiotes m'ont fait sourire. TCHI TCHAAA. Pile au moment où l'appareil m'a flashée. J'ai rappuyé sur le bouton parce que cette version ne me convenait pas. J'ai recoincé ma frange. J'ai vérifié que mes cheveux ne dépassaient pas du cadre. Ils dépassaient. J'ai envisagé un chignon vite fait. Je me suis interrogée quant à la légalité du chignon. J'ai fini par cacher mes cheveux derrière mon dos. J'ai pris une expression neutre. J'ai pris une expression tellement neutre que sur le cliché on aurait dit Florence Cassez. J'ai tenté le sourire avec les yeux. Ça m'a fait loucher. La machine a hurlé NE SOURIEZ PAS. J'ai repris une expression neutre, j'ai coincé ma frange derrière mon oreille, j'ai vérifié que le fond n'était surtout pas blanc parce que sur Internet ils disaient qu'il ne fallait surtout pas un fond blanc. Je me suis demandé pourquoi il fallait un fond gris ou bleu mais pas blanc. J'ai tellement réfléchi que j'ai ouvert la bouche. J'ai repris une expression neutre. J'ai constaté que j'avais un cerne très développé sous mon oeil gauche. Je me suis demandé si on disait un cerne ou une cerne. Je n'ai pas trouvé mais cette fois-ci je n'ai ni ouvert la bouche ni souri. L'appareil a flashé au moment où ma frange est tombée de derrière mon oreille. J'ai décidé de braver l'admnistration et de garder celle là parce qu'en fait, quand je coince ma frange derrière mon oreille, on ne voit plus qu'une chose: mes oreilles décollées.
Quand les photos sont sorties j'ai constaté que j'avais finalement tort de détester mes lunettes. Parce que sans, je ressemble à mon grand-père. Je crois qu'à tout prendre je préfèrerais ressembler à ma grand-mère.
Bref, j'ai fait un photomaton.
Pour un passeport qui ne me sera certainement pas délivré à temps pour que nous puissions faire enfin péter le voyage de noces, cinq ans après notre mariage.
A part ça, j'aime...
J'aime cette réponse de Claude Halmos dans Psychologies Magazine à une question de Rose, réponse qui tombe je trouve vraiment à pic. Et dont la justesse m'a fait pleurer (mais ça n'est pas un critère, je pleure beaucoup). Si vos enfants vous posent ce genre de colles, transmettez les moi et je les ferai passer, Claude Halmos est souvent en quête d'interrogations de petits. Elle en reçoit beaucoup d'adolescents, mais moins des plus jeunes.
J'aime ces photos d'Ambre et le fait qu'elle soit venue mercredi dernier déjeuner avec nous comme au bon vieux temps. J'aime l'idée que d'ici quelques semaines, quatre titres sortent enfin. Un EP, ça s'appelle.
J'aime cette proximité qu'ont mes filles. Je croise les doigts pour qu'elle ne s'efface jamais.
J'aime mes UGG, parce qu'elles sont moches, parce qu'elles me tiennent chaud et parce qu'à chaque fois que je les regarde je pense à Istanbul, à ce petit magasin où je les ai achetées pour presque rien. Je crois qu'Istanbul reste à ce jour un des souvenirs les plus merveilleux de ma vie.
J'aime le souvenir de ce cri perçant dimanche matin, d'une Rose éberluée par les trois flocons qui tombaient. Cette joie de la neige, c'est quelque chose qui définit si parfaitement l'enfance que j'en ai eu mal. (j'ai pleuré)
J'aime enfin Les hommes de l'ombre, la série de France 2 qu'on peut regarder légalement en streaming. Bruno Wolkowitch est probablement ce qui se fait de plus chaud sur le petit écran, juste avant Grégory Fitoussi, que je kiffais déjà dans sous le soleil (il était le seul à jouer correctement) et que je surkiffe dans Engrenages. Bon par contre on a perdu Nathalie Baye. Non parce que si cette femme à l'air constamment éberlué et à la diction rendue difficile par l'injection massive de botox dans ses sillons naso-géniens est réellement Nathalie Baye, que je sois foudroyée.
Bonne journée.