Que dire sur ce drame de Toulouse qui puisse apporter quoi que ce soit aux analyses psycho-criminalo-médiatico-politiques des ces deux derniers jours ? Pas grand chose je le crains, si ce n'est que c'est abominable, qu'on ne sait pas pourquoi, qui, comment. Un déséquilibré en plein délire psychotique ? Un terroriste mu par une cause étrange qui lui dicterait de dégommer des musulmans, des enfants juifs mais aussi un militaire antillais ? Un fanatique d'extrême droite ? Personne ne le sait pour l'instant, par conséquent tenter de trouver des explications est nul et non avenu. La décence veut donc qu'on laisse simplement les familles touchées faire ce deuil impossible.
La décence voudrait aussi que la personne censée incarner l'unité nationale et la défense de la République ne s'arroge le droit de terroriser nos enfants. Oui, à 12 ans, monsieur, on est un enfant. Qui n'a pas nécessairement besoin qu'un président de la République insiste avec un air pénétré sur la manière dont cet assassin s'est "acharné sur une petite fille de 7 ans". Ni qu'on lui rappelle, au cas où cela lui aurait échappé, que cette horreur aurait pu aussi survenir dans son école. Silence entendu à la clé, histoire de ponctuer avec grandiloquence le discours présidentiel.
Je suis déjà assez circonspecte sur l'utilité autre que démagogique de cette minute de silence programmée par l'Etat (je pense que la compassion et la solidarité sont les affaires de chacun et n'ont pas à être dictées par les autorités, c'est mon opinion et je sais qu'elle est discutable), mais alors là, j'avoue, si ça n'est pas une tentative d'apeurer les citoyens en misant sur l'éventualité que la terreur les décidera à confirmer dans ses fonctions celui qui y est déjà, je veux bien me faire nonne.
Depuis cinq ans nous subissons une politique dictée par l'émotion censée justifier toutes les prises de décision à l'emporte pièce et multiplications de lois qui ne servent à rien.
Je préfèrerais largement que nos gouvernants cessent de parler de civilisations qui ne se valent pas, d'opposer les bons et les mauvais citoyens ou de stigmatiser la viande hallal.
Pendant ce temps, une mère pleure sa famille, un père sa fille, mais aussi des parents ces militaires assassinés. Et je pense qu'il n'y a pas plus indécent que cette tartufferie consistant à prétendre qu'on a interrompu une campagne qui ne s'est évidemment jamais arrêtée.
La photo est de la tricoteuse masquée.
Edit: Je sais bien que le sujet est touchy et je me doute que ce billet ne plaira pas à tout le monde. Le débat est évidemment possible mais je me réserve le droit de supprimer tout commentaire outrancier, injurieux ou irrespectueux.
Edit 2 - 16h00: Au cas où je n'ai pas été claire, je tiens à préciser que 1) je ne nie en aucune façons la légitimité de Nicolas Sarkozy, président de la République, à s'exprimer au nom de la France et de l'unité nationale. J'aurais simplement préféré qu'il s'abstienne de s'exprimer avec ces mots là devant les enfants de ce collège. 2) J'aurais aussi préféré ne pas voir François Hollande se précipiter dans une école après avoir annoncé qu'il interrompait sa campagne. 3) Le plus important dans cette histoire sordide reste que 7 personnes aient péri, au nom de je ne sais quelle croyance qui j'en suis convaincue n'a rien à voir avec l'Islam modéré de la majorité des musulmans.