Comme je le disais à ma copine Julie, hier je me suis dit que tant qu'à être triste, autant l'être sans racines (je me fatigue parfois, moi et mon sens de la formule).
Du coup je suis allée voir Michel et Karine et je sens que je vais aggraver mon cas mais ça m'a fait du bien. Je crois que parfois, il faut juste accepter que le chagrin soit là et composer avec. Et se concentrer sur le massage du cuir chevelu de Karine ou sur les coups de ciseaux magiquex de Michel, qui dessinent petit à petit un mouvement et créent du volume où jamais tu n'aurais pensé qu'il puisse y en avoir.
Bien évidemment, le fait de ressortir encore plus - naturellement - blonde que la dernière fois avec la frange pile poil à la bonne longueur ne change rien à l'affaire et ne permet pas d'appuyer sur rewind. Mais de temps en temps, il faut se contenter de ça, de ce petit pas en avant. J'imagine que c'est la meilleure façon de marcher. Aussi je bois le vin d'orange que m'a donné Chantal avant de partir de la montagne. Ça aide beaucoup.
Mise à part cette philosophie capilotractée, je tenais à vous dire que ça n'est pas parce que je suis à moitié dans mes baskets que je reste de marbre face à cette débandade démocratique que sont ces deux semaines d'avant second tour.
Certes, alors que j'étais - reconnaissons le maintenant que c'est du passé - complètement monomaniaque et à la limite de l'enfermement concernant les enjeux de cette élection, je suis assez peu impliquée désormais.
Il n'empêche que je suis consternée, mais vraiment consternée, d'entendre la clique à Sarkozy, emmenée par le président bientôt sorti himself, non seulement "comprendre" les électeurs FN mais surtout les approuver. Je veux dire, évidemment que c'est le jeu d'essayer de récupérer les voix perdues. Et bien sûr que stigmatiser 18% de la population est contre-productif (on constatera d'ailleurs que les saillies de Mélenchon contre Marine Le Pen n'ont pas vraiment fonctionné). Evidemment - tout au moins je l'espère - toutes les personnes ayant fait ce choix ne sont pas xénophobes et amatrices de bals autrichien où on lève le bras plus vite que son ombre.
Mais autant je comprends qu'on lance un appel, à droite comme à gauche, à ces réserves de voix, qu'on leur explique que leur souffrance et leur mécontentement est entendu, que d'autres solutions sont possibles, etc, autant j'enrage de voir l'UMP concentrer désormais toute la campagne autour du droit de vote des étrangers ou de l'excision. Ah parce que vous l'ignoriez ? François Hollande va toutes nous exciser, si si. De même que si la gauche passe, dites adieu aux piscines mixtes et réservez votre Burka fissa.
Bref, si j'enrage, ce n'est pas simplement par posture bobo de gauche. C'est parce que si je n'ai jamais été de droite, je n'ai jamais douté que cette dernière en France était républicaine. Et que je vois arriver des temps funestes, maintenant que certaines positions sont légitimées par des gens à priori fréquentables.
Nicolas Sarkozy est en train de blesser ma France, oui, ce pays que j'aime, absolument, malgré mon socialisme pathologique. Il est en train d'en faire un endroit où il ne fait pas bon respirer. Et de ça, je lui en voudrai à vie.
Voilà, c'est tout.
Bonne journée et merci pour vos messages d'hier si touchants.