Les parcs d'attraction et moi, ça fait douze. Je crois que c'est très certainement héréditaire, ma mère voue une sainte horreur à ce qu'on appelle La Vogue par chez moi, équivalent je crois de la Ducasse à Lille. Il me semble que son aversion vient d'un manège qui l'avait terrorisée enfant et de son peu de goût pour la foule. En ce qui me concerne, c'est à peu près la même chose, tout ce qui met à l'épreuve mon oreille interne m'est fatal. Et quand ça ne tourne pas mais que cela va très vite, je crois fermement que je pourrais en MOURIR. J'ai un souvenir de grand huit à la foire du trône il y a une vingtaine d'années, avec Jeff et Chloé. A la fin, il a fallu un bon quart d'heure pour qu'on parvienne à m'extirper du wagon, tant j'étais tétanisée (et assez en formes aussi à l'époque, ce qui fait que je faisais corps avec la cabine). Je pense que la main de Chloé conserve des stigmates de l'épisode.
Quant à Disneyland, bien que grande fan de tous les dessins animés du bon vieux Walt, j'en ai toujours redouté la dimension d'aquarium géant, de monde bien propret complètement déconnecté du réel. (sans compter que je suis de gauche et que j'ai longtemps habité rue de Charonne, dans le 11è ARRONDISSEMENT DE PARIS) (le disney des bobos).
Et puis j'y suis allée. La première fois il y a dix ans ou presque, avec les twins et le churros qui lui est un taré de tout ce qui lui met la tête à l'envers. Je dois avouer que ce jour là j'ai un peu changé mon fusil d'épaule devant le sourire béat de mes petits, hallucinant à chaque attraction et semblant découvrir ni plus ni moins que le paradis.
A la fin par contre, on avait failli divorcer, ne retrouvant plus la voiture sur le parking qui doit compter 145 000 places et dont la superficie est égale à celle d'un département français. Il faisait - 12° et les gamins n'en pouvaient plus, donc évidemment j'ai tout mis sur le dos du churros complètement dépourvu de sens de l'orientation. (alors que moi oui mais comme je ne conduis pas, par SA faute (il m'inhibe en gardant toujours la main sur le frein), manquerait plus que je m'occupe de mémoriser notre emplacement)
Il faut croire que ça m'avait bien douchée parce qu'il s'est donc écoulé presque une décennie avant que j'y remette les pieds.
Ce qui fut fait mercredi dernier, à la faveur d'une invitation pour toute la famille. Autant vous dire que c'était tentant, parce que plein pot c'est tout de même un sacré investissement. Mais Rose étant ce genre d'enfant absolument persuadée d'être elle même un personnage de dessin animé (elle passe des heures dans sa chambre à chanter qu'un jour son "pince viendra" et sort rarement sans sa tiare), je crois qu'on aurait de toutes façons sauté le pas.
Quant aux grands ils étaient à fond cette fois-ci sur Space montain et le train de la mine, un peu moins intéressés en revanche par Peter Pan, mon attraction préférée (et le max de ce que je peux supporter au niveau des sensations) (je veux dire, même dans "Small word je peux parfois éprouver quelques picotements au bout des doigts).
Autant vous dire que le churros a sauté sur l'occase de ma phobie pour se carapater dès l'arrivée avec les grands dans "adventure land", pendant que je me suis cogné tout "fantasia land" avec une enfant me réclamant à une fréquence de 10 fois la minute de lui acheter une robe de pincesse, un diadème, une pomme d'amour, une glace, une sucette... Ahhh. Je passe sur son envie soudaine de faire caca à deux secondes d'entrer dans la nacelle d'un manège pour lequel nous avions poireauté une demi-heure. Bref, ce compte-rendu aurait sans doute été plus enthousiaste rédigé par le churros qui soit dit en passant a la tête qui tourne depuis (un abus de space montain je pense), comme quoi y'a une justice.
Plus sérieusement, nous avons passé une journée merveilleuse. Quand on a des enfants dotés d'une si grande différence d'âge comme c'est notre cas, il arrive un moment où il est souvent difficile de trouver des sorties qui vont enthousiasmer tout le monde avec la même intensité. Cela ne nous empêche pas de trainer les uns au square ou l'autre au musée, mais il est vrai que souvent, on se scinde en deux, histoire de contenter tout le monde. Là, pour la première fois depuis longtemps, j'ai eu ce sentiment que nous étions tous les cinq en phase. Et les grands, pour le plaisir de voir leur petite soeur s'esbaudir, ont enquillé finalement eux aussi les manèges pour les moins d'un mètre. Après ces semaines difficiles, je crois que nous avions tous besoin de cette parenthèse, cette illusion d'un monde rose à paillettes où les princesses finissent toujours par trouver l'âme soeur et les dragons par prendre la patée.
Un grand merci à Anne pour cette invitation, elle nous a fait plus de bien qu'elle ne pourrait l'imaginer. Et Rose n'en revient toujours pas d'avoir rencontré Mickey dans son théâtre plus vrai que nature !
Edit: J'ai pu constater chez Rose qu'elle était tout autant fascinée par la visite du chateau de la belle au bois dormant ou la contemplation du bateau de peter pan que par les attractions. Du coup, ça permet aussi de ne pas faire la queue toute la journée. Autre enseignement qui avait été formulé par l'une d'entre vous dans les commentaires: fixer dès l'entrée quelques règles très simples peut être salvateur. Du genre qu'"on" pourra bien entrer en catalepsie, non "on" n'obtiendra pas une douzième robe de princesse et que non, "on" ne mangera pas cinq glaces dans la journée. Résultat, oui "on" réclame quand même, mais non, "on" ne dépasse pas le stade de la réclamation (la phase deux etant le très connu roulage par terre). Et quand à la fin elle se voit gratifier d'une sucette mickey, elle l'apprécie vraiment. c'était mon quart d'heure Edwige Antier.