Je suis dans une phase où la lecture n'est pas aisée. Difficulté à me concentrer, à entrer dans un texte s'il est trop aride ou dans un récit s'il est compliqué. C'est quelque chose qui m'arrive, de manière cyclique, parce que je suis fatiguée, préoccupée par le boulot ou accaparée par des pensées qui ne me laissent que peu de répit.
Dans ces moments là, j'opte pour des polars, parce qu'il est rare que je ne me laisse pas finalement emporter par une intrigue si elle est bien ficelée. Après avoir lu en deux jours le dernier Connely - pas un des meilleurs crus à vrai dire mais j'ai l'impression d'écrire ça depuis cinq ans - j'ai aussi boulotté le PD James, sorte de suite d'Orgueil et préjugés qui ne m'a pas du tout convaincue, bien qu'ayant apprécié de retrouver les personnages de Jane Austen et notamment l'ombrageux Darcy.
Et puis il y a eu Mapuche. J'étais passée à côté de Zulu, précédent ouvrage de cet auteur, maintes fois primé je crois, mais je sais que je vais me le procurer tant celui-ci m'a happée. Je n'ai jamais mis un pied en Amérique latine, mais je crois que Buenos Aires est l'une des villes que je rêve le plus de visiter un jour, d'autant plus depuis les carnets de voyage si savoureux de Pénélope à ce sujet.
Je fantasme sur les danseurs de tango, l'idée qu'il y a autant de psy que d'habitants, l'atmosphère européenne de cette ville aux antipodes, l'architecture hispanisante, et ses maisons colorées du quartier de la Boca... Ceci étant dit, la Buenos Aires de Mapuche est à des lieues de ces clichés, dépeinte sous aspects les plus sombres et montrée comme une sorte de plaque tournante de la drogue et de la prostitution. Il n'empêche qu'on entend malgré tout le tango entre les lignes et que le destin, haletant, de Jana la Mapuche, sculptrice indienne à la recherche de sa/son meilleur(e) ami(e) Paula, travestie et danseuse de revue, vous prend aux tripes. Mapuche c'est aussi un roman sur les heures les plus honteuses de l'histoire argentine, sur ces enfants qui furent volés pendant que leurs parents étaient torturés, tout ceci sous le regard bienveillant du pouvoir d'alors.
Il y a aussi de l'amour, du vrai et du torride, entre Jana et Ruben, deux écorchés de la vie, à qui on ne la fait plus mais qui pourtant vont se consummer à nouveau, pour le meilleur ou le pire.
Lisez le, vous partirez loin.
Bonne journée