Hier matin je suis allée à la préfecture faire une demande de passeport pour Rose. On remarquera mon sens du timing, le 27 juin c'est une vraie période creuse pour ce genre de démarche. Remarquez de cette façon là on a l'occasion de cotoyer ses VRAIS pairs: tous les désorganisés de la terre, ceux qui prennent conscience à trois jours des grandes vacances qu'avoir des papiers d'identité pour voyager ça peut servir.
Quoi qu'il en soit c'est forte d'une préparation en béton armé AVANT la confrontation avec la dame du guichet (on avait répété hier avec le churros: "Justificatif de domicile ?" "J'ai". "Acte de naissance ?". "J'ai". "Photos ?" "J'ai, j'ai, j'ai !!!") que je me suis dirigée une Rose à la main vers l'antenne de la préfecture de police du 14è arrondissement de Paris (comme j'ai de la veine, celle du 13è a cramé) (il m'est venu à l'esprit que l'agent à qui j'avais eu affaire il y a quelques mois ne s'en était peut-être jamais remis et avait décidé de foutre le feu dans un dernier élan de nihilisme).
Bref, j'avais un putain de regard de vainqueur en arrivant, convaincue de ressortir la tête haute tant j'avais le dossier le plus complet de l'histoire de la demande de passeport (tout juste si je n'avais pas glissé les résultats de mon dernier frottis au cas où) (running gag).
Ça pour en ressortir, j'en suis ressortie. Trois minutes à peine après y être entrée et avoir montré les photos de Rose.
Et que la dame du guichet m'ait regardée comme si je lui avais fourgué une sex-tape au lieu des clichés demandés.
Dieu sait que là aussi j'avais checké. Rose ne souriait pas sur la photo comme spécifié, n'avait pas les cheveux dans la figure, ne portait PAS D'ECHARPE non plus (suivez mon regard).
Seulement voilà elle était prise de trop loin. OUI PARFAITEMENT ON PEUT ETRE PRIS DE TROP LOIN DANS UN PHOTOMATON.
J'ai bien tenté d'argumenter mais la dame, gentille au demeurant, a dégainé son regard administratif (et un peu policier). Celui qui vous fait comprendre qu'un mot de plus et c'est votre vie entière qui pourrait prendre un tour bien différent de celui que vous imaginiez encore quelques secondes auparavant. A commencer par cette charmante enfant que les services sociaux pourraient décider de vous confisquer dans l'instant, au motif que sa mère vient de menacer une employée de la République d'aller se faire foutre dans un photomaton.
Je suis donc repartie avec Rose (non sans avoir laissé un message haineux au churros responsable non seulement de cette photo merdique mais aussi du coup de tout un tas de choses allant de ma migraine naissante au réchauffement climatique. Sans parler de sa mère). Direction le photographe du quartier qui de toute évidence jouit d'un monopole à faire palir la SNCF qui pourtant s'y connait en la matière, puisque nous nous sommes COMME PAR HASARD retrouvés avec une floppée de recalés de la préfecture à nous faire délester d'une bonne quinzaine d'euros pour cinq photos tellement moches qu'elles ne pourront même pas faire l'affaire pour l'école l'année prochaine (je ne peux pas infliger à ma fille de coller sur son portemanteau un cliché sur lequel elle semble sortir d'une geole vénézuelienne).
De retour au guichet, j'ai cette fois ci redonné mon dossier avec beaucoup d'humilité, consciente que mon regard de vainqueur ne m'avait sûrement pas fait gagner des points. Bien m'en a pris puisque certes j'avais tous les documents mais en revanche "omis" les photocopies (je serais prête à mettre ma tête à couper qu'il n'est absolument pas mentionné sur internet qu'il faut les doubles des papiers demandés). Photocopies que je pouvais toutefois faire pour 10 centimes la page à l'entrée de la mairie. J'ai bien glissé que j'étais un poil étonnée qu'avec le matos qu'elle avait derrirèe elle (le dernier cri du photocopieur high tech avec plus de boutons qu'un tableau de bord d'A380) il ne lui fut pas possible de me dépanner, d'autant que ma fille, là, avait un petit peu 39 de fièvre et qu'il n'était pas exclu que ce soit un reliquat de grippe A qu'elle était en train de cracher à qui mieux mieux sur les 3000 personnes attendant leur tour.
Re-regard administratif.
Donc, photocopies.
Troisième round, je balance tous les docs sur le comptoir avec l'énergie du désespoir, pour m'entendre demander à quelle heure j'avais donc pris ce rendez-vous (un mois et demi plus tôt, hein). Lorsque j'ai répondu 10h, on m'a rétorqué qu'il était 11h et que la moindre des choses eut été d'être ponctuelle.
Subitement j'ai éprouvé de la sympathie pour tous les forcenés ayant un jour perdu les pédales et massacré gratuitement des passants dans la rue. Et sans cette force de caractère qui fait de moi celle que je suis (une blogueuse influente), je ne suis pas certaine que je ne serais pas passée à l'acte.
Après quelques minutes de méditation ("je suis un parcmètre, je suis un parcmètre, JE SUIS UN PARCMETRE"), je suis parvenue je ne sais comment à grimacer un sourire pathétique et à objecter avec le reste de mon vernis éducatif que j'étais comme qui dirait arrivée à l'heure, voire en avance mais que je n'avais en effet pas pris en compte dans mon timing ma petite balade néanmoins sympathique chez le Helmut Newton du 14è.
Je vous passe les détails, mais au terme d'une heure à camper devant le comptoir ("je suis un parcmètre"), on m'a finalement prise en pitié (à moins qu'ils aient simplement voulu que les quintes de toux de Rose ne cessent) et j'ai pu terminer au guichet E la procédure de demande.
Le dernier round aura lieu d'ici quinze à vingt jours lorsque nous viendrons récupérer le passeport "en présence de l'enfant". Enfant qui sera à 500 bornes d'ici mais ça voyez-vous ce n'est pas son problème à la dame. Ni le fait que 20 jours c'est le max qu'on puisse tenir parce notre avion il est pile poil dans trois semaines. M'est avis que cette année elle ne part pas en vacances et s'est fixé comme objectif de pourrir celles de tous ces connards qui viennent la faire chier un 27 juin. Je veux dire, après moi elle a tout de même renvoyé cinq personnes se faire tirer le portrait. Dont une qui avait soit disant "une tâche sur les cheveux".
Si ça se trouve elle a la cataracte ET ON EST TOUS EN TRAIN DE PAYER LA PÉNURIE D'OPHTALMOS DANS LA RÉGION PARISIENNE.
Ou bien elle a monté un business avec le photographe. Voire ils se montent dessus dans le photomaton en dehors des heures ouvrables.
Bonne journée.
Et sinon, histoire de confirmer que les emmerdes ça vole en escadrille, hier soir je me suis fait pirater ma boite mail. Et compris après le troisième message gêné de l'un de mes contacts que j'avais donc arrosé les 120 000 personnes de mon carnet d'adresse (je n'ai comme qui dirait pas vraiment nettoyé mon répertoire depuis dix ans qu'existe ce compte) de vidéos pornographiques voire bizarres, voire impliquant des animaux. Ce qui en soi n'est pas dramatique, sauf si je me dis que sur le nombre il y a une petite chance que certains aient pu penser que je les chauffais vraiment. Sans parler de tous ces gens à qui je dois répondre depuis des semaines et qui tout contents de recevoir enfin un signe de moi ont cliqué sur un lien les renvoyant vers un gars faisant quelque chose de chelou avec un poney. Great.
Edit: photo n'ayant aucun rapport, je n'avais simplement rien pour illustrer.