Quand j'avais douze ans, comme toute petite fille normalement constituée, je rêvais d'avoir un animal rien qu'à moi. Mes parents étant alors très méchants, ils refusaient systématiquement d'accéder à mes souhaits. À moins qu'ils n'aient garde un assez mauvais souvenir du chaton recueilli par ma sœur et moi sur le bord d'un chemin quelques années auparavant et qui non content d'être devenu un terrifiant matou avait, avant de mourir, refilé un petit microbe à mes frères alors tout petits (la tuberculose).
Bref, j'étais malheureuse et brimée. Mais non sans ressources. Le jour de mes treize ans, j'ai eu une idée lumineuse dont ma mère se souvient encore. Pour mon anniversaire, le dernier probablement fêté sans alcool et musique à plein tube (que je croyais), j'ai mis mes copines dans le coup, leur suggérant de venir avec un chaton, leur jurant que mes parents étaient ok. Je ne me doutais pas que mes amies m'aimaient tant qu'en fait de chaton, j'en eus certes un (une) mais aussi, en bonus, un lapin nain (qui en réalité ne l'était pas) (nain).
La tête de mes parents. Et celle des mères des copines, réalisant que non, ça n'avait pas été approuvé en haut lieu comme assuré par leurs filles.
Au final, j'ai donc eu ce que je voulais (le début d'une longue carrière de manipulatrice) mais aussi, parce qu'il y a une justice, ce que je ne voulais pas. À savoir un lapin complètement con, obèse et fugueur, que mes parents ont vite décidé de mettre dans une cage dans le jardin et qui connut une fin terrible, massacré par on ne sut jamais quel prédateur (peut être la chatte). Et puis, donc, Pomme, jolie chatte noire efflanquée, présentant la particularité d'etre une vraie trainée aux ovaire de compétition et nous pondant donc des petits deux ou trois fois par an. Petits qu'elle tenait à faire dans la bibliothèque de ma mère. Avec en guise de sage-femme, votre dévouée carotte (tel était donc mon nom à l'époque). Oui, pomme avait besoin d'être accompagnée dans sa délivrance, ce que je faisais bien volontiers, convaincue de tenir là une vocation, voire un don. Impossible de me défiler, elle hurlait à la mort si je ne restais pas là à la masser jusqu'à expulsion de sa portée. Portée que mon père allait coller au fond du jardin ( version officielle) pour soit disant qu'elle puisse s'en occuper tranquille. Il revenait étrangement très triste du fond du jardin et ne parlait plus pendant une heure ou deux. À chaque fois que pomme commençait à grossir à nouveau, il devenait blême. Plus tard je compris qu'il n'en pouvait plus d'assassiner des chatons. Mais ça ce fut longtemps après. Il en laissait toujours un, parce que je crois qu'au fond c'était un grand sensible, et puis sûrement aussi pour qu'on ne se pose pas de questions. À chaque fois, pomme rapportait son survivant encore sanguinolent dans la bibliothèque de ma mère, qui finissait par se résigner. (le pouvoir d'un bébé chat n'a pas de limite). Bref, à la fin nous avions quatre ou cinq chats, dont au moins deux mâles complètement incestueux, sautant à qui mieux mieux ma vieille pomme épuisée. ( ne pas chercher de sens caché à cette dernière phrase). Tout ce petit monde finit un beau jour dans une maison de retraite pour chats, quand Pomme retomba une nouvelle fois enceinte, tout en développant de drôles de boules pas ragoûtantes. (je me demande là tout de suite si cette histoire de maison de retraite était bien vraie) (seigneur, se pourrait-il que...) (papa! Tu quoque ?)
Bref, aujourd'hui c'est au tour de mes propres enfants de me casser les burnes avec leurs demandes d'animaux. Ils peuvent se brosser, je sais trop bien qu'on ne change JAMAIS la litière même après avoir juré sur la tête de Robert patinson qu'on le fera (à l'époque c'est celle du chanteur de AHA que j'avais mise en jeu) (voyez comme il a mal tourné).
Mais à la faveur des vacances en corse, ils retrouvent donc Carotte, une chatte supposément infanticide. Et je me dis que parfois l'histoire semble se répéter à l'infini...
Bonne journée.
Edit: ne jugez pas mon père, à l'époque on ne parlait pas de la pilule pour chats et il était hors de question financièrement de faire opérer un animal dont en plus il n'avait jamais voulu.
Edit2: un jour je vous parlerai de Barnabé. Le chien le plus laid de la terre mais aussi le plus gentil.
Edit3: je tape mes billets sur un
iPad, pardon my fautes de frappe.