Shame, shame shame on me, j'ai trainé tant et tant pour publier la chronique de Marje qu'elle ne vous sera pas d'une grande utilité pour vos sacs de plage. Ceci étant dit, s'il est une période propice à la lecture, c'est bien celle de la rentrée, je trouve. Personnellement je dévore depuis que je suis revenue, besoin, j'imagine, de m'évader à nouveau (à venir d'ailleurs ma liste des incontournables de l'automne). Quant à mes enfants, ils pillent les bibliothèques du quartier et de la petite bourgade de mes parents. Et ils sont devenus accros aux conseils de Marje (dernier gros succès, l'épouvanteur)...
Bref, voici donc, tadaaaaam, la chronique des livres jeunesse de Marje, que je remercie à nouveau pour ce boulot magnifique et sa patience concernant mes errances procrastinatrices...
Edit: la photo je l'aime parce qu'elle me rappelle le début de nos vacances et puis aussi parce que c'est ma fille telle que je la vois tout le temps, un livre greffé à la main, quoi qu'elle fasse...
Edit2: vous pouvez également télécharger la chronique de Marje ici : Téléchargement Carobloglijechron5
Bonjour ! Une
nouvelle chronique pour garnir vos paniers de plage cartables de rentrée: albums, romans
et ouvrages en tout genre. Effectivement le livre mute, il se
sectorise, se spécialise et en même temps il se sexualise, se
sérialise. Il devient multiforme. Il est multi support. Le livre est
multi-médiatique et pourtant en danger. On le trouve partout, ici,
ailleurs. Maintenant il se dématérialise. On lit sans livre, on lit
parfois sans texte ou sans image. On bookcrosse, on conte, on crée
des salons et pourtant on s’inquiète, le livre va disparaître !
On juge que les enfants ne lisent plus, les enfants ne savent plus
lire et quand ils lisent, les livres lus sont inintéressants, nuls,
mal écrits, complètement commerciaux. J’avoue que ces jugements
de valeur me vrillent les oreilles et les nerfs. Mais je dois aussi
admettre que je m’arrache les cheveux quand je lis que le titre
Tchoupi
va sur le pot
est le livre illustré le plus vendu en 2010 suivi de Tchoupi
va à l’école
et Tchoupi
fête Noël
(Il est drôlement malin Tchoupi, il fait tout dans l’ordre !).
Vous savez déjà que j’éprouve une haine inavouable à Tchoupi,
PetitOursBrun et Sacha (des pokémon). Personnellement deux, trois
petites idées me remontent le moral. Tout d’abord, statistiquement
parlant, l’édition jeunesse se porte bien. Elle est même moteur
pour le monde de l’édition (c’est
ici).
J’ai été touchée par tous les commentaires du billet
de Caro
sur les souvenirs de lecture. Nous sommes nombreuses à penser que la
lecture est un besoin vital. On s’aperçoit que la littérature
jeunesse est souvent un tremplin, un pli pris pour devenir un adulte
lecteur. Comme le dit Jeanne Ashbé : « Les livres sont des
compagnons de l’âme, à portée de main, de cœur, de sieste, de
métro …de jour et de nuit ». Si les livres sont nos compagnons,
il faut bien avouer que les supports numériques nous invitent à
découvrir le livre ou en tout cas la lecture sous un autre jour.
Afin de me faire une idée personnelle sur ces évolutions, j’ai
testé un Imagier
interactif
aux éditions Hélium.
Autant vous le dire tout de suite, j’ai adoré ! J’ai aussi essayé des applications sur Ipad. J’ai soudoyé mon jeune beau-frère afin qu’il me prête son joujou. Suite à une émission radio « Ecoute, il y a un éléphant dans le jardin », j’ai décidé de télécharger : Dans Mon Rêve de Stéphane Kiehl aux éditions E-toiles, L’Herbier des fées de Benjamin Lacombe et enfin Un Jeu d’Hervé Tullet.
Je ne ferai pas une critique de l’objet Ipad, même si je vendrais mon âme pour en avoir un. Je vais tenter de vous faire partager mes réactions de lecture à ces trois titres. Tout d’abord, Dans Mon rêve de Stéphane Kiehl – 3.99 €. Autant vous le dire tout de suite, j’ai été un peu déçue car les critiques louaient corps et âme cette application. Malgré la belle voix de Tom Novembre, la magie interactive ne m’a pas transportée. Dans mon rêve est une application de création littéraire et poétique pour enfants. On notera le clin d’œil à Raymond Queneau et Mille milliards de poèmes. L’écran est divisé en trois bandes horizontales, chaque bande glisse sous les doigts pour composer une nouvelle image et donc un nouveau poème de trois vers qui rappelle un peu les haïkus. L’enfant compose donc une illustration et un poème différent à chaque sollicitation tactile. Les illustrations sont très réussies mais les enfants se lassent rapidement. Je ne suis pas sûre que les jeux d’illustrations et la création littéraire correspondent au même moment de la vie d’un enfant. En ce qui concerne l’Herbier des fées – B.Lacombe – 14.99 €, l’application est une adaptation de l’album du même nom. J’ai apprécié les illustrations magnifiques et la sensation d’entrer littéralement dans le livre : on peut voir les fées évoluer, on peut zoomer, glisser, développer les pages. Un de mes enfants s’est prêté au jeu alors qu’il n’aurait pas lu l’album, c’est sûr ! C’est frais, c’est innovant, c’est presque un peu mystérieux, hum … un bon voyage mais une fois de plus, je ne pense pas que les enfants reviennent sur cette application. Enfin, mon préféré, Un jeu – H.Tullet – 2.99 € (Pépite de l’album numérique 2011). Souvenez-vous j’avais adoré le livre. J’ai rencontré Hervé Tullet au salon du livre, un homme chaleureux, simple et sympathique, je suis donc vraiment contente d’avoir adhéré à cette application. Complètement tactile, sans mode d’emploi, commencer ce Jeu, c’est ouvrir la porte à la création et à l’imagination. Tous les sens sont sollicités : vue, toucher, ouïe, on en mangerait ! 15 animations sont proposées sur le même thème que le livre, des ronds de couleurs qui s’invitent et dansent une sarabande effrénée. J’ai un vrai coup de cœur pour l’animation feux d’artifice, j’y ai joué pendant un bout de temps. Les enfants découvrent cette application avec plaisir et curiosité. Ils comprennent tout de suite le fonctionnement et les voilà partis vers un monde tactile, visuel inédit. Hervé Tullet est loin de l’imprégnation pédagogique et c’est tant mieux car nous avons tous joué avec cette application de 20 mois à 35 ans, nous avons joué chacun de notre côté mais aussi tous ensemble (50 doigts quand même). Une petite vidéo pour découvrir cette belle pépite. Cette application fonctionne aussi sur Iphone : une belle idée de cadeau pour Rose !
Si les applications numériques vous intéressent, vous soucient, vous intriguent ou si vous souhaitez faire des choix éclairés, je vous conseille ce site : Souris grise.
Des remerciements à ma relectrice de l’ombre : Catherine. Merci Margaux Rol des Editions Hélium pour ses conseils. Et enfin, comme toujours et à jamais, Merci Caroline !
9-12 ans 12 ans et plus 15 ans et plus PourlesGrandes
Imagier des saisons – Pittau / Gervais – 84 p.
Editions Les Grandes Personnes – 22.50 €
Gros coup de cœur pour ce magnifique imagier. Vous savez pourtant que j’ai une indigestion d’imagier mais celui-ci est la quintessence du livre d’images pour petits, un livre dont j’ai rêvé et les éditions Les Grandes Personnes confirment tout le bien que je pense de leur maison. Cet ouvrage est classé par saison. Chaque page présente un acteur du règne animal ou végétal. Chaque tourne de page offre une double surprise. Tout d’abord, un étonnement visuel par la découverte des illustrations proposées et une surprise tactile car certaines pages offrent des volets à ouvrir qui dévoilent, par exemple, l’intérieur d’un fruit, la croissance d’un animal, la maturité d’un légume ou bien son enracinement. Les découpes permettent aux deux éléments de la double page de prendre du relief et de la vie. Tous les sens des enfants sont sollicités car les illustrations sont très réelles. J’ai apprécié que les volets à tourner ne soient pas insérés régulièrement car l’enfant va chercher du regard des indices sur la présence ou non du volet, de son emplacement et de quelle manière il doit le tourner. Les animations créées permettent aux enfants de s’interroger et d’observer autour d’eux pour retrouver les objets, les animaux. J’avoue que certaines illustrations m’ont surprise et ravie : la figue est un bijou ! Mon fils de 20 mois réclame sans cesse ce livre et alors j’entends en bruit de fond « kes ce c’est ? »Je crois que lui craque pour la coccinelle.
Je bouge / Je m’habille – M.Motin – 12 p.
Albin Michel Jeunesse – 7.50 €
Vous savez que je suis sensible aux illustrations de Margaux Motin. J’ai donc acheté ses deux premiers albums jeunesse. J’ai retrouvé son coup de crayon et cette légèreté du trait dans les dessins des mouvements d’enfants. En tournant les pages cartonnées, j’avais l’impression de voir mon fils bouger, ramper, glisser de sa poussette… Vous savez le mouvement anguille quand on essaye de passer les bretelles du harnais ! Chaque petite image est une scénette : on trouve plein de petits détails : un bout de couche qui dépasse, la présence du doudou dans la main, les chaussures qui restent en bas du fauteuil …J’ai beaucoup aimé et mon fils aussi. Le fond blanc des pages permet aux enfants de focaliser sur le mouvement et sur l’expression du geste. Un ouvrage attrayant qui permet aux plus petits de rester concentrés. Pas besoin de vous dire que mon fils essaye de refaire tous les mouvements cités. J’attends toujours avec impatience la dernière page qui est celle du mouvement préféré : le câlin ! Ouf : calme et répit. Je m’habille sont des instantanés de vie d’enfants. Je m’attendais à un album avec une description des étapes de l’habillage et bien non, ce sont plutôt des «vues» à la façon d’un enfant. J’ai trouvé certaines situations drôles comme l’enfant avec les chaussures de son père. Je vis en ce moment cette situation avec mon fils et c’est craquant de la voir arpenter la cuisine avec mes doc Marten’s ou mes ballerines aux pieds !
Jour de neige – Komako Sakaï – 24 p.
L’Ecole des loisirs – 12.07 € / 5.35 €
Faire ses premiers pas dans la neige : rappelez-vous c’est exceptionnel ! Nous avons tous des souvenirs d’enfance avec les doigts gourds et le bout du nez gelé. Que votre enfant est déjà découvert la neige ou non, il pourra « re »vivre les sensations et les émotions de cette étrangeté. Quand la neige tombe, le bus de l’école ne passe pas, youpi ! Quand la neige tombe, les mamans ne peuvent pas aller travailler, bingo ! Rester avec Maman toute la journée dans l’appartement, Maman que pour soi : c’est peut-être un des plus beaux jours de sa vie. Mais quand la neige tombe, certains Papas ne peuvent pas rentrer du travail et au bout de quelques heures, c’est bien que la neige cesse de tomber. Je ne présente plus cet auteur que j’adore Komako Sakaï. Une fois de plus, les illustrations sont magnifiques : du blanc, du gris et des touches de jaune. Notre héros est un jeune lapin qui découvre la neige. Tout d’abord, il reste au chaud dans l’appartement et ses sens sont interpellés car lorsque la neige tombe, le monde change : fini les couleurs, fini le bruit « On n’entendait rien d’autre que le silence de la neige qui tombait ». Comme vous pouvez le lire, non seulement les illustrations sont merveilleuses mais l’écriture est riche et épatante. Une fois de plus, j’ai succombé et je suis sûre que vos enfants aussi !
Maintenant – A. Serres / O. Tallec – 38 p.
Rue du Monde – 13.77 €
L’enfant, c’est le présent. L’enfance, c’est l’immédiateté. Je veux, je suis : ici et maintenant. Cet album est l’expression des moments de vie d’un enfant. Cet ouvrage est un ensemble d’instantanés du quotidien, l’école, la vie de famille, les travaux dans le quartier, le récit de l’histoire du soir … Les instantanés se télescopent, s’entremêlent : les saisons passent, tout change, les situations évoluent et l’enfant grandit. Les illustrations d’Olivier Tallec sont très réussies et enrichissent ce carnet de vie. En tant que parent, à la lecture de cet album, on se souvient que oui, observer, maintenant, cette coccinelle qui grimpe sur la feuille, c’est important ! Cela ne peut pas attendre ! Tout à l’heure, c’est trop loin, c’est trop long. J’aime la délicatesse des scènes de vie, j’aime partager cet album dans lequel les enfants plongent et se mirent avec délice.
Une nuit, loin d'ici : Un bestiaire qui se dévoile de page en page – J. Wauters - 24 p.
Editions Hélium – 16.34 €
Quel album, j’avoue j’ai été bluffée ! La conception est ingénieuse, les illustrations sont de grandes qualités. Ce bestiaire révèle un vocabulaire riche. Cet ouvrage dépasse le simple bestiaire car l’enfant doit retrouver les animaux pendant l’écoute, cette dernière est primordiale car les indices sont dans le texte. J’avoue que je n’ai pas pu m’empêcher de chercher les animaux décrits. Comme d’habitude, mon fils fut plus rapide. On découvre la nuit dans la savane africaine, dans la taïga russe, dans la jungle amazonienne, dans les profondeurs de l’océan et enfin une nuit près d’ici. Chacune de ces régions comporte trois pages qui se superposent afin de découvrir toute la faune et la flore Mon fils faisait des ah ! Oh ! à chaque tourne de page ou de transparent. La dernière page est un inventaire de tous les animaux aperçus dans le bestiaire. C’est ingénieux car l’enfant souhaite se replonger dans l’album afin de repérer les animaux cités … Une fois de plus les éditions Hélium ne doutent pas de la vivacité d’esprit des enfants et les invitent à s’ouvrir au monde en confiance. Un bel ouvrage à offrir et à lire sans limite d’âge car je ne sais pas vous mais moi je n’avais jamais vu un barbican bidenté, ni un grandgousier-pélican !
Tout un Louvre - K. Couprie / A. Louchard – 244 p.
Editions Thierry Magnier – 16.90 €
En ce moment, je suis attirée par les livres d’art et de jeunesse ! Je trouve que ce secteur est vraiment intéressant et je dois dire que j’ai trouvé des pépites ! Comme cet album. Vous savez que j’apprécie ces auteurs Katy Couprie et Antonin Louchard et j’ai déjà présenté mon récent coup de cœur pour Pommes de reinette et bientôt Tout un monde. Dans le même format et dans le même esprit, cet album présente des œuvres célèbres ou insolites du musée du Louvre. Les œuvres du musée sont présentées avec des créations plastiques des auteurs. Le fil conducteur de cet album est l’analogie comme dans Tout un monde, l’ouvrage célèbre de ce tandem. J’aime le dynamisme engendrée par l’analogie car cette méthode de raisonnement implique l’enfant. Ce dernier doit alors fouiller ses souvenirs, créer des concordances, découvrir des ressemblances …Hum ! Les neurones gigotent et ça fait du bien ! Les créations plastiques sont pertinentes et variées : collage, gouache, papier mâché, pastel, cliché …
Princesse Inès - M.Bourre– 32 p.
Ecole des Loisirs – 12.50 €
Inès est une jeune et belle princesse. Mais le temps tourne et le Roi et la Reine s’impatientent, Princesse Inès c’est l’heure et l’âge du mariage … Oh, la barbe, Inès aime la liberté, l’oisiveté et le règne de l’enfance. Le Roi Godefroy frappe du poing sur son trône et annonce un grand concours : celui qui accomplira l’exploit le plus extraordinaire épousera la Princesse. Voilà un scénario bien connu mais l’issue de cet album est inattendue et c’est évidemment ce qui m’a plu ! Cet album commence comme un conte de fées et se termine comme un billet féministe ! Les illustrations de Martine Bourre sont magnifiques et suggèrent avec talent toute la malice de la Princesse.
Chevalier Xavier – M.Bourre – 30 p.
Ecole des Loisirs – 12.50 €
Pour poursuivre ce beau moment de lecture, je vous conseille Chevalier Xavier. Toujours dans le royaume de Roi Godefroy, nous suivons les aventures de Xavier, le jardinier. Le royaume est en guerre et Xavier est appelé au combat. Il enfile son armure et prépare sa monture …Et au galop sur le champ de bataille. Mais son beau destrier est blessé et ne veut pas retourner au combat sans une cotte de maille comme son cavalier ! Chantage, péripétie et aventures attendent les deux amis. Mais à leur retour dans les rangs, c’est la révolution équine : tous les chevaux veulent des cottes de maille. Voilà une histoire bien tricotée de fil de fer et de plomb. « A la bataille, nous n’irons plus sans cotte de mailles, tout en ferraille. A la bataille, nous n’irons plus tout nus …». Martine Bourre excelle dans les illustrations de chevaux, je crois que c’est son dada … L’album suivant en est un concentré!
Au galop, les mots - M. Bourre – 35 p.
Rue du Monde – 14.25 €
Des chevaux dodus, des chevaux masqués, des poulains noirs, une jument verte, des chevaux fils de fer et bien sûr le cheval de Troie: bref un vrai et beau voyage dans le monde équin. Ce voyage est multiple : mythologique, historique, culturel... Chaque page offre une illustration, une comptine ou un poème. Le vocabulaire est riche et exotique pour les novices. Le lexique en fin d’ouvrages permet de comprendre et d’expliquer les mots techniques aux enfants. Les illustrations sont variées, Martine bourre utilise la gouache, la craie, le collage, la sculpture. Les livres sur les chevaux se multiplient dans les rayons jeunesse et je vous avoue que parfois je sature un peu … Sans vouloir prendre le mors aux dents, ni monter sur mes grands chevaux, allez y brides abattues, vous ne serez pas déçues !!!
Tous les monstres ont peur du noir – M.Escoffier / K. Di Giacomo – 26 p.
Editions Frimousse
Rappelez-vous, cette peur au creux du ventre lorsque la porte se referme. Rappelez-vous, cette impression d’être abandonnée, seule. Ecoutez ces bruits étranges ! C’est le monde de l’enfance, c’est la peur du soir et du noir. J’étais une enfant terrorisée par le coucher du soir et je dors encore avec un filet de lumière: non, pas de commentaire ! Bref, depuis la lecture de cet album, je suis soulagée car je sais, maintenant, que je ne suis pas seule ! Non, les monstres, que j’entendais sous mon lit, cherchaient du réconfort ! Si j’avais su, je les aurais pris sous ma couette. Vous avez compris le thème de cet album : la peur du noir et des monstres. L’histoire est bien menée et dédramatise cet horrible moment du coucher (non, non je ne suis pas traumatisée). Les illustrations sont très réussies, les pages sont entièrement dans un panel noir, gris et blanc. Moi, j’ai bien envie d’en adopter quelques uns bien que mon lit soit souvent plein d’hommes beaux, riches et intelligents d’enfants.
J’ai peur du noir à écouter
J’adore Aldebert. A la maison, c’est moi qui écoute ses albums et les enfants dansent sur les Stones ! J’ai vu Aldebert en concert et je vous jure c’est vraiment un grand moment.
Un petit Chaperon rouge – M.Leray – 32 p.
Actes Sud Junior – 11.55 € « Pour Rose »
Les Marjolaine ont plus d’un tour de leurs sacs. Elles réservent souvent de belles surprises comme marjoliemaman. Nous ne sommes pas nombreuses et ce n’est pas l’origan qui va nous faire de l’ombre ! Voilà un bel album, mini dans son format mais impressionnant par son originalité ! Pas besoin de vous dire que cet ouvrage est une réécriture du célèbre conte de Perrault. Marjolaine Leray s’est laissé toute liberté pour illustrer la confrontation du loup et du chaperon rouge. Une belle surprise attend le lecteur. J’ai adoré les illustrations juste crayonnées qui rehaussent les expressions des deux héros. Ce petit Chaperon rouge qui ne dévoile pas son regard n’est pas piqué des hannetons, elle m’a rappelée Nina dans la Tétine de Nina, l’Alinéa quand j’étais enfant et certainement plein d’autres clins d’oeil. J’aime ces petites filles héroïques et je crois que définitivement j’ai pitié des loups !
Tip tap – A.Boisrobert / L.Rigaud – 46 p.
Editions Hélium – 16.30 €
Vous connaissez mon attachement aux éditions Hélium. Je suis toujours heureuse de découvrir leurs nouveautés. Je n’ai donc pas résisté à l’appel de cet imagier interactif ! Après le kindle, me voilà partie à explorer une évolution du livre. Je consulte d’abord le livre que je trouve merveilleux. Le papier épais, légèrement granuleux est un vrai plaisir à lui seul. Les illustrations sont épatantes. L’ouvrage est construit par thèmes : Les petites bêtes, les transports, lire et jouer …Je vous avoue que le livre aurait suffit à mon plaisir. Je l’ai présenté à mon fils de 5 ans qui a tout de suite adhéré à cet imagier. J’attends d’être seule et j’insère le CD dans mon ordi et voilà moi aussi j’ai 5 ans ! Je suis vraiment ravie de cette invitation multimédia. Le fonctionnement est simple, l’enfant est invité à créer un tableau en tapant les mots présentés dans l’imagier papier. Chaque mot peut être enrichi par des adjectifs ou des actions : grand, rose, devant …L’enfant peut toujours modifier la dernière image créée. Au fil des pages, les petits peuvent développer leur scène en tapant des mots « dynamiques » vent, rapide moi j’adore la tempête qui fait basculer tout le tableau. Les sons sont doux et la musique proposée grâce aux instruments est vraiment agréable. Le mode jour et nuit est très ludique aussi. Une fois le tableau achevé, l’enfant peut l’enregistrer et l’imprimer. Une fois de plus, j’ai proposé à mon fils de 5 ans de tester l’animation CD-ROM. Il a tout de suite compris le fonctionnement. Alors que moi, j’essayais d’avoir une idée précise de mon tableau avant de commencer, lui laissait son imagination fleurir à l’écran (un peu à la Dali, débordant, surréaliste). Son frère de 10 ans passe par là et comprends lui aussi immédiatement l’intérêt de l’animation. Deux, trois coups de coudes plus tard, voilà le Moyen-Grand en train de créer un tableau superbe, onirique et vraiment très réussi. Je ne juge pas de leurs capacités artistiques, je souligne l’intérêt de cet imagier qui invite les enfants d’âges différents à s’approprier l’outil. Comme vous le savez, j’ai essayé des applications i-pad et j’ai donc pu comparer ces deux modes d’animation et bien j’avoue que cet imagier me semble vraiment innovant. Les possibilités de création sont infinies. L’incitation pédagogique est présente par le biais des mots à retrouver et à saisir mais je trouve que l’on est loin d’un martelage à l’apprentissage de la lecture. Ce n’est pas tape à l’œil, ce n’est pas criard, ni clinquant. A la différence des jeux vidéos, l’animation permet à l’enfant d’être concentré sans être happé, la création d’une scène est toujours un moment de fierté et de partage entre l’enfant et l’adulte. Ce livre-jeu m’a séduite ainsi que mes fils. Depuis je l’ai pas mal offert autour de moi et je crois qu’il a séduit pas mal de familles. Ce livre-CD-Rom est compatible PC et MAC. La mise en route est vraiment simple et rapide. Je ne sais pas vous mais je trouve que les éditions Hélium méritent toute notre attention.
Moi, ma Maman …K.Sakaï – 30 p.
La Joie de Lire – 13.01 €
Vous savez déjà que je suis dans un cycle Komako Sakaï, cet album est encore un gros coup de cœur « Moi, ma Maman …Je la déteste ! » Voilà, le ton est donné ! Lapinou est fâché contre sa maman. Tout d’abord, sa maman est paresseuse, elle dort, le dimanche matin. Et puis elle regarde la télévision et Lapinou doit attendre encore. Et coup au cœur insupportable, trahison extrême : Maman ne veut pas se marier avec lui. Alors là s’en est trop pour Lapinou : Fâché, blessé dans son amour, il prend une grande décision : adieu Maman. Le récit est intense et transmet bien l’état d’esprit de Lapinou. Les illustrations sont splendides, les expressions du visage de notre jeune héros suffisent à comprendre sa colère sourde et noire. Pourtant de nombreux détails ponctuent les petites attentions de la Maman, les biscuits sur la table pour patienter, le réveil qui synchronisent les quelques minutes d’attente de Lapinou. Ce jeune héros semble emporter par son complexe d’Œdipe, peut-être aussi que vivre seule avec sa maman est difficile pour ce jeune lapin. Dans tous les cas, moi, ce Lapinou me fait penser à un certain « Pinochet-Neron » que j’ai à la maison : pas vous ?
Pensée en herbe – J.Simon – 44 p.
Editions Passage Piéton
Un livre original de land art. Jeu d’échelle, point de vues surprenants sont offerts à notre regard. Un véritable dépaysement sur 18x21 cm, nous avons eu la sensation d’ouvrir une fenêtre sur le monde et sur la nature. Les quelques phrases qui ponctuent cet imagier artistique sont poétiques et pimentent la voyage. Ce livre contient des oeuvres de land art, des esquisses, de montages photographiques, des plans, …L’organisation est basée sur l’analogie. J’ai un peu retrouvé Tout un monde de K.Couprie et A.Louchard. Même le crédit photographique est original et poétique. Un ouvrage comme je les aime, inclassable, original que l’enfant réclame souvent !
Gustave Taloche, roi de la bagarre – 42 p.
Actes Sud junior – 7.80 €
Gustave Taloche aime la bagarre ! Mais la vraie bagarre avec ses interdits et ses lois. A 6 ans, la bagarre, c’est un art pour Gustave. Le problème, c’est que la maîtresse et les Mamans n’apprécient pas les combats. Rien, nada … même pas une petite béquille ou une frite minuscule sur les cuisses. Gustave et ses copains vont devoir être malins pour combattre en paix. Un très court roman pour encourager les premières lectures. Le récit est simple mais ne manque pas d’intérêt. En tant que parent, j’ai apprécié les solutions utilisées par Gustave pour dépenser son énergie sans se bagarrer. Je pense qu’il plaira plutôt aux garçons mais je pense que les filles trouveront des explications au comportement chamailleur des copains d’école ! Ce qui n’excuse rien, ni béquille, ni frite !
Mais que font ces bébés – B. Fontanel – 194 p.
Editions Palette - 18.32 €
Dans la série thématique, livres d’art et jeunesse : Mais que font ces bébés est mon coup de cœur, ma pépite, l’étoile à conserver. Cela tient peut être aux portes battantes de la maternité qui définitivement ne veulent pas se verrouiller ! Donc la vue d’un bébé me fait systématiquement monter le taux de LH au dessus de la norme ! A chaque double page, ce volumineux album carré offre sur la page de droite, une reproduction de tableau dont le héros est un enfant et sur la page de gauche, une exclamation imaginée de ce dernier. Les tableaux sont de toutes les époques, certains sont célèbres d’autres non. Organisé autour de chapitre du monde de l’enfance, cet album permet de découvrir l’évolution des méthodes de maternage. C’est un très bel album que vous pouvez offrir à une amie enceinte ou comme cadeau de naissance !
Génial, on popote avec Papa – N.Valmary / L.Mouton – 191 p.
Edition Minerva – 16 €
Bon déjà le Papa est canon ! Les recettes sont vraiment originales sans être saugrenues. Elles sont simples à réaliser en famille. Les photos familiales à table sont appétissantes et donnent envie de réaliser les recettes. Chaque recette comporte le niveau de difficulté, les ustensiles nécessaires, les ingrédients, les durées de cuisson et le nombre de portion. La recette est fractionnée en action à réaliser et une place est réservée pour inscrire le nom de l’enfant responsable. Dans certains livres de cuisine réservée aux enfants, les recettes sont basiques et demandent par contre des heures de modelage pour la décoration (des pommes de terre souris …). Ce livre est un vrai livre de recettes familiales sans chichi mais avec des recettes savoureuses et réalisables dans la bonne humeur. A la fin du livre, des pages sont vierges afin que chaque famille inscrive ses recettes : bonne idée !
Cahier pour apprendre à colorier autrement – P.Estellon – 22 p.
Edition Les Grandes Personnes – 12.80 €
Alors ouvrage king size ! Attention plus de 40 cm de hauteur, artiste en herbe à vos crayons feutres. Cet album propose du coloriage haut de gamme. Je ne pensais pas que le coloriage pouvait offrir tant de fantaisie, tant d’inventivité. J’ai été bluffée par l’originalité. A chaque double page, l’auteur propose une technique de coloriage sur la page de gauche (avec des lignes, des lettres, des points …) et l’enfant crée un coloriage personnel sur la page de droite. On a complètement dépassé les albums de reproduction d’un modèle à l’identique. Dans ce magnifique cahier, on s’affranchit complètement de la notion de débordement. Qu’importe de déborder, il faut juste crayonner, inventer et prendre plaisir. J’avoue que cet album trône dans la cuisine et je l’utilise comme un tableau ! Je n’ai pas de très bons souvenirs des cours de dessin de mon enfance, la vérité : j’ai vécu de véritables frustrations artistiques. Je ressemblais plutôt à Bengué. Je pense que cet album est un bel exemple de ce que je souhaite offrir à mes enfants, de la créativité et du plaisir. D’ailleurs feuilleter cet album permet aux enfants d’exercer leurs doigts, certes, mais leurs yeux aussi, on retrouve des invitations à découvrir des peintres célèbres et ça c’est chouette aussi !
Les oiseaux – G.Zullo / Albertine – 67 p.
La Joie de Lire – 13.50 €
Conseillé par Lacopacham, j’ai acheté cet album et j’avoue que je me suis régalée. Hum ! Quel plaisir. Tout d’abord, plaisir des yeux : les grands aplats de couleurs, les illustrations vives et gaies, les points de vue saisissants, les effets de travelling très réussis. On ressent le travail et la délicatesse du travail de l’illustratrice. Le récit est aussi une aventure de lecture d’images et les enfants sont très sensibles à cette lecture. Si le récit graphique est très réussi, le récit textuel ne l’est pas moins. L’histoire est magnifique, elle aussi très délicate, elle se situe sur plusieurs registres : le conte animalier, la fable philosophique et le récit mythologique. On referme cet album, le sourire aux lèvres et une envie irrépressible de lire et relire pour se délecter de chaque phrase et de chaque mot car « un seul de ces petits détails suffit à changer le monde ».
Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill – 122 p.
Editions Galimard – 14.45 €
Prix Tam-Tam BD / Prix Essentiels Angoulême
Il semble avoir beaucoup de chance Jean d’avoir une Maman qui aime voyager, l’Espagne, la Suisse, l’Amérique … Mais Jean est malheureux car sa Maman voyage toujours seule et elle enchaîne les destinations. D’ailleurs Jean ne se souvient pas vraiment du visage de sa mère. Maintenant en CP, il comprend que cette situation est un peu étrange. Heureusement, sa Maman lui écrit souvent mais elle préfère envoyer les cartes postales chez les voisins de Jean et c’est Michèle, sa petite voisine qui lui lit. De nombreuses questions l’assaillent, ces questions tournent dans sa tête et malgré l’aide fortuite d’un psychologue, Jean est inquiet. Michèle, en amie-ennemie, l’aidera à connaître la vérité. Cet ouvrage est une belle bande dessinée : vraie réussite graphique, scénario original, récit drôle et émouvant à la fois. J’ai été touchée par cette histoire, le héros Jean est très attachant.
A lire dès qu’on ne croit plus au Père Noël !
Extrait du Film d’animation
N'allez jamais à la bibliothèque pour plaire à la fille dont vous êtes amoureux – H.Ben Kemoun – 72 p.
Pocket – 5.41 p.
Hugo, 10 ans, est amoureux de Garance. Hugo est un garçon remuant qui aime jouer au foot, dire des gros mots et rigoler avec ses amis. Garance est réservée, bon élève et lectrice. Tout les oppose et pourtant le petit cœur d’Hugo bat la chamade dès qu’il approche Garance. Cette dernière est bien consciente de son pouvoir sur notre jeune héros. En échange d’un rendez-vous, cette dernière demande un tout petit service : Hugo doit entrer dans la bibliothèque municipale et emprunter un livre qu’elle attend. Vous me direz que ce petit garçon est bien malin car rien n’est plus simple que d’emprunter un livre à la «biloutec». Mais Garance l’informe au dernier moment que le lieu est exceptionnellement fermé et qu’Hugo doit s’introduire par effraction en utilisant une fenêtre mal fermée. Transi d’amour, Hugo n’hésite pas et escalade le mur. Une fois dans les murs, il ressent une étrange impression : il se sent surveillé et une atmosphère moite lui scie les jambes …A moins que ce soit cet anaconda cauchemardesque qui lui emprisonne les gambettes ! Hugo va cavaler, s’enfuir, combattre et philosopher dans ce court roman de 72 pages qui envoûtera vos enfants !
Roi sans terre – M.S Roger / S.Perdrix – 30 p.
Casterman - 13.25 €
Tout est dans le titre de ce magnifique album : un roi sans terre ! On ne sait pas pourquoi ce Roi n’a pas de terre, ni de peuple à gouverner. Depuis l’enfance, ce Roi voyage à travers des vallées verdoyantes, des déserts inconnus, des villages étranges, il recherche sa Terre, son domaine et il sait qu’il le reconnaîtra. Comme un roi, il porte une couronne et un manteau long. Ce manteau enchanté témoigne de son si long voyage : poussière, coquillage, arbuste, oiseaux colorés, sable : chaque terre traversée a laissé un souvenir sur ce manteau royal : c’est le trésor de ce roi particulier. Un jour, ce Roi sans terre et sans peur arrive dans la ville des collines, ville fantôme habitée par des ectoplasmes : que va-t-il pouvoir récolter dans son grand manteau magique ?
Cet album est très particulier : c’est un voyage en album inconnu. Le récit est très beau. Le style est à la hauteur des illustrations : à couper le souffle ! Cet album est une belle métaphore de la vie : les errances ne sont pas du temps perdu, les errances, les rencontres enrichissent et permettent de mieux se connaître : merci Platon !
Une sirène chez les hommes – K.Sakaï – 42 p.
Ecole des Loisirs – 13 €
Je suis bien consciente que les albums sont difficiles à proposer à ces âges : 6/9 ans. Les enfants n’ont plus envie de lire des albums car il faut le dire les albums « ça fait bébé » ! Pourtant certains albums sont vraiment pertinents à cet âge car la double lecture image/texte permet aux enfants d’être immergés dans l’histoire et en même temps de se libérer du texte pour comprendre l’histoire grâce au récit icono-textuel. J’ai lu ce livre à mon fils de Bientôt6ans et j’ai arrêté la lecture car je sentais qu’il était mal à l’aise. Effectivement, cet album est destiné à des enfants matures et prêt à suivre une jeune sirène dans un combat bien difficile. Comme une suite de la Petit Sirène d’Andersen, nous rencontrons une sirène qui ne supporte plus de vivre sous les flots. Enceinte, elle décide d’offrir à sa fille la chance de grandir parmi les hommes. Elle dépose son nouveau-né sur un rocher au pied d’un temple car «elle est sûre que les hommes lui donneraient tout l’amour dont elle a besoin». Recueillie par un couple de commerçants sans enfant, elle fait le bonheur de ce couple vieillissant malgré sa queue de sirène et sa mélancolie. Obligée de vivre dans le secret, notre jeune sirène est aussi une artiste. Elle décore les bougies vendues par ses parents adoptifs qui font fortune grâce à son talent. Les marins du monde entier viennent acheter les bougies décorées qui semblent porter bonheur lorsque ces dernières sont brûlées au temple. La présence de cette jeune créature fait des envieux et bientôt un marchand de cirque frappe à la porte …Pas besoin de vous dire que l’histoire est sombre mais complètement envoutante. Je l’ai relue plusieurs fois afin de profiter de sa richesse et de celle de l’écriture. Les illustrations de Komako Sakaï sont une fois de plus magnifiques et soulignent les émotions de la jeune héroïne la mélancolie, la tristesse et la détermination. L’auteur Mimei Ogawa aborde les thèmes de la superstition avec finesse et sème le trouble sans donner d’explications précises, c’est à nous lecteurs de tout âge d’imaginer les liens invisibles et peut-être magiques de ce conte.
L’île du temps perdu – S.Gandolfi – 272 p.
Edition du Seuil – 11.50 €
Mon fils a lu ce roman à 9 ans. Il avait énormément aimé ce livre mais une fois rendu à la bibliothèque, impossible de se souvenir du titre et de l’auteur. Depuis, j’ai plusieurs fois essayé de décrire l’horrible couverture (elle est horrible non?) aux bibliothécaires et aux libraires … Personne ne voyait de quel livre je parlais. Il y a peu de temps, je suis tombée dessus par hasard et j’étais heureuse de découvrir un des livres phares de mon bibliophage ! J’avoue que ce coup de cœur est un hommage à ce Grand-Grand fils car même si j’ai beaucoup apprécié l’histoire, elle m’a réellement terrorisée. Lors de la visite d’une mine, Giulia et Arianna perdent leur classe de vue. Elles se perdent dans les méandres des galeries. Aspirées par une force inconnue, elles se retrouvent sur une île volcanique au sable noir. Après quelques heures et quelques frayeurs, elles sont acceptées au sein d’un groupe d’enfants. Leurs nouveaux amis leurs expliquent que tous les objets, personnes, animaux, adultes, idées, chagrins, bonheurs perdus sur terre se retrouvent sur cette île. Les enfants vivent entre eux en tribu, libres de contraintes. Les adultes se regroupent en micro-société. Le bonheur semble intense et très peu de perdus souhaitent sauter dans la crevasse «magique» pour retourner dans le monde «normal». Mais bientôt sonne le rassemblement des habitants de l’île car des évènements graves s’annoncent … Des fumées brunes se multiplient au sein de l’île. Ses fumées sont issues des idées noires, du stress, de la morosité crées sur terre. Nocives, elles empoisonnent les habitants. Une fois ses vapeurs respirées, les habitants se transforment en cannibales et la faim est insatiable pour ses mutants…Le rassemblement permet aux enfants de comprendre qu’il est nécessaire que certains se sacrifient pour sauver l’île : il faut retourner sur terre pour diffuser de l’oisiveté, de la paresse, du temps perdu. Qui va devoir retourner sur terre ?
Ce roman est original et permet d’appréhender un monde imaginaire très riche. J’ai beaucoup apprécié les clins d’œil culturels de certains objets sur l’île. J’ai lu cette histoire avec intérêt en suivant des pistes déjà connues Sa Majesté des mouches, Deux ans de vacances … Néanmoins le passage sur les cannibales est vraiment terrorisant et je conseille donc ce livre aux enfants de 10 ans et plus !
Le Passeur – L.Lowry – 221 p.
Ecole des Loisirs – 8.75€
Imaginez un monde sans guerre, un monde sans maladie, un monde sans mort, un monde sans divorce, sans haine et sans argent. Quel monde béni ! Pour le bonheur de tous, la vie est réglée, calée sur un règlement strict suivi par tous. La population semble heureuse même si le libre arbitre est banni. Le Conseil est une assemblée qui décide et surveille toute la population. Ce conseil décide des mariages, des naissances, des cérémonies, des repas, des lectures … Ca fait froid dans le dos ! N’est ce pas ? Tous les individus sont surveillés et les récalcitrants sont élargis. Voilà le monde de Jonas. Notre héros est un enfant de 11 ans, heureux comme tous les habitants de ce monde. Il va à l’école, il joue avec ses amis, il discute avec ses parents mais il se pose des questions …Dans quelques jours, il va fêter ses douze ans et comme le veut la coutume, il recevra son attribution pour la vie. Le Conseil lui désignera son métier et sa vocation. Tout ses amis ont développé des compétences dans des domaines particuliers (soins aux enfants, capacités techniques …) Jonas est intéressé par tous les métiers mais lui-même ne sait pas ce qu’il veut faire, comment le Conseil peut-il alors déterminer sa vocation ? Et puis pourquoi à certains moments sa vue se trouble-t-elle au point d’apercevoir quelque chose d’indéfinissable ? Le monde de Jonas pourrait être un de nos futurs. Le récit est extrêmement bien maîtrisé, la tension et l’angoisse montent au fur et à mesure de la lecture. En suivant les aventures de Jonas, on découvre ce monde idéal sous un autre jour. On cogite, on s’émeut, on galope et on finit aux premières heures du jour à se demander s’il y a un tome 2 …Mon fils de 11 ans a aussi lu ce roman et nous avons énormément discuté sur les enjeux et les limites du monde décrit dans ce livre : questions philosophiques, politiques, problèmes familiaux et éthiques …Gros coup de cœur.
Après quelques recherches : Messager est une suite possible du Passeur !
Le royaume de Kensuké – M.Morpurgo – 155 p.
Gallimard – 7.50 €
Les parents de Mickaël vont enfin réaliser leur rêve : faire le tour du monde en voilier. Après avoir vendu leurs derniers effets, Mickaël, ses parents et la chienne Stella montent à bord de leur voilier le Peggy Sue et hissent les voiles afin de parcourir le monde. Après quelques semaines de navigation, une tempête fait chavirer Mickaël et sa chienne par-dessus bord. Heureusement que ce dernier réussit à s’échouer sur une île et à retrouver sa chienne. Se retrouver isolé à 11 ans avec son chien sur une île n’est pas une aventure facile surtout si certains indices montrent que Mickaël n’est peut-être pas seul … Effectivement, chaque matin, Stella et lui trouvent deux bols d’eau pure et la nourriture près de leur grotte-cabane. Même si un orang-outan essaie de communiquer avec lui, Mickaël se doute bien que quelqu’un vit sur cette île. Ami ou ennemi : en tout cas, ce mystérieux compagnon ne semble pas pressé de le rencontrer. Une belle robinsonnade comme je les aime. Un brin d’angoisse (un peu à la Lost), beaucoup d’aventure et une histoire d’amitié émouvante. M.Morpugo est un grand écrivain jeunesse, j’apprécie son style ciselé et tonique. Les illustrations couleurs de François Place sont comme d’habitude exceptionnelles et suggèrent plus qu’elles ne montrent. Je pense que ce roman peut convenir à des enfants dès 9 ans mais il plaira aussi à des jeunes gens plus grands. Il s’accommode merveilleusement avec le bruit de la mer et le goût du sable en bouche. Si ce roman donne des envies de lecture du même genre, n’hésitez pas à leurs proposer Vendredi ou la Vie sauvage - M.Tournier, Sa Majesté des clones - JP Hubert, Sa Majesté des mouches – W.Golding, Deux ans de vacances, l’île mystérieuse - J.Verne… Prisonniers du paradis - A.Paasilinna pour les lycéens. Les robinsonnades sont nombreuses et sont souvent un genre apprécié des enfants.
読み取り
Prince des nuages – C.Galfard – 322 p.
Pocket jeunesse – 7.22 €
C’est sûrement parce que le tome 2 va bientôt être en vente que ce roman est ressorti des cartons des libraires … Une fois de plus, c’est la couverture que m’a interpellée ! Mon deuxième fils a souvent cet air perdu et la mèche rebelle ! En prenant l’ouvrage dans mes mains, j’aperçois le sticker Best seller, mouais…Je me méfie toujours des stickers, bandeaux, nombre de tirages, prix reçus … Sauf que parfois, je tombe sur des trésors comme Uglies – S.westerfeld. Je feuillette et je m’aperçois que ce roman n’est pas vraiment un roman … enfin, ce roman n’est pas qu’un roman car il contient un cahier central et des encadrés scientifiques sur l’astronomie et l’astrophysique. Vous comprenez que je ne pouvais pas en rester là ! Roman acheté, commencé et lu en une soirée. Cet ouvrage est un roman dystopique (si, je vous jure !) comme de nombreux romans jeunesse en ce moment. La dystopie « s’oppose à l’utopie : il met en avant une société imaginaire basée sur les craintes humaines. Les romans appartenant à ce genre sont souvent des anticipations mettant en exergue des événements apportant le malheur suite à un projet politique précis. Ils anticipent les dérives de la société et en exposent les conséquences : mondes apocalyptiques généralement dominés par des régimes totalitaires. L’ambition des auteurs (essentiellement américains) est de nous mettre en garde contre l’égoïsme et l’inconscience des hommes : quelles conséquences pourraient avoir les catastrophes écologiques, la chute des démocraties, la corruption ? Aujourd’hui le genre de la dystopie semble avoir conquis une part importante du marché éditorial destiné aux adolescents et aux jeunes adultes.» tiré du site Le MondedesLivres : http://mondedulivre.hypotheses.org/337. Dans un futur post apocalyptique, la Terre n’est plus vivable et les hommes vivent sur des îles-nuages construites à partir d’une technologie évoluée. Sur l’une de ces îles-nuages, Tristam Drake est un jeune garçon un peu particulier et surtout de l’avis unanime de ses professeurs, l’élève le plus mauvais de tous les temps. Tout les habitants s’accordent à dire que Tristam est différent car sa mère est la seule représentant du peuple du Tyran, qui a détrôné le Roi des nuages du Nord. Cette femme Kaede Drake vit à l’écart du bourg. Le comportement étrange de son fils encourage les villageois dans leurs sarcasmes. Ce petit village vit caché des autres civilisations car les habitants abritent et veillent sur Myrtille, la fille du roi des Nuages du Nord. Tristam et son meilleur ami Tom sont très proches et explorent chaque cm2 de leur île-nuage. Lors d’une de leurs expéditions, ils découvrent le Dossier des élèves. Chaque enfant est fiché : talent, don particulier, compétences, niveau scolaire et poste potentiel. Tom est ravi de connaître sa future affectation : direction des opérations spéciales, la fiche concernant Tristam est désespérante. Mais Tom et Tristam n’ont pas le temps de faire des projets d’avenir car ils découvrent que leur village est en feu et pris d’assaut par les soldats du Tyran…Ce roman est captivant. L’histoire est simple et plaira aux plus jeunes dès 8 ans. Les personnages sont attachants et chacun joue son rôle. Les grands thèmes de la quête, l’enfant élu, le combat contre le pouvoir tyrannique sont présents et fascineront les enfants. Les illustrations de V.Dutrait (il porte bien son nom, je trouve !) sont vraiment plaisantes et pimentent l’imagination. Les encadrés scientifiques et le cahier central sont intéressants et pédagogiques, j’avoue que je ne les ai pas tous lus ! Ce roman-documentaire est innovant et je pense que ce genre d’ouvrage peut permettre à certains élèves de passer le cap de la lecture fictionnelle. Je trouve que ce roman est ambitieux et prend le pari de l’enfant curieux, vif et insatiable. L’auteur, Christophe Galfard, spécialiste des trous noirs et de l'origine de l'Univers, est un des rares étudiants à obtenir un doctorat en physique théorique sous la direction du célèbre astrophysicien Stephen Hawking : quand même et en plus il est bel homme : si regardez :
http://www.dailymotion.com/video/x9ev0r_christophe-galfard-le-prince-des-nu_creation
Le Prince des nuages, tome 2 : le Royaume des aurores devrait bientôt être disponible !
L’indien de la Tour Eiffel – F.Bernard / F.Roca – 33 p.
Editions Le Seuil – 17.50 €
Je suis toujours attirée par les albums XXL que ce soit par leurs poids ou par leurs tailles. Celui a suscité mon intérêt par sa hauteur 39 cm ! Effectivement quand l’histoire se situe au pied de la tour Eiffel en construction en 1889, l’album se doit d’être à la hauteur. Le récit est une histoire d’amour. La force de cet amour entre Billy Powona et Alice la Garenne, va créer des jalousies féroces et des haines meurtrières. C’est d’ailleurs, la mort qui nous tient la main pour commencer l’histoire. Le 5 avril 1889, 4 corps sont retrouvés au cœur de Paris. Les différents meurtres sont liés mais qui est le coupable ? Certainement ce Billy Powona, Indien, immigré de New York, mystérieux, sombre et balafré. Et voir cet étranger au bras d’une des plus belle voix de Paris ! C’en est trop, Paris est en ébullition : aux premières heures du Moulin rouge et aux dernières poutrelles posées de la Tour Eiffel, les esprits s’échauffent. J’ai beaucoup aimé cet album pour grands, pour «enfultes». Le récit est grave, la tension monte à chaque page et Billy devient un héros maudit. Sa transformation est poignante et son retour à ses origines et à ses rites face à la mort m’a noué la gorge. Les illustrations pleine page sont très réussies avec de nombreux clins d’œil d’époque. Le style est entraînant et les jeunes lecteurs seront sensibles à cette impression de vitesse, de rapidité. Les thèmes de l’amour infini, du héros mystérieux, des combats, du sang, du racisme, d’un Paris en devenir, l’échappée finale à la King Kong, la Bête et la Belle, tout est réuni pour les captiver et les entraîner dans les bas-fonds de Paris à l’aube du XXe siècle.
Parle leur de bataille, de rois et d’éléphant – 151 p.
Actes Sud – 16.44 €
En vrai, je me méfie des Prix Goncourt des lycéens, c’est dommage pour une documentaliste en lycée ! Je trouve que ce prix décerne des auteurs dont les romans sont souvent très bien écrits mais leurs lectures demandent d’être déjà un lecteur accompli. Il est rare de trouver des élèves de 15 ans qui apprécient des romans pointus, au thème irrémédiablement dramatique. Vous me direz, quelle démago la Marje ! Eh bien justement dans tous les prix Goncourt des lycéens, j’ai trouvé que Parle-leur de bataille, de rois et d’éléphants sortait un peu du lot. Déjà il ne « pèse » que 151 pages, je sais que les élèves petits-lecteurs apprécieront l’attention. Le thème est plutôt accrocheur : l’expédition de Michel-Ange à Constantinople en 1506. Le style est fluide, compréhensible et imagé. L’histoire est le pari de Michel Ange et du Sultan de Constantinople de construire un pont pour traverser la Corne d’Or. « Ce pont doit unir deux forteresses, c’est un pont royal, un pont qui, de deux rives...que tout oppose, fabriquera une ville immense(…) Un pont militaire, un pont commercial, un pont religieux, un pont politique, un morceau d’humanité ». Ce roman est un voyage historique, culturel et artistique. A travers les carnets de Michel Ange, son histoire et sa personnalité sont dévoilées par l’écriture très agréable de l’auteur. Bien que le héros ne soit pas très sympathique, les jeunes gens sont sensibles à ses questionnements, ses doutes et ses aspirations. Les références artistiques sont nombreuses et mettent les lecteurs en éveil. N’hésitez pas à l’emprunter, voler, faucher à vos enfants, vous ne serez pas déçues !
Ados & Déco – J.Wilson – 153 p.
Aubanel – 16.35 €
J’ai hésité avant de vous proposer ce livre. Cet ouvrage, c’est du rêve en barre ! Seulement voilà je pense que peu de parents peuvent offrir ce genre d’intérieurs à leurs enfants. Néanmoins, on peut piocher quelques idées de cohabitation, de décoration et de création familiale. J’ai vraiment apprécié les rubriques «pourquoi ne pas …» et «sujets brûlants». L’organisation de ce documentaire est pertinent avec boudoirs pour filles, espaces partagés, salles de jeux, greniers et sous-sols …Les intérieurs présentés sont de vrais lieux de vie, l’auteur souhaite prouver que les parents et les adolescents peuvent apprécier le design et cohabiter de façon agréable. Je rêve d’offrir un dixième de cette décoration et de ce design à mes enfants. Je vous l’ai dit ce livre, c’est du rêve ! Je pense que les adolescents qui s’intéressent à l’architecture et à la décoration seront sous le charme.
L’élégance des veuves – A.Ferney – 212 p.
Editions J’ai Lu – 3.85 €
«Plus tard elle sera l’épouse dans l’harmonie de cet homme. Et la mère dans la douceur d’un très jeune enfant». Cette phrase est la dernière du roman, écrite comme une douce litanie, comme le récit d’un cycle irréversible et prévisible. L’Elégance des veuves est un roman qui raconte les métamorphoses de la femme depuis toujours et à jamais. J’apprécie beaucoup le style d’Alice Ferney et je recommande souvent ce roman à mes élèves. Je trouve que ce roman est un pont vers les classiques. L’histoire se déroule au début du XXe siècle, nous suivons des femmes, leurs mères, leurs filles, leurs amies autour de leurs berceaux et de leurs tombeaux. C’est un roman en dehors du temps. Chaque mot est brodé, l’histoire est tricotée doucement année après année. Hum, un beau roman de femmes à partager.
OUVRAGES POUR LES GRANDES ET LES ENFANTS SAGES
Une cuisine qui sent bon les soupes du monde – A.Serres / A.Fronty – 64 p.
Editions Rude du Monde – 22.50 €
Il n’y a que Rue du Monde pour proposer un livre de cuisine qui soit aussi un album ! Incroyable mais ce livre est vraiment un livre de cuisine : vous pourrez consulter et mijoter des soupes du monde entier : un velouté de poivron au quinoa, une soupe coco et poisson cru, un bouillon de bœuf au chou. Les recettes sont simples et semblent savoureuses. Chaque double page présente deux recettes d’un pays ou d’une région, un conte de cette région, un bonus documentaire et une superbe illustration de Nathalie Novi ! Autant vous dire qu’il trouvera sa place au sein de toutes les cuisines et incitera les plus récalcitrants à redécouvrir le plaisir de la soupe.
Quand les animaux rêvent … S.Lesne / F.Roché – 27 p.
Le Bout du Monde Editions
Ouvrir cet album, c’est partir en voyage au pays des rêves les plus fous, les plus originaux. Les animaux sont malheureux et fantasment sur une vie meilleure, un ailleurs plus heureux, un soi plus beau : je pense que vous saisissez le parallèle. Oubliez tout ce que vous savez sur les animaux et laissez vous inviter au Carnaval de Venise, empruntez les ponts, entouré par Dame Ibis déguisée en marquise et par l’abeille parée comme une lionne. Les illustrations sont splendides et très originales. Un album à offrir à sa meilleure amie !
Kimiko et le botaniste – H.Ise – 58 p.
Edition Seuil Jeunesse – 14.80 €
Cet album pourrait devenir le catalogue d’exposition du Jardin des plantes de Paris. L’auteur Hideko Ise est passionné par ce parc. Son meilleur ami, Georges Métailié, ethnobotaniste, lui a prodigué de nombreux conseils. Leur amitié a permis à ce très bel album de paraître. En le lisant, nous faisons la connaissance de Kimiko, jeune Japonaise de passage à Paris. Nous ne savons rien de sa vie en dehors de sa passion de la flore et du dessin. Traquée par les jardiniers pour son irrespect du règlement, elle est traînée devant le botaniste en chef. Ce dernier apprivoise Kimiko et lui apprend les secrets et les grands principes d’équilibre des fleurs et des arbres. Une véritable amitié va naître entre eux. Malgré le départ de Kimiko, les liens créés feront naitre de petites graines d’espoir un peu partout dans et hors du Jardin des Plantes. Rythmé par les saisons, cet album est un ensemble de magnifiques aquarelles. Le format 25x18 : à l’italienne permet de découvrir de magnifiques paysages mais aussi des petits recoins du Jardin des Plantes. Les points de vue changent et la manipulation de l’album devient un jeu. L’histoire est originale et interroge les enfants sur le monde délicat et mystérieux du monde végétal.
ILS SONT EN COURS DE LECTURE
Dear Georges Cloney, tu veux pas épouser ma mère – Susin Nielsen - Hélium
Boucle d’or et les trois ours- Olivier Douzou – Le Rouergue
Galymède, fée blanche, ombre de thym – Maëlle Fierpied
6000 nuits – André Borbe – Editions Naïve
La chronique à télécharger c'est ici