Samedi c'était notre désormais traditionnelle brocante de la rentrée. Signe de la crise sans doute, il y avait encore plus de stands que l'année dernière et beaucoup moins d'acheteurs. Ne participant pas vraiment dans l'intention de faire fortune mais plutôt de libérer un peu de place dans nos placards, le fait de n'avoir récolté que de quoi payer notre soirée au cinéma le soir même - baby sitter compris quand même - m'a entièrement suffi. Au final, Zaz et moi avons surtout distribué à qui les voulait les habits trop petits de nos grumeaux, le coeur un peu serré parfois de nous défaire de ce qui leur allait encore hier. Faute de Merveilleux - Carson, where were you ? - On s'est consolées à coup de cheesecake made by Zaz et officiellement intronisé comme étant THE BEST FUCKING CHEESECAKE EVER.
Le mérite revient à la cuisinière bien sûr, mais aussi, rendons à César ce qui appartient à César, à Nanie, dont la recette est tout simplement génialissime. Je peux d'autant plus le certifier que j'ai immédiatement tenté de reproduire le miracle le lendemain (pardon my personnalité), non sans avoir envoyé le churros rafler une bonne dizaine de boites de Philadelphia au Franprix du coin. C'est que la bête est dense: 900 grammes de fromage frais. Mais pas de crème, ce qui en fait donc un gâteau plutôt léger. (je déconne).
Bref, si ma tentative était un poil moins orgasmique que celle de Zaz, c'est uniquement parce que mon plat était un peu trop grand pour obtenir un gâteau de deux mètres de haut. Mais la texture et le goût, madre mios...
Bravo, donc, à Nanie, qui vient de mettre fin à l'une de mes quêtes désespérées, à savoir celle du cheesecake parfait. Il ne reste donc plus qu'à trouver la part de flan idéale et je pourrai enfin me mettre à la lecture du Temps perdu (je ne peux pas tout faire).
A part ça, samedi soir nous sommes donc allés au cinéma. Voir "Camille redouble". Après "Du vent dans mes mollets", encore un film qui se déroule dans les années 80, même si c'est, avec la présence de Denis Podalydès au générique, le seul point commun.
Un vrai bijou que cette comédie qui n'en est pas tellement une finalement, réalisée et jouée par la génialissime Noémie Lvovski. Récemment, un article du Elle soulignait combien cette actrice illuminait, voire sauvait toutes les oeuvres dans lesquelles elle apparaissait. J'avais trouvé ça extrêmement juste. C'est fou le charisme de cette femme et c'est fou aussi sa capacité à s'effacer derrière ses personnages. Elle parvient à rendre le moindre second voire troisième rôle plus important que tous les autres, sans pour autant vampiriser le reste des acteurs.
Là, elle est au centre du film et on savoure sa présence à tous les plans, comme celle également de Judith Chemla, actrice envoutante que l'on peut aussi voir actuellement dans Engrenages. Je pressens qu'on n'a pas fini d'entendre parler d'elle non plus.
Le pitch de "Camille redouble" est à la fois simple et complètement improbable. Après une cuite monumentale et alors que sa vie part en couilles, Camille, 40 ans, actrice courant le cachet et récemment plaquée par son mari, est catapultée 25 ans en arrière. L'occasion peut-être de donner un tour différent à sa vie, en évitant de commettre les erreurs, qui l'ont, pense-t-elle, fait courrir à sa perte.
Qui n'a pas rêvé de pouvoir faire le chemin à l'envers, de revivre cette période trouble mais excitante de ses quinze ans, tout en sachant tout ce qu'on ignorait alors ? C'est la grande force de ce film, qui répond je crois à un fantasme partagé par nombre d'entre nous. J'avais peur que ce soit bizarre, qu'on n'y croie pas (Noémie Lvovsky joue elle même Camille à 15 ans) mais en réalité, je ne sais par quelle magie, il n'y a pas un seul instant où l'on se dit que ça sonne faux. Bien sûr, j'ai reconnu le walkman jaune "sport" dont je rêvais gamine, bien sûr la bande son est omniprésente et parlera d'autant plus aux natifs des années 70. Mais je pense que "Camille redouble" en réalité parle à tout le monde, tant il touche à cette quête universelle: "Et si j'avais pris une autre décision, que se serait-il passé ?".
Je ne veux pas vous dévoiler tout le film, mais j'en ai aimé la - non - morale de l'histoire, le fait qu'en réalité nos erreurs n'en sont jamais vraiment et que la douleur que l'on voudrait s'épargner est celle là même qui nous construit.
En réalité, il y a un autre point commun entre "Du vent dans mes mollets" et "Camille redouble". Dans ces deux films on entend la grande et merveilleuse Barbara. Et à chaque fois c'est une joie mais aussi une souffrance.
Allez-y, vraiment, c'est drôle, c'est fin, c'est brillant, c'est un film pour réfléchir, pour pleurer un peu et pour se souvenir de notre premier baiser.
Je vous laisse avec quelques photos prises durant la brocante puis sur les quais avant le ciné, l'occasion de sacrifier au rituel du Mojito et d'arriver donc à moitié beurré devant l'écran (mais finalement c'était une façon d'être sur le même tempo que l'héroïne du film).
Edit: Alors que j'avais fini d'écrire ce billet j'ai lu celui de Violette qui parle de la même chose, mais différement. On n'est pas potes pour rien, faut croire...